Dernier volet de la confrontation des programmes des deux candidats à la présidentielle. Chômage, Europe et immobilier : leurs mesures.
Le chômage
En mars, la France a connu son onzième mois consécutif de hausse du chômage. Selon l’Insee, il atteindra 9,7% de la population active au deuxième trimestre 2012.
François Hollande
Dans ce domaine, le candidat socialiste souhaite créer 150 000 emplois d’avenir d’ici fin 2013. La majorité sera réservée aux jeunes des quartiers populaires défavorisés. Ce sont dans ces zones que le chômage sévit le plus, avec parfois plus de 40% de taux de chômage chez les jeunes. Ces emplois seront créés dans des secteurs porteurs d’avenir comme le diagnostic énergétique, ou dans des secteurs très pourvoyeurs d’emploi comme le service à la personne.
Outre cette réforme, critiquée par les économistes qui la jugent inefficace dans le long terme pour lutter durablement contre le chômage, François Hollande propose le contrat génération. Le principe consiste à embaucher un jeune en CDI, accompagné d’un tuteur qui sera un salarié senior qui pourra ainsi conserver son emploi jusqu’à la retraite. 500 000 contrats de ce type seront créés. Pour inciter les entreprises à utiliser ces contrats, une aide financière leur sera versée pendant tout la durée du contrat. Pour financer cette réforme, le PS prévoit de mettre fin aux exonérations dont bénéficient les heures supplémentaires et de réserver les exonérations de charges patronales sur les bas salaires aux entreprises de moins de 50 salariés.
Nicolas Sarkozy
Nicolas Sarkozy avait proposé une exonération des charges sociales pour l’embauche de chômeurs de 55 ans ou plus qui obtiennent un CDI ou un CDD de plus de six mois. Mais comme l’a indiqué François Hollande, cette mesure existait déjà. Elle a même été votée en même temps que la réforme des retraites. Du coup, il y aura aussi une exonération des charges patronales. La réforme des retraites prévoyait non seulement l’allongement de la durée de cotisation,mais financée par une hausse du taux d’emploi des 55-64 ans, particulièrement bas en France. Aujourd’hui, 42% des plus de 55 ans ont un travail contre 70% dans les pays nordiques. Ce chiffre n’a que trop peu progressé par rapport à 2007 (38,5%). Cette réforme aura de toute manière un impact bien trop faible selon les spécialistes. Cette catégorie de salariés est toujours considérée comme un fardeau, moins polyvalente et plus dure à intégrer à une équipe de jeunes et elle reste très fébrile face aux plans de restructuration. En plus, cette réforme vise les plus de 55 ans alors que sont les 50-55 ans qui sont le plus touchés par le chômage.
Le candidat de l’UMP a d’autres créneaux : il veut par exemple obliger les chômeurs de longue durée à suivre une formation, en rapport ou non avec leur qualification. Ils seraient ensuite contraints d’accepter la première offre d’emploi proposée. Nicolas Sarkozy a déjà prévenu qu’il organiserait un référendum si les partenaires sociaux s’opposaient à cette mesure.
La réponse au chômage c’est avant tout la croissance. L’histoire française a montré que c’est à partir de 1,5% de croissance que les destructions d’emplois cessent. Et c’est à partir de 2% qu’il y a création d’emploi.
L’Europe
François Hollande
Il veut renégocier le pacte européen de stabilité et ne pas inscrire la règle d’or dans la constitution. S’il est d’accord avec des règles budgétaires strictes pour revenir à l’équilibre, il veut inscrire un chapitre croissance à ce pacte pour en faire un pacte de croissance. Et le président de la BCE l’a rejoint la semaine dernière, au moins sur l’idée. François Hollande plaide pour la création d’euro-obligations pour financer les projets industriels d’envergure, notamment dans le domaine de l’énergie. A la base, rappelons qu’une euro-obligation est une obligation émise dans une autre monnaie que l’établissement émetteur. Par exemple, une obligation libellée en dollar par une banque anglaise. Dans l’actualité, on part d’euro-obligation comme le projet d’émissions d’obligations de dette souveraine par l’ensemble des pays de la zone euro, dans le but de mutualiser les dettes et donc les risques, et pour éviter la spéculation sur les dettes des pays en difficulté. Concrètement, cela permettrait aux pays qui empruntent cher sur les marchés à emprunter à un taux plus abordable. Mais évidemment, les pays qui empruntent à des conditions excellents, comme l’Allemagne, sont opposés à cette idée. Hollande le rappelle : il ne veut pas que ces euro-obligations servent à payer les dettes mais servent plutôt à financer des projets d’avenir.
Nicolas Sarkozy
Il veut garder la même ligne de conduite et poursuivre dans la voie qu’il a engagée avec l’Allemagne depuis 5 ans.
L’immobilier
François Hollande
Il veut doubler le plafond du livret A et utiliser les encours pour favoriser la construction de HLM. Il veut également céder les terrains de l’Etat et souhaite encadrer les loyers.
Nicolas Sarkozy
Longtemps critique envers cette réforme, le candidat de l’UMP s’est finalement rangé du côté du socialiste et souhaite aussi encadrer les loyers. Il propose aussi d’augmenter de 30% le coefficient d’occupation des sols. Autrement dit, on pourra construire plus haut. Il prévoit également de diviser par deux les frais de notaires (droits de mutation) pour fluidifier le marché.