Le patron d’EDF Henri Proglio s’est vivement emporté mercredi à l’Assemblée nationale contre le "pillage" d’EDF, lors d’une audition sur la revente par l’électricien public d’une partie de sa production nucléaire à ses concurrents privés.
"Le nucléaire français n’est pas aujourd’hui en soldes. Je ne suis pas là pour brader le patrimoine national, je ne suis pas là pour accepter le pillage du patrimoine national", s’est énervé le PDG d’EDF.
Dans le cadre de la loi Nome de libéralisation des marchés de l’énergie, les députés reçoivent actuellement les principaux acteurs du secteur pour définir le prix auquel EDF devra revendre une partie de sa production nucléaire à ses concurrents privés.
L’occasion pour Henri Proglio de s’insurger contre les demandes répétées de GDF Suez notamment, qui souhaite un prix de revente fixé à 35 euros le mégawattheure.
"Si quelqu’un est capable de vendre 35 euros le mégawattheure de sa production nucléaire, j’achète ! Halte aux bêtises ! Halte aux contre-vérités ! Non aux stupidités", a poursuivi M. Proglio, visiblement ulcéré.
Sous la contrainte de l’Union européenne, la France a décidé d’attaquer le monopole électrique d’EDF et de libéraliser la vente d’électricité.
Une volonté de libéralisation supposée profiter aux consommateurs (même si les prix continuent d’augmenter), mais qu’EDF dénonce comme une volonté de "casser" le service public de l’électricité.
Gérard Mestrallet, le PDG de GDF Suez et chef de file de la fronde contre EDF, exige pour sa part un prix de revente de 35 euros, jugé "équitable".
Henri Proglio, qui plaide pour un prix de revente à hauteur de 42 euros, estime pour sa part qu’un prix trop bas va nuire aux investissements d’EDF et génerera sur le long terme un renchérissement du prix de l’électricité.
"Le coût complet du nucléaire existant est de 45 à 46 euros le MWh, y compris les investissements initiaux. Nous avons accepté de faire un effort à 42 euros à titre transitoire avant de rejoindre ensuite le prix d’équilibre", a-t-il poursuivi.
Selon les observateurs, les pouvoirs pubics devraient toutefois se mettre d’accord sur un montant intermédiaire, à hauteur de 38 euros.