Faire souffrir, et moins jouir, et durablement, telle est la principale « justification » des circoncisions masculines et féminines prônées par diverses religions (dont des chrétiennes, voire des catholiques). Une autre motivation entre en jeu : gagner des pépètes, du pognon, du flouze, du pèze, et faire marcher le commerce. Les médecins, au prétexte que cela peut rapporter rapidement, vont-ils se mettre à prôner la généralisation de la circoncision ? On peut se poser la question…

Deux faits liés aux mutilations et aux croyances religieuses ont retenu récemment mon attention. D’une part, un communiqué du Groupe pour l’abolition des mutilations sexuelles féminines, des mariages forcés et autres pratiques traditionnelles néfastes (GAMS). Il relayait un appel conjoint de l’Ancic (Association nationale des centres d’interruption de grossesse et de contraception), de la Cadac (Coordination des associations pour le droit à l’avortement et à la contraception), et du Planning familial.
À l’occasion du 36e anniversaire de la promulgation de la loi Veil et du dixième de la loi du 4 juillet 2001 sur l’IVG, ces mouvements et associations constatent, à la suite d’un rapport officiel publié le 2 février 2010 par l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), qui fait suite à un autre, encore plus préoccupant, portant sur l’application de la loi du 4 juillet 2001 dans les DOM, que l’esprit de ces lois est bafoué par les faits. Ce n’est pas un hasard. Très récemment, l’église catholique apostolique romaine s’est offusquée que, dans les pays européens, soient dispensés des cours d’instruction civique et d’éducation sexuelle ; par ailleurs, contraception et avortement ne sont pas des actes estimés suffisamment « rentables » par de nombreux praticiens du corps médical.

Aussi, l’Ancic, la Cadac, et le Planning familial veulent alerter le Premier ministre sur les « retards de prise en charge de l’avortement, les demandes abusives d’autorisation parentale pour les mineures, l’absence de choix pour les femmes de la méthode d’avortement et de contraception. ». Cela revient à pisser dans un violon : tout comme les ministres successifs de la Santé (l’affaire du Mediator est à cet égard fort significative), les premiers ministres sont, depuis quelques décennies, de très bons clients des groupes de pression religieux et médicaux, pour des raisons électoralistes, voire financières.

D’autre part, je constate que certains milieux islamophobes (parfois pro-israéliens aussi, mais à l’indignation sélective) et en fait anti-bicots, anti-crouillats, racistes et xénophobes (qu’importe pour eux, comme l’a montré récemment la majorité de la population tunisienne, européo-arabo-berbère, pour résumer, que l’islam insupporte nombre de gens estimés être de « cultures musulmanes »), s’emparent en France du phénomène de la prolifération des circoncisions rituelles assistées médicalement. Or ces milieux pointent un fait de société qui mérite débat ; mais cette « disputation » vaut d’être abordée tout autrement que de la manière dont ils la travestissent.

Punir et dominer les femmes, mais aussi les hommes, et les faire consommer « utilement » pour compenser, tel est l’objectif primordial des pouvoirs, qu’ils soient politiques ou religieux. Voiler les femmes, de châles, mantilles, burqas ou hijabs, voiles de premières communiantes, c’est faire marcher le commerce, et tant que les fabricants de protections solaires et de cosmétiques n’auront pas liquidé leurs participations dans l’industrie textile et soudoyé les divers pouvoirs religieux, le nudisme ne sera pas « mainstream ». Il faut, pour les religieux et les natalistes, aussi leur faire faire plus d’enfants qu’elles et ils ne peuvent en entretenir, mais attention, sans joie, uniquement par devoir, pour se conformer à la pression sociale. D’où parallèlement, la dissuasion de la contraception et les mutilations sexuelles, si possible douloureuses.

On ne sait trop pourquoi l’église catholique apostolique romaine n’a pas réussi à imposer infibulation et circoncision sur son aire d’expansion (elle s’en accommode fort bien en Afrique, là où cette coutume prédomine). Il y avait sans doute le souci de se concilier les pouvoirs temporels grecs et romains, opposés à la circoncision, et sans doute celui de ne pas s’aliéner les barbares. Dommage : les souffrances des enfants catholiques romains circoncis auraient pu leur faire un peu davantage gagner leur paradis ! Des églises catholiques concurrentes, moyen-orientales ou africaines, continuent de favoriser ces pratiques. Quant aux autres diverses églises chrétiennes, issues des réformes et des protestantismes, elles ont souvent réussi à faire en sorte que la circoncision passe pour une pratique hygiéniste. C’était particulièrement évident en Amérique du Nord.

Les pères des diverses églises (chrétiennes, mahométanes, judaïques…) et cultes des civilisations plus ou moins monothéistes (la Trinité chrétienne étant un ersatz de polythéisme) du bassin méditerranéen ont prôné la circoncision ; non d’emblée pour des raisons hygiénistes mais primordialement de répression de la sensualité. Les très remarquables ouvrages de Sami Awad Aldeeb Abu-Sahlieh, Circoncision : le complot du silence, et Circoncision masculine, circoncision féminine : débat religieux, médical… sont édifiants à cet égard (nombreux extraits en ligne, via Google Livres, chercher le mot-clef « douleur »). Philon d’Alexandrie (philosophe du premier siècle), Al-Jahidh (ou Al-Gahiz, un lettré abbasside du neuvième siècle), Maïmonide (un rabbin et médecin andalou du douzième), et d’autres auteurs, ont relevé que le dessein des religieux imposant la circoncision était soit de diminuer le plaisir sexuel des hommes, soit de faire en sorte qu’ils puissent satisfaire des épouses (si possible elle-aussi circoncises et donc moins avides de plaisirs sensuels) sans trop les porter à se montrer trop exigeantes à cet égard. C’est bien sûr réducteur, et ce résumé est légèrement caricatural, mais non point tendancieux ou fallacieux (reportez-vous aux textes). Ce n’est que vers les débuts des années 1970 que le mythe urbain d’une circoncision masculine améliorant la qualité des rapports sexuels (et diminuant le risque d’éjaculation précoce, entre autres) a été vraiment activé : politiques et religieux savent évaluer les rapports de force, les tendances sociétales dont il faut s’accommoder, au moins pendant un temps…

En fait, la circoncision ne s’impose, si possible avant l’adolescence, qu’en cas de phimosis, soit l’impossibilité de la rétraction du prépuce, ce qui rend les rapports sexuels douloureux. Ni les infections urinaires, ni les cancers du pénis, ni toute autre raison médicale alléguée (transmission des MST, par exemple), ne peut justifier la circoncision masculine systématique. Bien au contraire, les complications constatées l’emportent sur le seul avantage éventuel : prévenir un éventuel phimosis.

De plus, quel que soit l’âge, le nourrisson, l’enfant, et bien sûr l’adulte, souffrent atrocement si l’ablation du prépuce est faite sans anesthésie convenable. La douleur peut persister. Plus personne, dans le corps médical « neutre » (soit même chez les médecins se disant israélites, chrétiens ou musulmans, mais ne falsifiant pas les observations scientifiques) ne soutient le contraire. Il suffit d’ailleurs de consulter divers forums où des parents, ou des circoncis, partisans de la circoncision rituelle non fanatisés y compris, s’expriment librement, pour constater que la douleur chez l’enfant circoncis sans anesthésie, sur le moment et par la suite, n’est pas un mythe : vérifiez par vous-mêmes.

Or, actuellement, il est encore préconisé par des religieux de circoncire sans anesthésie autre que l’application d’une pommade ou d’onguents divers (leur cherté n’ayant rien à voir avec leur douteuse efficacité). « Heureusement » (car l’anesthésie correcte peut servir de « justificatif » à une pratique mutilante superflue), face aux réticences de parents mieux informés, les religieux se sentent obligés de concéder des circoncisions à motivations cultuelles correctement médicalisées. Lesquelles n’éliminent pas les complications postopératoires (d’un taux égal ou inférieur à 2 %).

Il se trouve que, selon les islamophobes monomaniaques, de plus en plus de médecins accepteraient de circoncire pour satisfaire des desiderata religieux. C’est possible, ce n’est pas forcément prouvé, mais on peut effectivement penser que les mêmes qui dédaignent de pratiquer des avortements puissent trouver leur compte (financier ? c’est à voir…) à cette facilitation d’un rituel. Mais rien n’est simple. Imaginez-vous, en conscience, recevant en tant que médecin, pédiatre, infirmière scolaire, un parent dont vous savez que, s’il ne peut faire circoncire médicalement son enfant qui n’en a nul besoin, il l’exposera à une mutilation douloureuse pouvant entraîner des complications allant jusqu’au décès rapide (cas d’hémophilie : les religieux juifs dispensaient et dispensent toujours de la circoncision les enfants dont deux frères aînés étaient morts des suites de cette pratique) ou différé.

Dernier en date des islamophobes monomaniaques à reprendre le thème des circoncisions abusivement médicalisées galopantes, le dénommé Arouet le Jeune, auteur du blogue-notes Nouvelle langue française. Selon lui, mais il ne doit fréquenter que les cliniques privées huppées ou l’hôpital américain de Neuilly, « le phimosis donne lieu à une opération qui coûte, selon les spécialistes, près de mille euros, » mais qui est totalement prise en charge par la Sécurité sociale. Ce faussement candide disciple de Voltaire cite pour seule source une émission télévisée animée par un médecin, Michel Cymes. Pour situer à quel point Arouet le Jeune est objectif, on se reportera au verbatim du dr Cymès qui avance un coût situé entre 700 ou 800 euros tandis qu’une association musulmane de banlieue parisienne favorable à la prise en charge de la circoncision rituelle par la CPAM en estime le prix à 860 euros. Affirmations d’Arouet le Jeune : « La France est le pays où est enregistré le plus grand nombre de phimosis au monde – en chiffres absolus, plus que les États-Unis dont la population est cinq fois supérieure à celle de notre pays, plus que l’Inde (population vingt fois supérieure) et plus que le Chine (vingt-deux ou vingt-trois fois supérieure). Les Français seraient-ils les champions du monde des malformations génitales ? Que nenni. L’opération du phimosis, acte médical ou acte chirurgical, cache en réalité, grâce à des chirurgiens complices ou irresponsables, des actes religieux, à savoir des circoncisions. Les mahométans se font circoncire à l’hôpital gratos sous couvert de phimosis. ».

Je suis incapable de vérifier les données alléguées pour la Chine ou l’Inde. En revanche, pour les États-Unis, je doute : les circoncisions en milieu médical y sont (en tout cas, selon des statistiques médicales canadiennes, y étaient) beaucoup plus nombreuses et fréquentes qu’en France. Sont-elles déclarées aux assurances en tant qu’opérations de prévention ou de traitement d’un phimosis ? Je n’en sais rien, je ne vais même pas chercher à vérifier.

Mais les faits sont têtus. Valérie Boyer, députée UMP des Bouches-du-Rhône, département où le vote judéo-mahométan n’est peut-être qu’un mythe (comme à Strasbourg, où les études sérieuses avaient déterminé que la communauté juive répartissait ses votes à l’identique de l’ensemble du corps électoral), s’est intéressée au phénomène. « L’évolution démographique et sociologique de notre pays pose la question de la place de cet acte chirurgical en termes de santé publique, de coût pour l’assurance maladie et de la laïcité, » estime Valérie Boyer. UMP ou pas, elle n’a absolument pas tort de présenter les choses en ces termes. Sauf que, si les populations françaises et étrangères originaires de pays de cultures musulmanes ou judaïques approcheront sans doute bientôt le dixième de la population, ce n’est pas leurs origines qui leur dictent leurs convictions laïques ou religieuses. Pour se concilier tant ces communautés supposées attachées à la circoncision que le groupe de pression des assurances privées, Valérie Boyer suggérait, à l’été 2009, « un contrat d’assurance circoncision proposé à la naissance des enfants mâles. ». Ah bon, mâles seulement ? Oh, là, il y a un fort manque à gagner pour les assurances, les laboratoires du genre Servier, le corps médical et les rabbins et les imams… Timorée, la députée ! Le ministère de la Santé s’est opposé à cette suggestion et Roselyne Bachelot avait considéré que faire passer une circoncision religieuse pour un acte médical était une « fraude ». Il n’empêche qu’on ne peut que s’interroger. De même que faire payer ceux qui n’ont pas accès aux soins peut entraîner des complications plus coûteuses encore (à moins d’admettre qu’un mourant non assuré social n’aurait que ce qu’il mérite), faute de prévention et de prise en charge à temps, la question de la circoncision sous anesthésie correcte doit être considérée indépendamment de tout a priori idéologique. Facile à énoncer, difficile à mettre en pratique. En fait, il est très difficile de se prononcer, et il faut pourtant, politiquement, opter.

Ce qui est cocasse, c’est que Riposte laïque, faux-nez en puissance des intégristes cathos, voire bientôt des israélites traditionnalistes, tout aussi maniaco-islamophobe qu’Arouet le Jeune, considérait en février 2009 : « à l’heure actuelle, il n’existe aucune statistique sur le nombre de circoncisions rituelles effectuées pour des raisons médicales et effectivement remboursées par la Sécu… ».

Idéalement, la circoncision des mineurs devrait être sanctionnée comme toute mutilation qu’un majeur ne s’auto-inflige pas, soit très lourdement. Je ne comprends absolument pas pourquoi on poursuit des pédophiles et non des adultes circoncisant des mineurs – pour les mineures, « bizarrement », c’est interdit en France, ce qui n’est guère logique. Et tant qu’à faire, autant infliger la déchéance de nationalité et l’expulsion en fin de peine (allez, admettons que je me laisse emporter par mon indignation…). Pragmatiquement, que faire, que préconiser ? Interner tous les croyants jusqu’à résipiscence ? Restent l’information et l’éducation. Mais avant que nos politiques imposent une instruction obligatoire, y compris dans les écoles confessionnelles, sur les risques de la circoncision masculine, des tonnes de prépuces finiront dans les incinérateurs. Diffuser l’information que, même en cas de risque de phimosis, il y a des alternatives curatives autres que la circoncision (mais elle reste la seule solution connue pour d’autres cas qui concerneraient 6 ‰ de la population masculine selon au moins source médicale), convaincrait-il des croyants ? D’une part, c’est controversé (les méthodes à base d’applications de pommade peuvent ou non convenir, d’autres types d’incision sans ablation aussi, mais pas toujours). D’autre part, il n’y a pas plus têtu qu’un âne n’ayant pas soif : des parents peuvent favoriser l’installation de complications génito-urinaires, en refusant de s’informer, parce que la non-circoncision leur semble inimaginable, quels que soient les risques, létaux ou non.

N’ayons pas peur des mots. Il est insolite de constater, sur les diverses versions de Wikipedia, que les articles correspondant au français « phimosis » ne posent guère problème. En revanche, voyez, pour la version française, la page « circoncision ». Elle s’orne d’un avertissement : « cette page est l’objet d’un important désaccord entre participants… ». Voyez aussi l’onglet « discussion » de cette page. La version germanophone (« Zirkumzision »), ou hispanophone (« circuncisiόn »), ou anglophone (« circumcision »), ne comportent pas de telle mise en garde. En revanche, la page en roumain accumule trois avertissements similaires. La traduction automatique (par Google) de la page de discussion afférente en turc recèle cette phrase insolite : « Elle aussi, les lecteurs sont invités à se baigner dans le cerveau » (sic). Relevons que la Turquie était, jusqu’aux années 1980, l’un des pays où le taux des circoncis restait très inférieur à celui d’autres pays de religions musulmanes dominantes (c’est en train d’évoluer, le gouvernement actuel favorisant les associations caritatives assurant la gratuité de cette cérémonie ; on a même eu le cas de la circoncision forcée de tous les mâles d’un village – 61 personnes, enfants, adolescents et adultes – sur ordre préfectoral). Ce qui évoque bien sûr l’expression « lavage de cerveau ». Cette page en turc évoque que la circoncision aurait un rôle préventif pour le sida. Peut-être… Il est certain que, lors de l’opération, il est difficile d’avoir simultanément des rapports sexuels avec des personnes infectées. En revanche, le risque d’attraper une affection nosocomiale n’est pas négligeable : bah, du moment que ce n’est pas le sida, que l’infection soit tout aussi mortelle est bien moins grave… Bizarrement, seul le sida, et non l’herpès ou la syphilis, serait contrecarré (pas totalement, et on ne sait trop dans quelle mesure) par la circoncision. Si j’étais candidat à un prix « Ignoble » (ou IG-Nobel, un anti-Nobel), je tenterai d’étudier l’influence de la circoncision sur l’obésité, les maux de tête (la migraine féminine, par exemple), les hémorroïdes, &c. C’est étonnamment en Afrique, où les sectes protestantes nord-américaines et leurs ONG sont très actives, que la (enfin, cette présumée) liaison entre le virus du sida et la circoncision a été établie. Étonnamment aussi, le sieur Ratzinger, dit Sa Sainteté Benoît, n’a pas repris à son compte cette singulière relation. Ce qui est sûr, c’est que le débat ou la présentation des mêmes faits sont… tout aussi culturels que cultuels.

Pour défendre leurs bouts de gras, les praticiens rituels (religieux non médecins) avancent qu’une anesthésie est encore plus dangereuse que son absence. Ben, c’est quasiment vrai, et c’est comme l’ablation des amygdales, qui était la norme pour beaucoup d’enfants nés dans les années 1950 (et depuis la fin du siècle dernier, ce n’est plus du tout la norme) ou des végétations : autant que l’enfant soit mal ou pas assez anesthésié, et qu’il souffre pour éviter le risque d’une anesthésie trop forte ! Je me souviens encore très vivement de mon opération des amygdales (pas seulement de la douleur, mais aussi de l’énormité apparente des instruments qu’on m’enfonçait dans la bouche et de la bobine masquée du chirurgien, paraissant une tête d’épingle). En sus, plus la mère et le père seront fiers de voir leur enfant souffrir, mieux ils gratifieront le tortionnaire ! D’accord, la remarque ne vaut pas pour tous les parents, ni tous les religieux. Mais cette motivation, fort avouable (voyez aussi les forums, et toutes ces mamans ravies de voir leurs gosses souffrir lors de la circoncision), ne peut être exclue.

Aux États-Unis, la circoncision, dans les années 1930, avait commencé à devenir systématique en milieu hospitalier : l’accoucheur réalisait un acte facturable supplémentaire. Actuellement, ce sont les césariennes systématiques qui « sécurisent » certains obstétriciens (gain de temps, et moins, selon eux, de risques de complications). La circoncision systématique a été en vogue en Amérique du Nord jusqu’à la fin des années 1970. Tout et son contraire a été avancé pour favoriser la circoncision, notamment le fait qu’elle endurcirait le futur combattant (prêt à affronter les communistes et les athées…). Si vis pacem… coupe-z’y l’zizi ! La détestation phobique de la masturbation en Grande-Bretagne a aussi favorisé, dans les pays de langue anglaise, la pratique de circoncision systématique : religieux (anglicans, catholiques, autres…) et médecins étaient culs et chemises pour circoncire à la chaîne. Le baptême ou les communions (solennelle ou pas) ne préservant pas de la tentation de se masturber (comme quoi… hein… les sacrements…), la circoncision a semblé tout indiquée. Bon, je vais me faire taxer d’anglophobe, j’arrête là… Ce qui me semble surprenant, c’est que rien, dans les textes chrétiens, n’indique si Jésus-Christ, ressuscité, était ou non muni de son prépuce. De même, lors de la résurrection d’entre les morts, retrouve-t-on amygdales, végétations et appendice, et à quelle taille en cas d’ablation de son vivant ? Grave question théologique !

Établir une corrélation entre d’une part la baisse des avortements et la hausse des posthectomies (circoncisions) et d’autre part des causes ou raisons particulières précises me semblerait très hasardeux. Je suppute simplement qu’un siècle toujours plus mercantile et religieux (là, c’est fortement corrélé), du moins jusqu’à nouvel ordre, devrait ne pas gâcher ainsi tous ces prépuces. Plusieurs églises catholiques (abbayes de Coulombs, de Conques, pour la France, 14 recensées en Europe) ont exhibé le même « saint » prépuce du Christ. À défaut de renoncer à les enterrer, les israélites pourraient au moins en réaliser des moulages (pour les pauvres, en résine, pour les riches, en or, titane et autres métaux précieux), de même que les mahométans (à exhiber au bout d’une chaîne lors du pèlerinage à la Mecque, expédition réservée aux seuls circoncis, pouvant être ornés de pierres précieuses, voire assortis de calculs rénaux par la suite). Écrins joailliers, petits étuis selliers de voyage, et autres accessoires, élargiraient la gamme des produits dérivés. On pourrait taxer tout cela et contribuer ainsi à combler le déficit de la Sécurité sociale. Ou subventionner tous les cultes, y compris la scientologie, les franches-maçonneries (qui célèbrent bibles, corans, et livre blanc…), les raéliens, les stales adorateurs du nombril, &c. Au nom d’une conception tolérante et éclairée de la laïcité, on pourrait tout tolérer, n’est-il pas ?

Eh bien, justement, non. Je ne considère pas que les pays européens soient plus « civilisés » que d’autres, et quand je vois que certains (comme la Suisse) interdisent d’essoriller ou de pratiquer l’ablation de la queue de certains animaux mais autorisent la circoncision, je reste pantois. Des Européens qui s’offusquent qu’on puisse consommer de la viande équine ou asine admettent très bien qu’on torture et mutile ainsi des enfants. Mais il faut trancher, et ne pas instrumentaliser la laïcité. Naguère (et encore à présent), des associations laïques défendaient le droit des femmes à disposer de leur corps et à l’avortement. À présent, des groupes prétendument laïques, pour ne pas s’aliéner la sympathie des catholiques romains, délaissent ce genre de combat pour ne plus se consacrer qu’à assimiler de fait tous les étrangers (ou Français « récents », fussent-ils de troisième ou quatrième génération) issus de pays de cultures musulmanes à des idolâtres mahométans. À défaut de pouvoir criminaliser la pratique de la circoncision masculine (elle l’est textuellement, juridiquement, mais les tribunaux suivent les directives de la Chancellerie : il ne faut s’aliéner ni les communautés mahométanes, ni les judaïques…), combattons-les en les exposant. Mais il ne faut surtout pas le faire en prêtant le flanc à la critique du « deux poids, deux mesures ». La chrétienté n’a jamais été plus « civilisatrice » qu’un autre groupe humain, parfois même, bien au contraire. Elle n’a jamais renoncé à son apostolat missionnaire. Marc Aillet, évêque romain de Bayonne, multiplie les déclarations prosélytes. Il favorise l’engagement politique des chrétiens et accueillait en décembre dernier le représentant de l’Association chrétien élu public pour une conférence réunissant des élus locaux, il promeut aussi les marches nationales pour le respect de la vie (anti-avortement, anti-contraception, &c.).

La défense de la laïcité se montrant complaisante à l’égard de la chrétienté ou du judaïsme est une imposture que l’islamophobie ne saurait justifier. Quant aux médecins, athées, agnostiques, sincèrement attachés aux principes laïques qui estimeraient – et on peut les comprendre – que refuser de prendre en charge médicalement une circoncision rituelle exposerait de jeunes patients à des risques indéniables et à la douleur, il convient de leur dire clairement : non, votre charité et votre compassion n’ont pas à s’exprimer aux dépens de la collectivité, si vous intervenez, assumez, et faites-le gratuitement. L’argument du surcoût de la prise des complications des circoncisions « sauvages » est discutable à l’infini, il est très difficile d’établir des éléments probants… Ou, mieux peut-être, faites pression sur vos consœurs et confrères pratiquant une religion. Qu’ils s’en chargent ! Gracieusement ! Les musulmans désireux de faire circoncire gratuitement leurs enfants avec anesthésie et dans un milieu médicalisé par un personnel qualifié peuvent d’ailleurs s’adresser à Mgr Aillet : il saura convaincre ses coreligionnaires médecins, qu’ils en soient assurés !