La championne des Démocrates traverse une passe inquiétante, dont le point culminant a été un très large sondage de Zogby publié 26 novembre 2007 la donnant perdante contre tous les candidats républicains.

Emoi dans le camp de la candidate démocrate Hillary Clinton. Après sa prestation en demi-teinte lors du dernier débat préparant les primaires démocrates, Hillary a subi une avalanche de revers qui inquiètent les stratèges du parti démocrate.Contrairement à ce qui se dit en Europe, la sénatrice de New York n'est pas assurée de décrocher la Maison-Blanche. Au contraire, elle cumule plusieurs défauts qui pourraient lui être fatals.

Tout d'abord, Hillary a voté pour la guerre en Irak, ce qui est un avantage lors de la votation nationale, mais un handicap de taille pour convaincre les militants démocrates durant les caucus. Ensuite, elle a fait preuve d'une légèreté stupéfiante lors du dernier débat, affirmant qu'il fallait autoriser les sans-papiers à obtenir le permis de conduire, une mesure rejetée autant par les Républicains que par les Démocrates ; les conséquences de cette gaffe sont encore incalculables.

Face à un Obama qui joue surtout sur sa jeunesse et son charisme, à défaut d'expérience, Hillary représente les vieilles "familles régnantes" des Etats-Unis. Nombre de commentateurs ont déjà prédit que la population américaine risquait de sanctionner l'ennuyeuse continuité Bush-Clinton-Bush-Clinton, ce d'autant plus qu'aux yeux de l'électorat, Hillary n'est pas "vierge" politiquement ; elle porte avec elle le bilan de son mari, un bilan en demi-teinte qui n'a rien d'enthousiasmant. Hillary est-elle condamnée à l'échec ?

Rien n'est moins sûr. Bornons-nous ici à détailler les qualités et les défauts de la candidate préférée des Démocrates. Côté qualités, son charisme indéniable, son expérience en politique et son sens de la répartie. Hillary a la stature présidentielle, ce qui n'est pas rien quand on sait l'importance que cela représente pour les Américains. Etre une femme ne devrait pas l'aider plus que de raison dans une ère où les femmes politiciennes sont devenues monnaie courante. Enfin, sa cote de popularité dans le monde devrait permettre aux Etats-Unis de retrouver leur image positive perdue depuis huit ans. En résumé : Hillary est le prototype parfait de la Démocrate du XXIe siècle.

Côté défauts, notons sa cote négative au sein de l'electorat, la plus élevée dans l'histoire d'une présidentielle. Les deux mandats de son mari et son côté autoritaire ne laissent pas de marbre, et avec l'affaire Monica Lewinsky et les rumeurs qui la disent lesbienne, il sera difficile pour elle de convaincre les milieux religieux, souvent décisif dans les élections américaines. De plus, son projet d'assurances pour tous, très socialiste, a peu de chances d'être chaleureusement accepté dans les milieux américains où la pensée que nous appellons en France "de gauche" est ultra-minoritaire. Egalement, on l'a dit, son côté "faucon" : Hillary a soutenu la guerre en Irak et soutiendra certainement une intervention en Iran. On ne saurait la blâmer, cela fait partie du jeu politique dans un pays en guerre. Mais ce calcul pourrait se retourner contre elle durant les caucus.

Hillary est-elle grillée ? La réponse ne s'affinera que durant l'été et l'automne 2008. En effet, c'est à cette période qu'un George Bush en difficulté avait pu renverser la balance. Pour le moment, concentrons-nous sur les chiffres. Malgré des sondages très favorables au niveau national, Hillary est devancée par Barack Obama dans les primaires de l'Iowa, un Etat réputé pour influencer le choix final du candidat démocrate. Plus inquiétant encore, un récent sondage de Zogby, portant sur près de 10 000 personnes, donne Hillary perdante face à tous les candidats républicains, une première depuis six semaines.

Dans le camp démocrate, il y a urgence : redresser la cote l'ex-première dame avant les primaires démocrates, sinon Barack Obama pourrait emporter la mise. Et l'on ne cache pas, dans le camp républicain, que la perspective du sénateur de l'Illinois en compétition en novembre 2008 serait un immense cadeau fait… aux Républicains.