La pratique de la chirurgie esthétique a longtemps été un sujet tabou et toutes les fois que les médias ont abordé le sujet ce fut pour en montrer les dérives. Pourtant, la modification corporelle est une pratique aussi ancienne que l’antiquité et s’est ancrée dans les us et coutumes de chaque territoire. Que ce soit pour des raisons spirituelles, traditionnelles ou purement esthétiques, l’homme est toujours parti à la conquête de la beauté. Alors, allons-nous vers une démocratisation de la chirurgie esthétique ?
Une pratique ancestrale
Dans les cultures andines précolombiennes, les crânes des nourrissons étaient volontairement déformés pour des raisons esthétiques, sociales et religieuses. Afin d’augmenter la hauteur de crâne, des bandages ou des morceaux de bois étaient fixés autour. En Chine, du Xe au XXe siècle, un phénomène de mode pousse les jeunes filles issues de classes sociales favorisées à se bander les pieds. Devenu une tradition, le phénomène symbolisait la richesse et la distinction. L’objectif était de réduire la longueur du pied et de lui donner la forme d’un bouton de lotus qui revêtait un caractère sacré.
Il y a 3000 ans, les Égyptiens pratiquaient déjà des opérations de modification ou de reconstruction des lèvres et des oreilles, les femmes indiennes dont le nez était coupé lorsqu’elles étaient infidèles pouvaient bénéficier d’une reconstruction faciale grâce à la peau du front et des joues. Les Grecs et les Romains à l’antiquité ont pour leur part laissé des traces de leurs pratiques en termes de reconstruction osseuse et de tissus organiques.
C’est lors de l’expansion du christianisme que l’Église s’oppose à une quelconque manipulation du corps. C’est après la guerre de 14-18 que la chirurgie esthétique retrouvera ses lettres de noblesse en redonnant un aspect correct aux « gueules cassées » victimes de multiples mutilations.
Le XXIe, siècle de la popularisation
Par an, le nombre total d’opérations de chirurgie esthétique serait estimé à 8 millions et demi et le nombre d’actes de médecine à près de 9 millions. Depuis l’an 2000, le recours à la chirurgie esthétique a augmenté de plus de 50%. Les femmes qui représentent plus de 80% de la clientèle de cliniques spécialisées sont plus que jamais en quête d’un idéal de beauté. Sartre affirmait que « l’enfer c’est les autres ». L’accomplissement de soi passe par le regard des autres, une perspective bien souvent imposée par les diktats de la société.
L’idéal serait de s’accepter sans craindre le jugement d’autrui, mais l’exercice est un réel parcours du combattant. Certaines femmes souffrent d’un mal-être profond qui se traduit par un handicap dans le rapport avec les autres et le rapport avec soi-même. Jacques Ohana, célèbre chirurgien esthétique de la clinique Montaigne se positionne en médiateur. En fin psychologue, il est à l’écoute de sa clientèle. « Au contraire, en réparant une image et une apparence, je voudrais permettre à une personne de s’intégrer dans la société » déclare-t-il dans son ouvrage « Esthétiquement Vôtre ».
Les médias en surexposant les travers de la chirurgie esthétique l’ont diabolisés. Pourtant, elle n’est pas la réalisation de désirs spontanés et irraisonnés, mais une alternative à la reconstruction de soi pour sa propre réalisation. Si des chirurgiens peu scrupuleux existent, Jacques Ohana et ses confrères font la différence en discernant des problèmes factices des problèmes profondément ancrés.