Année après année, la Chine s’occidentalise de plus en plus. Elle adopte les moeurs de l’Occident, sa façon de vivre, de travailler, ses canons de beauté (au prix de séances de chirurgie esthétique ravageuses) et même, ses amusements. Le football est depuis des décennies, le sport le plus populaire dans notre partie du monde, quoique le base ball lui chipe la première place aux USA, un domaine que les chinois espèrent bien s’accaparer, à l’instar de nos usines. Agissant comme les riches émirats du golfe arabique, l’Empire du Milieu, attire les stars internationales en agitant les billets.
De tout temps, l’Asie a fasciné les hommes, Marco Polo en a fait l’éloge dans ses récits de voyages. On disait même que les toits des maisons étaient fait en or. Aujourd’hui, ce ne sont plus les toitures qui le sont, mais les salaires des joueurs de football. On dit aussi que le football y serait né entre 255 et 206 avant J.-C sous le nom de "zuqiu", il était alors un entrainement pour tous les soldats de l’Empire. Les anglais, lors de leur période colonisatrice en Chine, tout en droguant la population avec de l’opium, auraient simplement mis des règles à cette pratique et ce seraient octroyés la paternité du jeu .
Depuis peu, la Chine defraye la chronique footballistique en déversant des pluies de yuans pour s’attirer les faveurs des artistes du ballon rond. A l’exemple, de la grande équipe de Shanghai, pourtant 11ème de la saison précédente, et qui va débourser plusieurs dizaines de millions d’euros chaque année, pour pouvoir compter dans ses rangs les plus grands joueurs venus d’Europe et d’Amérique du Sud.
Au milieu des années 1990, Shanghai recrutait déjà, mais proche d’elle. La Russie était un véritable vivier de joueurs talentueux, comparé au piètre niveau des chinois. En effet, les joueurs étrangers, à l’instar de leur bourse scintillante d’une lumière dorée grace à leur émolument, parviennent aisement à briller sur les terrains. Dans un championnat assez faible, leurs techniques en font des joueurs de tout premier ordre, bien plus que sur les terrains européens.
Nicolas Anelka, le Dark Vador d’Afrique du Sud, on se souvient de ce moment où, dans un terminal d’aéroport, il a feint de ne pas voir les journalistes, capuche sur la tête et écouteurs dans les oreilles, est arrivé à Shanghai en décembre 2011, à 33 ans, avec un juteux contrat de plus de 10 millions d’euros par an. En plus de sa tâche de joueur, il aurait également des fonctions de conseiller sportif. L’histoire ne dit pas en quelle langue il pourrait donner ses ordres et ses directives.
Il a détrôné le footballeur argentin, Dario Conca. Ses compatriotes restés en Europe et en Amérique du sud n’avaient eu que de la jalousie à son encontre, le prenant même pour un affabulateur jusqu’ à ce qu’ils voient le contrat de visu. Pour taper dans une boule de cuir, il était rémunéré à hauteur de 10,6 millions d’euros par an, par le club Guangzhou Evergrande de Canton. A deux places de Cristiano Ronaldo et Lionel Messi qui caracolent en tête. A hauteur de comparaison, il gagnait 15 fois moins dans son dernier club du championnat brésilien.
Nicolas Anelka n’est pas à envier par rapport à Didier Drogba, qui vient de le rejoindre à Shanghai, pour qui le salaire avoisine les 20 millions d’euros annuels. L’emballement de ces cachets est du à des agents sportifs non assermentés, jouant les boursicoteurs avec les clubs avides de bons joueurs, ils proposent des prix hors normes que les preneurs acceptent sans rechigner.
Le football chinois est en pleine mutation, il entre dans une nouvelle époque, celle de l’argent à foison, du marketting à outrance, une dérive économique faisant perdre l’essence même du sport et du dépassement de soi. Car, même si un joueur reste assis sur le banc, du moment que son nom sert à vendre des maillots et des goodies à l’effigie de l’équipe, il touche son chèque à la fin du mois. Une façon de travailler bien étrange, on imagine aisément les ouvriers, dans les usines, faire de même. Pour sûr, les choses ne se passeraient pas de la même façon.
En outre, la Chine est une terre d’accueil pour les entraineurs, Jean Tigana s’est lui aussi sinisé en rejoignant le staff du … Shanghai Shenhua. Cela devient une manie ! Le club de la mégalopole, propriété du milliardaire Zhu Jun, un richissime homme d’affaire de 45 ans, se constitue une dream team et les résultats sont là (fort heureusement, vu l’argent déboursé), les victoires s’enchainent et il tutoie la première place du classement.
Derrière l’achat de ces mascottes, se cache une volonté gouvernementale. Si la Chine fait preuve de maison de retraite de luxe pour les anciens grands noms du foot, poussés vers la sortie par leur club européen, c’est allègrement qu’elle accepte cette image. Elle souhaite que ses jeunes citoyens soient pris d’un engouement pour le football et que d’ici quelques années, le pays dispose d’une équipe nationale digne de ce nom, pouvant rivaliser de pied ferme avec les plus fortes sélections. C’est également l’occasion de faire un pied de nez à son voisin nippon, dont la J-League, ne cesse de gagner en qualité depuis près de 20 ans. Mais, le football chinois doit surtout se racheter une image, il est miné par des affaires de matchs truqués, comme en Italie ou en France , dont plusieurs ont mené des joueurs professionnels à la case prison.
En plus de vampiriser les ressources footballistiques, la sinisation se fait aussi à l’extérieur de ses frontières. En 2009, le business man hongkongais, Carson Yeung s’était offert le club britannique, Birmingham City. Plus récemment, des investisseurs chinois sont devenus actionnaires minoritaires de l’Inter Milan, juste derrière la position dominante de la famille Moratti. L’affaire va plus loin, un véritable contrat commercial lie les deux parties. En effet, les Moratti, se sont mis d’accord avec l’entreprise China Railway Construction Corporation pour la construction d’un nouveau stade qui devrait ouvrir ses portes d’ici 5 ans. La Chine n’en a pas fini de s’intéresser au foot et peut être aurons nous droit à une coupe du monde 2016 dominée par sa « Grande Muraille » ?
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