Le rapport du cabinet de consultants PricewaterhouseCooper (PwC), « China Deals : a fresh Perspective », publié fin octobre, est formel : pour la première fois l’an dernier, le montant des investissements chinois en Europe a dépassé avec 11 milliards d’euros celui réalisé par des entreprises européennes en Chine, de seulement 7 milliards d’euros. Les entreprises chinoises ont réalisé 32 investissements en Europe, contre 26 transactions réalisées en Chine par des entreprises européennes.

 

 

La France, premier investisseur européen en Chine

 

Bonne nouvelle pour l’Hexagone : la France est devenue le premier investisseur européen en Chine. L’an dernier, la France a ainsi dépassé le Royaume-Uni pour devenir le premier pays européen à investir en Chine, représentant 26% des transactions européennes. Au premier semestre 2012, cette proportion est même passée à 35% ! D’après PwC, « en termes de secteurs d’activité, les investisseurs français privilégient les produits industriels, et les services aux entreprises. Les acteurs chinois des télécom, des technologies et des biens de consommation ont aussi fortement attiré les Français ».

 

Quant aux investissements chinois en Europe, la France arrive en troisième position, derrière l’Allemagne et le Royaume-Uni. Hélène Rives, Avocat Associée PwC, responsable du China Business Group, commente : « le volume et la valeur des fusions-acquisitions chinoises en Europe progresseront à plus long terme. Les secteurs privilégiés restent, en volume de transactions, les services industriels et les télécom ; mais en valeur l’énergie et les services publics dominent, suivis par les exploitations minières ».

 

Des échanges économiques durables ?

 

La Chine vient de passer un cap avec le nomination de Xi Jinping à la tête du Parti Communiste Chinois. Les analystes politiques et économiques s’accordent à dire que la Chine tourne une page de dix années exceptionnelles en termes de croissance. Cet âge d’or va faire place à une période de croissance moins soutenue, ce qui ne signifie pas pour autant que le pays va entrer en crise.

 

Jean-Vincent Brisset, directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), résume la situation : « la croissance est ralentie, non pas parce que la Chine ne peut pas faire davantage, mais parce qu’elle n’a plus tellement de clients. D’une part, parce qu’elle a pris 100% du marché mondial dans de nombreux domaines et, d’autre part, les clients occidentaux sont beaucoup moins à l’aise maintenant financièrement qu’ils ne l’étaient. À partir du moment où l’exportation diminue, il y a un gros problème tant qu’on ne réussit pas à basculer vers la consommation intérieure. Et pour basculer vers la consommation intérieure, cela veut dire augmenter les salaires, rendre plus chers les produits chinois. C’est quelque chose d’extrêmement complexe à gérer ».

 

Un pays toujours dynamique

 

Mauvaise santé financière des pays occidentaux, risques de crises sociales dans une Chine globalement enrichie mais où les travailleurs pauvres sont légion et dans lequel la corruption paralyse grandement le fonctionnement des institutions… La transition du pays s’avère délicate même si le pays reste plus dynamique que dans le reste du monde.

 

Dans une récente tribune, Richard Attias, spécialiste de la communication sur la scène internationale, souligne justement ce dynamisme chinois : « que l’on se promène dans les rues de Pékin, de Dalian, de Xian ou de Shanghai, la vitalité de l’économie chinoise est presque physiquement perceptible. Une énergie contagieuse qui est le principal moteur de la croissance chinoise et dont certains occidentaux feraient bien de s’inspirer ».

 

C’est sans doute pour éviter cet « effondrement » du pays que Xi Jinping a adressé un message fort en affirmant vouloir lutter activement contre la corruption. Dans les années à venir, il faudra de plus en plus compter avec la Chine, pays devenu aussi incontournable que les Etats-Unis.