Avec un milliard d’euros, les Parisiens auraient pu avoir 115 crèches de 40 berceaux, 23 gymnases multisports, 16 écoles communales, 11 collèges publics, 1 600 logements sociaux, 42 rames de tramway.
Ils ne les auront pas ! Ils auront beaucoup mieux : une oeuvre d’art totalement inutile mais néanmoins majestueuse dont les archéologues de l’an 5.000 commenteront les fragments avec admiration, en attribuant l’initative aux extraterrestres.

Comme un lego pour mon ego

Delanoé a décidé, pour laisser une trace impérissable dans l’histoire, de restructurer entièrement le forum des halles. D’abord en le vendant à prix d’ami au promoteur privé Unibail-Rodamco pour 258 millions alors qu’il était estimé à 2 milliards. Puis en y faisant entreprendre des  travaux pharaoniques aux frais des contribuables parisiens.
Vinci (pas Léonard, l’autre…) est l’heureux attributaire du marché.

Entre les maisons et les commerces qui ont été rasés après expropriation et indemnisation, les statues détruites, l’amphithéâtre René Cassin démoli au bulldozer, les jardins saccagés et les 340 arbres massacrés à la tronçonneuse, on avait déjà claqué dans les 700 millions.
Mais qui nierait que c’était indispensable ? Les Halles étaient une grosse verrue pompidolo-giscardienne qu’il fallait faire disparaître du paysage au plus tôt. Les véritables esthètes n’en pouvaient plus !
Quand on oeuvre pour la postérité, qu’importe l’avis défavorable des riverains et les protestations des comités de quartier, ces rustres insensibles aux subtilités raffinées de l’art moderne. Comme si le petit peuple pouvait y comprendre quelque chose ! Franchement, quand Louis XIV a entrepris de faire construire le château de Versailles, s’est-il encombré de l’avis des manants, des gueux et autres vilains ? Un peu de tenue je vous prie !

Quant aux assoces écolo qui râlaient pas mal au début, on les a calmées en dégommant quelques députés socialos dans des circonscriptions imperdables, pour les offrir aux amis de la nature et des petits oiseaux. Mais alors que tous les "observateurs autorisés" (copyright Coluche) nominaient Delanoé au gouvernement, il n’a pas été servi. Coïncidence ? Ou relation causale ?

 

La gabegie à tous les étages

Pour couronner le tout, c’est le cas de le dire, la municipalité a décidé de faire installer un curieux pseudo-toit de 164 m sur 164 au dessus de ce qui subsiste du forum des halles. Un pseudo-toit car, pour des raisons de sécurité, il sera ouvert, laissant passer la neige et la pluie. Bref, ça ne sert à rien, c’est juste pour faire joli à condition de partager les goûts de M. Delanoé.

Cette espèce de bâche translucide en verre-plastique branchée montée sur des vérins socialistes devait initialement couter 236 millions d’euros. En plus de tout le reste évidemment.
Mais comme on s’était un peu trompé dans les calculs, il faudra rajouter une petite centaine de millions pour de menus travaux de réhaussement et de consolidation.  A côté, la maquette à 1 million d’euros détruite avant que les élus aient pu en apprécier la munificence hiératique n’est que bagatelle.

En 10 ans de gestion irresponsable, la dette de la ville de Paris est passée de 1 à 2,7 milliards d’euros. Et les impôts locaux ont augmenté de 35%. Si encore, ça avait servi pour des équipements
collectifs !

Mais Delanoé et ses courtisans n’ont que faire de ces vulgaires considérations matérialistes dignes d’une populace mal dégrossie qui n’a pas le sens du beau.

La "canopée de Delanoé" qui rime bien mais constitue une impropriété de terme, sera "une œuvre architecturale de premier plan, comparable, en termes de rayonnement culturel au dôme du Taj Mahal (sic) et qui mettra en résonance l’énergie naturelle et l’énergie urbaine".

Bigre, rien que ça ! La boboïtude déjantée dans toute sa splendeur…