La bidoche mondiacontaminée.

  Le progrès est un bonheur qui finit par rendre malade quand on l’aplatit sous forme de steaks hachés. 

Il fut un temps, qu’il faut croire funeste, où le boucher du coin, du quartier, là, à côté de chez soi servait des steaks hachés provenant des chutes de morceaux de bavette ou autre.
  Aussitôt après achat, le steak finissait dans la poêle au repas de midi. C’était le temps où il y avait encore le repas de midi entre la matinée de travail et l’après-midi de boulot. Autant dire l’Antiquité. 
On connaissait le boucher et presque les vaches aussi. Le coût était tel que tous n’en mangeait pas tous les jours. Offrir le plaisir de devenir des omnivores surconsommant de la viande fait partie de la nécessaire productivité dont on croit qu’elle est source de richesse. 
Ainsi donc la mondialisation exige que l’on achète des viandes en Pologne, en Italie, en Allemagne, en Espagne, en Belgique pour les envoyer dans les Vosges où elles sont triturées avant d’être envoyées surgelées en différents supermarché de France. Quelle belle promenade pour une vache, morte ou vive,  élevée du côté de Cracovie avant de finir sous un microscope au CHU de Lille ! Et surtout moins chère au kilo que celle du boucher du coin. 
N’ y aura-t-il pas quelques écologistes pour nous dire quelle quantité de pollution engendre ces transports ? Etre contre la mondialisation incontrôlée et incontrôlable devient un devoir citoyen. La mondialisation intelligente, oui. Toute autre, non. Celle-ci ne paraît pas nécessaire au progrès nutritif de l’humanité. L’idée protectionniste du repli sur soi, achetez Français, n’a définitivement plus cours. Mais que la recherche du profit par la transformation de l’individu en pur consommateur de la planète dans toutes ses ressources est vouée à une triste finitude plus ou moins proche. Et ce ne sont pas les découvertes technologiques qui vont résoudre le problème.
Prendre conscience de quelques absurdités nées du seul l’appât du gain devrait au moins faire sursauter. Mais non, on se contente de nous expliquer comment l’on va combattre cet incident du steak haché grâce à des contrôles vétérinaires et des antibiotiques… 
Ah ! Si l’on prenait le temps de regarder dans nos placards d’où viennent tous les composants de nos aliments, nous serions ahuris. Mais on nous a suffisamment compliqué le problème pour être dans l’impossibilité de savoir et ce n’est pas si désagréable de consommer à notre guise.