Décidément, on a vraiment une mémoire sélective ( au pire des cas) ou défaillante (si on préfère garder l’espoir). Ainsi, le jour où le monde commémorait le triste anniversaire des attentats du World Trade Center, la France recevait, en visite officielle, le président du Rwanda Paul Kagamé, dans une indifférence  difficilement supportable.

Faut-il rappeler, que si M KAGAME accuse la France d’une participation (plus ou moins directe) dans les massacres interethniques de 1994 (les génocides entre Hutus et Tutsis ont causé la mort de 800.000 personnes), la France elle soupçonnait ce dernier d’être à l’origine de l’attentat, ayant causé la vie à son prédecesseur , Juvénal Habyarimana (attentat du 06 avril 1994).

 

Le problème n’est malheureusement plus là, car le génocide est bel et bien terminé, et aujourd’hui encore, on n’en mesure pas l’ampleur et le sens .La diplomatie doit faire des choix, et il est évident que l’incompréhension d’un conflit ethnique dans un si petit pays, que le Rwanda, ne soulève aucune contestation (ni approbation) de nos classes dirigeantes . Le problème est ailleurs, car encore une fois, nous avons la mémoire courte, ou alors nous sommes atteint, au niveau de la collectivité, d’une forme particulière de maladie d’Alzheimer.

 

Au prétexte de reprendre position dans cette région d’Afrique noire, la France reçoit donc le président rwandais, accusé de mener une véritable dictature, et d’user d’autoritarisme pour faire taire toute contestation. Mais, qu’importe , la France a besoin de pouvoir surveiller et controler cette région des Grands lacs, et le réchauffement des relations diplomatiques avec Kigali permettrait à Paris d’avoir un œil sur le géant voisin, la R.D.C. (République démocratique du Congo). Maintenant, si la région est considérée comme particulièrement attractive au niveau des ressources minières, cela n’a joué aucun rôle dans le rapprochement avec M KAGAME, et l’opposition entre notre ministre de la défense, Alain Juppé – qui refuse de se rendre au Rwanda et de serrer la main de M Kagame-  et le président Rwandais – qui souhaite poursuivre M Juppé devant les tribunaux rwandais –  est étrangement passée sous silence.

 

Un rapprochement glacial donc, qui nous rappelle – n’oubliez pas, que nous sommes tous sujets à des trous de mémoire – un autre épisode. Rappelez vous, les ingrédients étaient les mêmes :

·         Une visite officielle en France

·         Un chef d’Etat contesté dans son propre pays, et mis au ban des nations

·         Une opposition de membres éminents de la majorité présidentielle…

 

C’était en décembre 2007. Les pays européens et les Etats Unis avaient marqué (discrètement) leur opposition. Rama Yade s’était (franchement) opposée à cette visite officielle. Le président Nicolas Sarkozy recevait alors le Colonel Kadhafi.