Dix jours après avoir fait la queue devant les bureaux de vote, les habitants de Kibera, le plus grand bidonville du Kenya, la font aujourd'hui pour manger, la colère chevillée au corps.Outre les 300 morts recensés, les troubles politico-ethniques qui ont suivi l'annonce de la réélection contestée du président Mwai Kibaki, le 27 décembre, ont donné lieu à des pillages qui ont entraîné de graves pénuries alimentaires, comme à Kibera, où les forces de l'ordre sont réapparues.
C'est ça que vous appelez aide?", s'indigne l'un des 800.000 habitants du bidonville, apostrophant un policier juché sur un blindé équipé d'un canon à eau.Plusieurs milliers de personnes se sont massées vendredi autour de deux véhicules de la Croix-Rouge locale venus distribuer de la nourriture. Submergés par la foule, ils ont dû rebrousser chemin avant d'avoir pu décharger leur cargaison.Nous sommes venus chercher à manger, mais ils nous refusent la nourriture. Tout ce qu'on a avalé depuis des jours, c'est des gaz lacrymogènes", déplore un habitant furieux.Nous sommes affamés et en colère. On va bientôt manger les chiens", lance un autre, tandis qu'une femme dérobe une tranche de pain à des policiers impassibles. Des enfants tentent alors de l'imiter, puis les agents finissent par lâcher quelques miettes et un peu de lait avant de chasser les chapardeurs.