Avant, pendant, longtemps après, le mariage princier de Kate et Willy a suscité un engouement hallucinant allant jusqu‘à réduire des millions de personnes en spectateurs éberlués devant une exhibition délirante de richesses. Ensuite est venu le temps de la stigmatisation du ventre princier, histoire de nous rendre compte des étapes successives de la gestation en cours : hors du commun.
Une piètre manière, au pire de désennuyer la galerie et au mieux de la faire rêver. S’il n‘en redemandait pas, il y a belle lurette que le peuple aurait fait son sevrage de ce type d’asservissement, scrupuleusement entretenu à coups d‘acharnement médiatique. Nombreux désormais retiennent leur souffle dans l‘attente du dénouement de ce feuilleton haletant. A chacun d’y aller de son pronostic sur le sexe, le poids, la taille, la couleur des yeux, des cheveux, le grain de peau de ce bébé pas comme les autres : royal en somme !
En attendant, la Duchesse de Cambridge se fait bichonner à l’hôpital St Mary de Londres où après profonde restauration toute une aile du bâtiment lui a été égoïstement réservée à moindre frais ! Ici, on ne fait pas dans les demi-mesures, protocole oblige !
A l’affût de la moindre info qui peine à filtrer, les curieux eux n’ont plus qu’à se ronger le frein devant le bouclage hermétique du quartier londonien, à grands renforts de services de sécurité : le prix à payer pour les tocades, les foucades des uns et des autres ! Le suspense pourrait s’étirer en longueur si par malheur Buckingham Palace décidait de ne pas nous communiquer d’emblée le prénom du nourrisson, futur héritier de la couronne.
Une certitude apaise toutefois la nervosité ambiante : au fur et à mesure que coulent les lourdes minutes, toutes celles et ceux qui sont sur « des charbons ardents » ne peuvent que se rapprocher inéluctablement de la délivrance ultime. Salves de canon, feux d’artifices à profusion sont prévus pour souhaiter la bienvenue au nourrisson le plus médiatisé à l‘échelle planétaire. Quant au champagne, il va couler à flots.
Bébé doit déjà sentir le poids de la ferveur de ses innombrables fans ; du fond de son bercail, il doit pavoiser et se demander : miroir, mon beau miroir, suis-je vraiment le plus beau des bébés du monde ? Et mon logiciel génétique dis, est-il le mieux pourvu ? Oh le contraire m’étonnerait fort ; avec une entrée au monde si fracassante, si savamment orchestrée mes attributs se doivent d’être à la hauteur des attentes de tout ce beau monde pour lequel j’ai été et je resterai l’objet d’inépuisables fantasmes ; à vie…
Toutes les occasions sont bonnes à saisir dans ce bas monde pour faire la fête mais certaines d’entre elles, dégoulinantes de mégalomanie, laissent plutôt à désirer : elles exhalent comme un parfum d‘indécence dans ce climat délétère où une bonne partie de la planète Terre est le théâtre de tensions sanglantes.
Une naissance en grande pompe qui aura toutefois le mérite de relancer une économie en berne : certaines marques de couches pour bébé, de poussettes, de jouets, etc auraient de si beaux jours devant elles : comme des poussières de rêve à la portée du commun des mortels…