Mots clefs : Sarkozy+Gaddafi. Que Mouammar Kadhafi confie à l’antenne allemande de RTL que Nicolas Sarkozy est affecté d’une maladie « mentale » ou « psychique » selon les traductions est une chose. Ce qui sera repris, commenté et amplifié ou minoré par la presse étrangère en est une autre. En tout cas, quelques proches collaborateurs du président français, voire Michèle Alliot-Marie et d’autres ne lui voulant que du bien, risquent fort d’être sollicités rapidement pour recueillir leurs confidences.

Le « grave secret » que détiendrait Mouammar Kadhafi sur Nicolas Sarkozy et qui serait susceptible de compromettre sa candidature aux présidentielles restera encore ultra-confidentiel, au moins quelques temps, ou l’affaire se dégonflera, s’oubliera. Le qualificatif de « dérangé », ou tout autre, accolé à Nicolas Sarkozy risque de lui coller aux basques, tant bien même le peu souriant Kadhafi, « ami » de Sarkozy, ne prête pas à rire. Mais plus « ils » (ou elles) seront à tenter d’accréditer cette peu louangeuse appréciation, moins la présidence française sera à même d’asseoir sa crédibilité.

Prenons-le pour ce qu’il en est. Mouammar Kadhafi aurait déclaré : « C’est mon ami, mais je crois qu’il est devenu fou. C’est ce que dit son entourage. Ses collaborateurs disent qu’il souffre d’une maladie psychique… » (version AFP). « Il souffre d’une maladie mentale » (version Reuters abrégée). Pour The Guardian, Nicolas Sarkozy a les chevilles qui enflent, il est accusé de « self-aggrandisement », et il ne s’agit nullement d’une allusion perfide à ses talonnettes. Il chercherait, après le fiasco diplomatique tunisien, à se redonner une aura internationale et une influence en Afrique du Nord. L’épithète d’aventuriste n’est pas encore évoqué.
Pourtant, divers signaux ont laissé entendre que, de manière régalienne, Nicolas Sarkozy aurait été tenté de faire cavalier seul. Les déclarations d’Alain Juppé, qui semble regretter que l’usage de la force aérienne n’ait pas été employé « la semaine dernière », semblent l’accréditer. Par ailleurs, sur Agoravox, un spécialiste a imputé le tout crash d’un mirage à une manœuvre d’hasardeux bombardement « au radada » en vue de la préparation d’une attaque contre le refuge de Kadhafi à Tripoli ou à proximité. La Libye avait déjà été bombardée de la sorte, en surmontant de graves difficultés techniques et en occasionnant la perte d’un chasseur-bombardier américain.

Le G8 a fait machine arrière. La Russie et l’Allemagne doutent de l’efficacité d’instaurer un blocus aérien et de clouer au sol les chasseurs et les hélicoptères d’assaut libyens. L’Otan pose des conditions dont l’une est accessible depuis la décision de la Ligue arabe (un support de proximité semblerait acquis), l’autre sujette à caution (qu’une intervention soit absolument nécessaire), la troisième plus draconienne : que le Conseil de sécurité de l’Onu accorde son feu vert. Autant dire qu’il est urgent d’attendre.

Si le seul « secret » que Mouammar Kadhafi détient à propos de Nicolas Sarkozy a trait à une perturbation de son psychisme, la candidature du chef de l’État à un second mandat ne risque pas d’en être fortement affectée. Néanmoins, d’aucuns pourraient être tentés de réclamer la publication de bulletins de santé. Le précédent le plus récent, portant sur la sénilité supposée de Liliane Bettencourt, laisse envisager que l’argument pourrait faire « pschitt », comme l’évoquait Jacques Chirac à un tout autre sujet.

À la manière du « Journal de Carla B. », du Canard enchaîné, cela aurait pu donner « Sarkozinzin ! Chouchou ! Voilà Mon Guide taxé de débloquer par l’autre…  Une vraie fillonerie. Heureusement qu’il nous reste de véritables amis en Afrique, comme ce bon Jacob Zuma, le Zoulou. Mon Lion a le cœur zazou, mais avant de transporter son cerveau dans une valise, comme l’autre qui se prend pour John Galliano et veut prendre le thé chez Al Quaida, il va les lui faire faire, au Tripolitain ! ».