Teddy Riner estime s’être "fait voler" en finale du tournoi des toutes catégories.

Teddy Riner n’a pas digéré sa défaite en finale du tournoi des toutes catégories des Mondiaux de judo, lundi, à Tokyo. Battu par le Japonais Daiki Kamikawa, le Français n’a pu retenir quelques larmes sur le podium malgré sa médaille d’argent, ni retenir sa colère au moment d’évoquer cette finale dont l’issue s’est jouée sur décision de l’arbitre, les deux judokas n’ayant pu se départager à l’issue du temps additionnel.

Au micro de RTL, Riner a laissé éclater sa rage, reprochant à son adversaire de n’avoir fait "aucune action" à part "des gros coups de patte qui font mal aux jambes". "C’est moi qui ai fait toutes les attaques", estime Riner. "Il n’y a pas de fair-play, je me suis fait avoir, je me suis fait voler", a-t-il lâché, des sanglots dans la voix. "Je ne pensais pas que ça m’arriverait au Japon. Je fais tout le combat et c’est lui qui gagne", a lancé, très énervé, Riner, selon un journaliste de l’AFP. "Ce qu’il faut retenir c’est le match. Qui avait la garde, qui a attaqué le plus, qui a mis le plus en danger. C’est pas lui. Il devait prendre des pénalités ! Le match je devais le gagner depuis longtemps !", a poursuivi le Français.

"TROP TENDRE"

La frustration est bien sûr énorme pour le judoka de Levallois, qui avait là l’occasion de devenir le premier, dans sa discipline, à conquerir cinq titres mondiaux. Mais la décision de l’arbitre peut toutefois se justifier au regard de la physionomie du combat. Dominé et attentiste dans le temps réglementaire – où il aurait probablement pu être sanctionné –, le Japonais a ensuite été le plus incisif des deux combattants lors de la prolongation. Submergé par la déception et le sentiment d’injustice, Riner a refusé de saluer son adversaire après le combat. Dommage. A seulement 21 ans, le Français, qui avait déjà remporté la médaille des plus de 100 kg, jeudi, à Tokyo, aura encore l’occasion d’entrer dans l’histoire du judo.

Interrogé quelques heures après le combat par l’agence Reuters, le Guadeloupéen avait retrouvé une certaine distance dans l’analyse. "La décision, c’était à moi de la faire, sur le tatami, de manière claire et nette mais je me suis épuisé à chercher une solution, me demander comment j’allais faire tomber ce monobloc refusant tout combat", a-t-il expliqué. "Comme il ne combattait pas, comme il mettait les brancards à tout bout de champ en faisant bloc avec ses jambes, j’étais sûr et certain qu’il allait être pénalisé. Il ne l’a pas été." "A cause de mon jeune âge donc de mon manque d’expérience, j’ai été trop tendre, pas assez méchant. Certes, j’ai été le patron de bout en bout mais pas de manière décisive. Résultat ? Ben oui, j’ai encore énormément de travail à abattre pour arriver à me sublimer dans de tel moment", a-t-il encore déclaré.

"RESTER DIGNE EST LE PLUS IMPORTANT"

Benoît Campargue, entraîneur de Teddy Riner, a également dénoncé comme injuste la décision des arbitres tout en affichant sa volonté de "rester digne". "Depuis le début de ces championnats, nous savions bien que les décisions d’arbitrage ne nous étaient pas favorables", a-t-il dit à Tokyo. Pendant que son poulain de 128 kg filait vers une réception à l’ambassade de France, Campargue a fait face et malgré sa colère "en train de retomber" a essayé de "garder la tête froide".