A l'approche du 25 décembre (période où même les sceptiques les plus endurcis se prennent à croire, l'espace d'un instant, au Père Noël), on apprend la mise sous contrôle judiciaire, garantie par un bracelet électronique, du dirigeant d'une entreprise fort honorablement connue depuis des dizaines d'années. Cet établissement s'était fait remarquer par sa générosité à l'égard d'un grand nombre d'associations humanitaires, soutenant de louables projets d'économie sociale, locale ou planétaire. Il s'était fait une spécialité de proposer des placements à des taux de 10 à 12 % l'an, ce qui équivaut presque à un doublement sur six ans.
Monsieur Comolet et Monsieur Lemaire auraient pourtant tort de pâlir et de transpirer à grosses gouttes à l'annonce de ces bien tristes nouvelles : une fois n'est pas coutume, ce n'est pas la CNCE qui fait la une des médias, mais BMIS (Bernard L. Madoff Investments Securities).
Au risque de se faire rincer au savon de Marseille, et sans pour autant hurler avec le loup, on peut se livrer à un comparatif.
BMIS et la CNCE n'ont en commun que la date du 11 décembre 2008, qui demeurera un si mauvais souvenir pour les deux (arrestation de son dirigeant pour la première ; fronde de ses clients pour la seconde). Mais les différences demeurent, de très loin, plus nombreuses que les similitudes :
- BMIS est sous le coup d'une procédure de liquidation judicaire.
La CNCE n'en est fort heureusement pas là: la Commission Bancaire l'a seulement sommée «de trouver des solutions pour être en conformité avec le « ratio de solvabilité » auquel tous les établissements bancaires doivent se conformer» (http://www.mediapart.fr/journal/economie/130508/les-caisses-d-epargne-veulent-mettre-la-main-sur-un-tresor-de-2-milliards-d-), - le site Internet de BMIS (http://www.madoff.com/) publie, sur son unique page, une information selon laquelle «toutes les plaintes des clients de BMIS seront traitées par M. Picard en sa qualité de syndic SIPA (Securities Investor Protection Act). Les clients et les plaignants doivent se référer au site Web de la SPIC (Securities Investor Protection Corporation) pour y trouver les informations nécessaires au traitement des réclamations».
Celui de la CNCE (http://www.groupe.caisse-epargne.com/) reste muet, en page d'accueil comme dans les autres, sur les possibilités de recours de ses clients auprès de l'AMF (Autorité des Marchés Financiers), de l'ACAM (Autorité de Contrôle des Assurances et des Mutuelles) ou de la DGCCRF (Direction Générale de la Consommation, de la Concurrence et de la Répression des Fraudes), - la clientèle de BMIS était constituée, pour l'essentiel, d'institutions ayant pignon sur rue: banques, fonds spéculatifs, sociétés industrielles, fondations, … Pour ce qui est des particuliers, ils ne se comptaient que sur les doigts de quelques mains. De plus, ils sont souvent considérés comme des rentiers qui pensent que la seule valeur c'est l'argent; qui songerait alors à les plaindre?
Celle de la CNCE, a contrario, en est l'exact symétrique: une poignée de personnes morales, (des associations, des collectivités locales, …); mais une myriade de modestes épargnants. - pour indemniser les victimes de BMIS, 37,5 milliards d'euros devraient être dégagés.
Alors qu'il n'en coûterait que quelques dizaines de millions à la CNCE (bien peu de chose, à la vérité) pour dédommager les siennes, - enfin, last but not least, les clients de BMIS faisaient la queue à la porte de ses bureaux, espérant la faveur de la franchir.
Ceux de la CNCE étaient activement démarchés jusqu'à leur domicile.
Des différences majeures aux yeux de Roger, Paulette et Emmanuel, pour ne citer qu'eux.
En 2001, Georges a 52 ans quand il perd son emploi. Il se rend à son agence, un chèque représentant le montant de son indemnité de licenciement en poche (11.000 euros). Il explique clairement son objectif : « A mon âge, je crains de ne plus trouver d'emploi et dans 5 ans les Assedic me radieront. Je dois donc trouver un moyen de survivre entre 57 et 60 ans, avant de bénéficier de ma retraite ». L'Écureuil lui propose la stratégie Doubl'O : « Ce n'est pas 11.000 euros que vous aurez à la sortie, mais 22.000 ! ». Georges se sent sauvé. En 2007, il apprend la nouvelle : pas de doublement ! Il a même perdu plus de 6 % par rapport à 2001, que l'Écureuil a prélevés en droits d'entrée et en frais de garde … Aujourd'hui Georges survit « à la débrouille », comme il peut ! Enfin, tant qu'il peut payer son loyer … Vivement la retraite !
En juillet 2001, Paulette cède aux sirènes de F…, sa conseillère, et souscrit 32 parts. Pourtant, elle aurait dû se méfier, Paulette, car dix ans auparavant, l'Écureuil lui avait déjà placé pour 30.000 F de parts de SCPI Pierre Écureuil. Elle a mis 4 ans pour les revendre et ne retrouver que le tiers de son épargne ! Mais Paulette à confiance : on ne se refait pas à 74 ans ; et puis, ils ont l'air si sûrs d'eux ! En 2001, avec sa petite retraite de 622 euros par mois, Paulette ne pense qu'à ses petits enfants qu'elle pourra gâter dans six ans … Pauvre Paulette : son bien n'a pas fructifié ; il a même régressé (droits d'entrée, frais de garde) et encore bien davantage si l'on songe à l'évolution du coût de la vie depuis la souscription. En 2008, le Père Noël fera comme d'habitude !…
Emmanuel habite une région économiquement sinistrée. Il n'a pas d'épargne, juste un crédit pour sa voiture. Un jour de 2002, un Écureuil se transforme en diseur de bonne aventure : « Je te prête l'argent nécessaire à l'achat de mes Doubl'O. Tu n'auras qu'à rembourser les échéances du crédit tous les mois et dans six ans tu toucheras le pactole ! ». La bonne affaire, se dit Emmanuel : mieux qu'au Loto. Il signe tout ce qu'on lui présente, d'autant que l'Écureuil ajoute que c'est une opération exceptionnelle et qu'il n'y en aura pas pour tout le monde. L'Écureuil est ambitieux pour son client ; il le met au taquet des crédits consommation : plus de 21.000 euros ! Et pendant six ans, Emmanuel rembourse 110,31 euros chaque mois, attendant patiemment le miracle promis par « la formule ingénieuse pour épargner à son rythme » ! En avril 2008, l'Écureuil (un autre, car le personnel tourne vite) avoue à Emmanuel que son placement à fait flop. Emmanuel demande alors qu'on lui fasse le calcul : les mensualités, plus 2 % de droits d'entrée, plus 0,7 % par an de frais de garde … Il finit par réaliser le montant de sa perte sèche : 7.044 euros, soit plus de 5 mois de son salaire de smicard. Dur réveil !…
Roger, Paulette, Emmanuel n'en veulent même pas à leurs conseillers, sachant bien qu'eux mêmes ont été abusés. Ils dorment plutôt mal, depuis qu'ils ont réalisé leur déconvenue. Il leur arrive pourtant encore de rêver ; la dernière fois, c'était d'une carte de vœux qu'ils venaient de recevoir.
Alors, pour Roger, Paulette, Emmanuel … et les autres : joyeux Noël !
royalties !!!!!!
Bonjour,
Je vois que Come4News est le premier site du journalisme citoyen REMUNERE . Je suis donc dans l’obligation de vous faire parvenir par voie officielle le montant de mes « droits d’auteur » correspondant à la parution de la carte de voeux de la CE , créature de mes nuits d’insomnies « doubl’oesques ».
Mais non , je plaisante , dormez bien …..c’est cadeau pour les fêtes !!!! je décline simplement toute responsabilité en cas d’explosion
Tous mes voeux à ceux qui liront ( et aux autres ) cet article trés interessant.
Bonjour
JPLT007,
C’est quand même incroyable, et ce pauvre homme qui perd de l’argent alors qu’il en a besoin, simplement parce qu’il a fait confiance à son banquier.
Je vote Super, pour ce très bon article.
Amicalement.
ANDREA et Joyeux Noël JPLT007.[img]http://yves.marsal.free.fr/atoutgifs/noel/ynoel60.gif[/img]
Joyeux Noël!
Roger, Paulette, Emmanuel peuvent écrire des articles sur C4News, premier site d’articles rémunérés en France. La direction se fera un plaisir de leur fournir , l’électricité, le matériel informatique, et la connexion ……
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