Notre excité Président passe ses nerfs sur les journalistes à l'envie, une désormais habitude qui limite d'autant le champ d'expression. A moins de claquer sans cesse des talons, il n'y a guère d'avenir pour la profession.
A l'heure d'un premier bilan ennuyeux, il lui fallait trouver un bouc émissaire. La Gauche ? ce n'était pas crédible. Le centre ? c'était limite risible. La conjoncture internationale ? déjà fait. Fillon ? quotidien.

La lumière est finalement venue d'où on l'attendait le moins. Les médias ! et notamment l'AFP, et le Journal du Dimanche, Marianne, le Parisien, l'Express .
Leur crime ? "s'attribuer la fonction d'opposition" et nuire donc à l'image du mètre 68 qui nous gouverne.
Vous noterez comme moi que considérer les trois derniers nommés comme d'opposition relève quand même plutôt de la paranoia qu'autre chose. Du reste certaines analyses ardues tentent de m'expliquer que l'Express par exemple est visé car trop proche de… Carla Bruni ! fichtre.
Au fil des jours, les incidents cependant se multiplient qui marquent bien une rupture, celle du droit à l'information.

Vendredi 9 Mai, Sarko 1er se rend au Grand Palais pour y découvrir une exposition. Et oui, entre deux longs week-ends à Marrakech, il n'arrête pas. Au passage, il renvoie vertement un photographe de l'AFP qui eut l'outrecuidance d'être présent… à la demande du service presse de l'Elysée !Deux jours plus tôt, c'est à l'Assemblée Nationale qu'une journaliste se voyait renvoyée et retirée son accréditation pour cause de question tendancieuse à l'égard de la Comtesse de Lagarde. "Quelle serait la politique du gouvernement vis à vis des niches fiscales des entreprises ?" faut reconnaître que c'est limite diffamatoire. Ni une, ni deux, la garde rapprochée ministérielle représentée par la présidente de l’association des journalistes parlementaires réglait le problème. Qui n'en est plus un.

Evidemment si là aussi l'inspiration est américaine cela promet d'autres jours heureux ou d'autres nuits des longs couteaux, c'est selon.
Il est d'ailleurs symptomatique que l'affaire des pseudo spécialistes de la guerre en Irak révélé par le New York Times récemment passe chez nous comme une lettre à la Poste. 75 analystes formatés par le Pentagone, manipulés par les fabricants d'armes et infiltrés depuis le début du conflit irakien dans tous les grands médias US pour distiller tous la même bonne parole… ça peut faire rêver hein ? Avec leurs trombines de vétérans au teint halé, ils ont raconté ce que l'Etat a voulu qu'ils racontent sans que personne n'ose les contredire. Et pendant ce temps là de jeunes soldats US souvent blacks et latinos certes, se sont fait descendre au nom d'une cause perdue et viciée…
Oubliées les images retouchées des plis graisseux présidentiels, la censure complaisante de l'ami Lagardère sur les infos dérangeantes, la nomination de proches dans les conseils d'administration de tous poils, les menaces à peine voilées exprimées (ou appliquées, voir le départ soudain du directeur de la rédaction du JDD, Jacques Espérandieu) aux infidèles… l'heure est à la complainte du mal aimé et à une volonté de reprise en main.
Le statut des sources et de leur protection est à l'ordre du jour via un projet de loi qui, nous dit-on, va protéger le secret en y incluant des … restrictions ! C'est toute la rhétorique sarkozienne ainsi résumée… Ne nous y trompons pas, bientôt les cartes de presse seront à retirer à la Kommandatur la plus proche.
Tout ceci ne sont bien sûr que vilaines supputations car comme nous le précise le très objectif Figaro, "Les médias s'intéressent trop à l'accessoire au détriment de l'essentiel quand il s'agit du pré­sident de la République".
Et oui il suffisait d'y penser ! Des médias Bling Bling insouciants ne rendent pas compte du sérieux du travail présidentiel.
L'homme au plus de 250 couvertures de magazine en 2007 est donc la victime de médias négligents et superficiels.
Moi je ne vois qu'une seule solution pour donner une bonne leçon à ses requins sans coeur. Que notre Président bien aimé boycotte les médias jusqu'à nouvel ordre et qu'il se consacre à l'essentiel dans la plus stricte intimité !