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Quelques jours plus tard, nous sommes transférés. Les SS nous font monter dans un grand wagon, nous sommes tous serrés les uns contre les autres, les uns avec les autres. Le voyage est long, j’ai faim, j’entends ma petite sœur qui pleure car elle a mal au ventre. Nous arrivons, Auschwitz nous accueille de ses bras repoussants, une puissante lumière nous aveugle, c’est un immense projecteur que les SS prennent plaisir à brandir devant nous pour nous éblouir et nous impressionner, comme si la peur n’était déjà pas à son apogée. Nous entendons des chiens aboyer et les SS pousser des hurlements.
Le Pitchipoï, loin d’être un château est plutôt un empire de barbelés. Nous hésitons tous à descendre mais les Allemands empoignent ceux qui sont près de la porte, les tires et les rouent de coups. La lumière nous laisse entrevoir des corps morts près de nous, ma mère pleure, mon petit frère est sans vie, le voyage a été trop éprouvant pour cette pureté fragile.
Nous descendions tous, les Allemands nous comptent et nous ordonnent de descendre les corps qui sont restés dans le wagon. Nous sommes triés, les enfants, les vieillards et les gens faibles partent dans une marche macabre, je ne sais pas où ils vont, ma petite sœur fait partie de cette marche, elle est seule et je l’entends hurler. Je ne l’ai jamais revue. Ils nous ont demander de nous déshabiller. Trop de honte. Ils n’auraient pas pu faire pire. Je me sentais sale, offerte aux regards de tous. Nous étions comptés, recomptés, et battus si nous ne répondions pas rapidement à notre nom, en plus ils l’écorchaient le rendant encore plus difficile à comprendre. Nous entrons dans une grande salle, nous sommes immatriculés, mon nom n’est plus ce qu’il était, c’est un numéro. Je n’est plus d’identité je ne suis qu’un nombre parmi tant d’autre. Et comme si tout cet affront à mon identité ne suffisait pas, ils m’ont rasée. Mes beaux cheveux ont jonché le sol, pourquoi tant de haine envers nous, je ne suis plus qu’un animal, une bête sale. Ils nous emmènent aux douches, l’eau est brûlante, tout le monde a crié de douleur. Douche brûlante ou glaciale tel était le supplice…
Je viendrais vous lire chaque semaine… Bravo d’oser parler de ce qui a été, dur, mais nécessaire, ne serait-ce que pour ne plus reproduire…