Joey Ramone, inoubliable chanteur des légendaires Ramones tout au long de leur mythique carrière (1976-1996), nous a quitté après plusieurs années de lutte contre un lymphome (cancer du système lymphatique) en 2001. Il était alors sur le point de sortir son premier album en solo, le splendide « Don’t Worry About Me », paru finalement l’année suivante à titre posthume, témoignant de toute la classe d’un compositeur et vocaliste hors-pair largement sous-estimé. Aujourd’hui, onze ans après sa disparition, la carrière en solitaire du géant new-yorkais (2m02) se poursuit, avec « Ya Know ? », un deuxième opus longtemps attendu…

 

 Il s’agit de quinze titres laissés inachevés et sur lesquels Joey Ramone travaillait en vue d’un nouvel album -pour la plupart avec le producteur Daniel Rey (déjà aux manettes de « Don’t Worry About Me » ). Quinze titres, dont treize totalement inédits et deux déjà enregistrés par les Ramones -mais livrés ici dans des versions très différentes. La finalisation du projet semble avoir été longue et difficile pour Mickey Leigh, frère de Joey Ramone et "producteur exécutif" de l’album, qui a eu bien du mal à récupérer les bandes, restées en la possession de Daniel Rey -choisi à l’origine par Joey et bien déterminé lui aussi à terminer le travail. Mais laissons de coté ces querelles intestines dont nul ne ressort grandit et ne gâchons pas notre plaisir… Contentons-nous du résultat final, qui nous permet de retrouver un Joey éternellement vivant et à la fraîcheur contagieuse, accompagné d’invités plutôt classes (citons entre autres Ritchie Ramone, Jean Beauvoir, Andy Shernoff et Joan Jett), le tout ficelé avec brio par Ed Stasium. Le plus souvent, notre toqué adoré assure dans le plus pur style Ramones, avec d’incontestables réussites à la clé, comme « Going Nowhere Fast », « What Did I Do To Deserve You », « Seven Days Of Gloom »ou encore « There’s Got To Be More To Life » : refrains imparables et poésie urbaine sont au rendez-vous. Sa légendaire obsession pour Phil Spector et les girls-groups des sixties n’est pas oubliée, comme en atteste un « Party Line » éblouissant de simplicité (en duo avec Holly Beth Vincent). Il est difficile de croire que les prises de sons vocales proviennent de simples maquettes, tant la voix de Joey est magnifique. Quelques escapades, assez éloignées du style parfois brut des Ramones, étonnent :l’émouvante ballade « Waiting For That Railroad », une version acoustique de « Life’s A Gas » qui clôt l’album ou encore l’inattendu « Make Me Tremble », où l’on imagine Joey au bord de la plage, chapeau de paille sur la tête, sirotant un cocktail avec une longue paille d’une main, un maracas dans l’autre… Et c’est ainsi que l’on se souviendra de lui : icône iconoclaste au charisme hors-du-commun et indéfinissable. Rock’n’roll is the answer !

 

 

Joey Ramone

« Ya Know ? »

BMG/Rough Trade

2012