En se fondant sur divers indicateurs (réservations dans les agences de voyages, demandes de devises étrangères, sondages…), la presse britannique estime que près d’un tiers des sujets de sa gracieuse majesté hors Irlande du Nord fuiront la Grande-Bretagne pendant la durée des Jeux Olympiques de Londres (27 juil.-12 août). Londres, en particulier, se videra de ses habitants qui seraient nombreux à préférer des destinations exotiques, si possible de pays ne participants aux JO.
L’exode gagnera-t-il d’autres pays européens ? Pour échapper au flot des retransmissions de compétitions olympiques, à l’interminable flux de résultats annoncés sur les « petits » écrans, les Européens vont-ils déserter fin juillet et début août ? En tout cas, échapper aux embouteillages, aux symboles olympiques déployés partout, et au battage des promoteurs de l’olympisme pousse les Britanniques, en particulier les Londoniens, à fuir, le plus loin possible, en fonctions de leurs ressources.
Perso, j’aime bien les invasions. Tout minot, je présume que j’aurais apprécié l’invasion de la France par les blindés de la Wermacht (moins les Stukas, et bien davantage, ensuite, la progression de la 2e DB…). En tout cas, j’ai bien apprécié de converser avec des Écossais en kilt lors de la victorieuse coupe du monde de football au Stade de France (en 1998 ?), et même, bien qu’antireligieux, les ados et jeunes de JMJ papales.
Et puis, comme je ne regarde pratiquement jamais la télé, que j’ai peu à me déplacer dans Paris, l’invasion des touristes c’est pour moi un spectacle vivant de rue gratuit que j’apprécie.
Beach volley à la rigueur
Je veux bien aussi admettre que, puisqu’il m’arrive de jeter un regard distrait aux joueuses de tennis en jupettes si je croise un bar retransmettant des rencontres, je pourrais à la rigueur m’attarder un peu à contempler des joueuses de volley de plage. Voire même des escrimeurs ou des cavaliers des sauts d’obstacles, ou des véliplanchistes. Tout le reste, pratiquement, me barbe.
Le budget prévisionnel des JO de Londres a quadruplé, les prix de la restauration vont grimper (peut-être pas autant que les locations), et les Britanniques, en leur majorité, en ont franchement marre. Au point que presque le tiers d’entre-eux disposant d’un peu de moyens vont fuir leur pays pour la durée des Jeux. L’exode devrait toucher dix millions de personnes ou davantage. Seuls les Gallois et les Irlandais du Nord (habitants de deux régions plutôt pauvres, aussi), plus à l’écart de la tourmente, sont moins enclins à choisir les dates des Jeux pour séjourner à l’étranger.
Près de 14 % auraient préféré rester chez eux en l’absence des Jeux mais 3 % des « exilés » par dépit auraient volontiers assisté à une compétition… s’ils avaient pu obtenir un billet d’entrée. Les plus fortunés veulent fuir le plus loin possible, en Extrême-Orient par exemple, ou vers des îles paradisiaques.
À Londres intramuros, les bousculades des piétons autour de Piccadilly ou sur Oxford Street devraient être réduites. 500 000 touristes sont attendus, mais plus du double des résidents habituels (1,3 million) vont déserter la place. Fin juillet, il y a encore des cours dans les établissements scolaires, mais les parents seront très nombreux à leur « infliger » l’école buissonnière. Mais comme dix ou 11 millions de personnes sont supposées assister aux Jeux, au moins en partie, les réseaux ferroviaires et métropolitains risques d’être saturés, les bus pris d’assaut.
Du coup, certains employeurs, craignant de forts retards de leur personnel, incitent à prendre ses vacances pour la durée des Jeux. Ou à expérimenter le travail à domicile.
La crise économique, durement ressentie, aura sans doute freiné les envies d’ailleurs ressenties au Royaume-Uni en raison des Jeux Olympiques. Mais elles vont peut-être croître car une étude de l’OMC et d’autres chercheurs craignent une pandémie de divers types de grippes (aviaire ou porcine). Des avertissements incitant à la vigilance ont été adressés aux hôpitaux, cliniques et aux médecins afin de détecter au plus vite tout risque de contamination. Le NHS (National Health Service) s’intéresse aussi aux prostituées dont le nombre a déjà plus que doublé autour des stades afin de capter la clientèle des ouvriers, gardes, travailleurs divers. Elles seraient déjà plus de 250 sur place, mais il est estimé que le Grand Londres en compte près de 10 000. Très (ou trop à leur gré) surveillées par la police, vont-elles rejoindre les plages d’Espagne ou du Portugal ou de Malte pour suivre la clientèle habituelle ?
Ajoutez à cela les menaces terroristes qui mobilisent tant de gens, et on finit par se demander si les Jeux n’emm… pas plus de gens qu’ils n’en réjouissent. Durablement d’ailleurs car outre la note immédiate à payer, l’entretien des équipements et de diverses infrastructures durables posent problème pour longtemps, comme divers JO précédents l’ont établi.
Tout cela pour ça ? On pourrait se poser la question…