Ah, enfin un pays qui n’a pas attendu le bilan des Jeux Olympiques de Londres, qui vont engraisser quelques mafias et mettre des gens sur la paille, pour réagir. Rome a donc retiré sa candidature pour l’organisation (euh, les dépenses, car l’organisation se fait ailleurs, les gadgets sont importés de Chine, &c.) des Jeux olympiques de dans huit ans. Salutaire décision.

Les mafieux du BTP d’Italie (et d’ailleurs) vont pester et pleurer. Rome n’avait qu’un jour de répit pour présentation sa démission devant le Comité international olympique (CIO).
La raison l’a emporté, pas question de se retrouver comme la Grèce de 2021, encore plombé par des JO vieux de plus d’une décennie.

Pour la France, et quelques manifestations internationales, c’est malheureusement trop tard, le coup d’envoi est parti.

En Italie, ce serait Mario Monti qui aurait signifié au maire de Rome, Giannai Alemanno, qu’il saurait été « irresponsable » de maintenir la candidature de la ville (et, de fait, des localités voisines).

« Nous sommes arrivés à la conclusion unanime que le gouvernement pense qu’il ne serait pas responsable, dans les conditions actuelles en Italie, d’assumer ces garanties » données au CIO, a déclaré Mario Monti. L’Italie, pour Moody’s, en est à A3 (comme l’Espagne, le Portugal passant à Ba3). Silvio Berlusconi espérait sans doute une affluence de jolies filles peu farouches de tous les pays, il devra en rabattre.

Monti déclare, ce qui ne mange pas de pain, que Rome pourrait être de nouveau candidate pour 2024. Il croit que l’Italie sera assainie de ses mafias d’ici là ? Ou qu’une seule édition des JO ait jamais été bénéficiaire pour un seul pays (pour certains, si, énormément) ?

 

Tokyo ne se porte pas très bien, Madrid n’en parlons pas. Restent Istanbul, Doha et Bakou. D’ici septembre 2013, on verra si Istanbul aura résisté. Ou si Bakou ne sera pas gagné par la contagion. Restera Doha, donc le Qatar, qui devra dépenser des sommes folles pour climatiser les salles. Grand bien lui fasse.

Roma 2020, Monti dice no. Un certain Bersani a déjà répliqué : « Scelta responsabile ». Bien vu. Le coût des JO est toujours imprévisible (multiplié par dix déjà à Londres). Monti a aussi fait allusion à la sécurité. Dans quel état sera l’Italie en 2020 ? Si le chômage ne régresse pas, ces Jeux auraient pu faire l’effet d’un chiffon rouge brandi devant ceux qui manquent de pain.

 

Monti a poursuivi en refusant de se prononcer sur la candidature espagnole. Nous, nous devons nous préoccuper des Italiennes et des Italiens, a-t-il sagement conclu.

Bien sûr, Gnudi a commenté que les sports resteront chéris par le gouvernement italien et que, pour le tourisme, de toute façon, Rome restait attractive sans JO.

Les Olimpiadi di Roma 2020 sont à l’eau, et Gianni Alemanno le déplore, sans imaginer de démissionner.

Fabrizio Cicchitto évoque une « grave erreur ». C’est le chef de file du parti Pdl. Mais l’ensemble des réactions est plutôt bon.

Les JO remontent à 1896, mais ils ont changé de nature à partir de 1969 et la négociation des droits télévisés, et fortement évolué depuis Barcelona 1992. Selon Gavin Poynter, professeur de Sciences économiques et sociales à l’université d’East London, ce fut un tournant, et le début d’un affairisme éhonté gangréné par la corruption. 

On avait présenté Barcelone bénéficiaire. Le touriste venant à Catalogne a été pourtant très cher payé. Et notamment par les locataires qui, depuis, à Barcelone, ont vu constamment leurs loyers augmenter. Pour les jeux d’Atlanta, ce n’est pas l’État américain, mais des partenaires privés, qui ont payé (et répercuté leur contribution sur ce qu’ils avaient à vendre). Les emplois à Sydney ou Athènes n’ont pas été durables. Les Giochi de Rome seraient sans doute revenus plus chers que ce qu’ils étaient censés rapporter. Turin paie encore ses JO d’hiver.

 

Partout, les charlatans du comité olympique ou des grandes fédérations sportives vantent des retombées économiques qui ne se concrétisent que pour quelques bénéficiaires, dont bien évidemment, d’abord, surtout, eux-mêmes.

Claudio Ortale, du Prc/Fds a évoqué le David qu’est l’opinion et le Goliath que sont les lobbies des cimentiers et des acteurs du BTP. Et aussi le Ghota des classes possédantes italiennes. Olympic Games? No thanks! estime la gauche italienne.

Roma Bene Comune (Rome, bonne ville) y voit une première victoire. La lutte continue !

 

Rome se retrouve avec un vélodrome à démolir (en désamiantant) depuis les JO de 1960. C’est un peu comme les centrales nucléaires, les stades.

Transmis à Delanoe…

Rome avait été donnée ville olympique favorite, même si la Ligue du Nord voulait privilégier Venise (ben voyons, allez donc déjà loger à Venise même, pour voir). La réalité est que l’État italien aurait dû investir 4,7 milliards d’euros pour une augmentation, sur le papier, du PIB italien de 1,4 % (et des frais épouvantables de fonctionnement par la suite). La Chine a certes épongé les 20 milliards de ses JO, mais pour la Grèce, ce fut le début du déclin. Atlanta n’avait rien perdu, mais les consommateurs, américains et autres, si : car tout se paye.

Toutes les grandes manifestations sportives italiennes (dont les championnats du monde de natation de 2011) se sont accompagnées de scandales politico-financiers.

« Nous ne voulons pas que ceux qui gouverneront l’Italie dans quelques années se retrouvent en difficulté, » a conclu sagement Mario Monti. Message transmis à Delanoe et à quelques autres… Tiens, au fait, si Sarkozy renonçait à sa candidature, cela ferait quelques économies…