L’échec d’Istanbul dans sa quête des Jeux olympiques de 2020 a été très durement ressenti par une population turque fière de son pays et qui s’enorgueillissait d’inviter le monde entier à sa table. Les raisons de cet insuccès sont nombreuses et une éventuelle prochaine candidature turque devra revenir sur ces aspects afin de ne pas revoir le même mauvais film se tourner.
C’est un revers cuisant. Istanbul attendait sa désignation comme ville accueillant les JO de 2020. Malheureusement, même si les autorités gouvernementales — main dans la main avec la plus grosse formation politique d’opposition, le Parti républicain du peuple — ont redoublé d’efforts pour faire valoir leur projet, c’est la ville de Tokyo qui a remporté cette victoire, et de loin, à 96 voix contre 36 allant à la capitale turque.
À la suite de cette déception, il convient donc d’en tirer les conséquences. Il convient également de revenir sur les causes de cet échec. S’il y a beaucoup à dire, et à contester, on ne peut pas faire porter le chapeau à l’organisation des sports turcs, victime comme partout, de scandales liés au dopage ou à la violation de certaines règles. Si ces causes sont vite écartées, trois autres justifient l’insuccès à persuader le CIO, le Comité international olympique, de la cohérence d’Istanbul comme ville organisatrice.
En premier lieu, la responsabilité va à une campagne de promotion d’un niveau exécrable. À qui la faute ? Le parti du gouvernement, l’AKP, avait organisé son plan de bataille en s’appuyant sur des collaborateurs plus dévoués que capables. Le résultat qui en est sorti, sont des films sensés convaincre et expliquer le projet d’organisation turque, mais d’une qualité tout simplement accablante. Des films amateurs et en totale inadéquation avec l’enjeu mondial que représentent les Jeux olympiques. À la limite, la présentation a été si mauvaise, qu’on pourrait imaginer qu’elle a été conçue pour totalement compromettre Istanbul. À aucun moment, contrairement au film japonais, on ne voit une métropole active, enthousiaste pour le projet et le sport en général, dotée d’aménagementsexceptionnels.
Par ailleurs, le degré d’Anglais est consternant… Cet élément peut paraître anecdotique, mais il ne l’est pas, il est révélateur. Plus largement, la Turquie a certainement souffert de son image actuelle : l’instabilité qui lui colle à la peau depuis les évènements du parc Gezi en mai dernier. Ils ont fait 5 morts et 8 000 blessés, et au-delà, ont mis à mal la démocratie. Cette crise a eu des conséquences destructrices pour la candidature d’Istanbul. Le gouvernement y est apparu autoritaire, violent et antidémocratique, des notions qui vont à l’encontre même des valeurs du sport, de la fraternité, de la cohésion.
En troisième lieu, la Turquie a très certainement payé le prix de son isolement dans la région, qui est le sien aujourd’hui. Toute la communication d’Istanbul 2020 s’est appuyée sur le lien entre les pays, la métropole turque souhaitant faire figure de passerelle entre différentes cultures. Mais elle a totalement échoué. Probablement aussi parce que du point de vue de la diplomatie, la Turquie est en train de payer pour ses méprises récentes et passées. Résultat, Istanbul n’a pas su rassembler.
Ces trois éléments sont à l’origine de l’échec turc, le pays avait la garantie d’un budget bien plus élevé que le budget japonais. Il faut espérer que la Turquie fera mieux pour l’échéance de 2024. Cela ne se fera pas sans une démocratie consolidée, une diplomatie réaliste et une meilleure campagne de promotion.