« La musique et l’amour sont les deux ailes de l’âme. » Hector Berlioz

Si je n’étais pas contrainte de tracer 900 mots, mon travail aurait pu se résumer en cette unique phrase et  combien révélatrice, de la portée de l’organisme de Jeunes Musiciens du Monde   . Car avec sa mission, qui est de  contribuer à l’épanouissement des jeunes de milieux populaires en développant des écoles de musique gratuites, axées sur le patrimoine, l’organisme permet non seulement d’avoir un impact direct sur les jeunes, leur famille et leur milieu, mais il contribue largement à améliorer notre monde à plusieurs niveaux. Laissez-moi vous faire découvrir davantage ce merveilleux projet, tout d’abord par un aspect descriptif, ensuite sous le regard de deux philosophes et enfin en répondant aux éventuelles objections émises à l’encontre d’une telle cause.  L’organisme est né  de l’initiative de Mathieu et Blaise Fortier, Agathe Meurisse-Fortier et Ustad Hameed Khan, réunis en Inde en 2001. Constatant les conditions précaires dans lesquelles évoluent plusieurs jeunes indiens et animés du désir d’offrir une alternative meilleure, les fondateurs allient leurs passions et réalisent le projet de leur offrir gratuitement une éducation à la musique classique indienne.  Après un an passé auprès de 40 jeunes, les résultats sont éclatants : les élèves se révèlent talentueux, motivés et assidus, leur santé s’améliore, ils font preuve de solidarité, de tolérance, leur estime d’eux-mêmes et leur vision de l’avenir sont plus justes et enrichies. Aujourd’hui, les 180 élèves de l’école sont logés, nourris, vêtus, soignés et reçoivent une éducation scolaire et musicale de qualité pour toute la durée de leur scolarité. Jeunes Musiciens du Monde     porte ses fruits jusqu’ici aussi, car même si, financièrement, le Québec semble moins pauvre que l’Inde, les besoins des jeunes  sont aussi important.  C’est pourquoi, depuis 2003, cinq autres écoles ont vu le jour, à Québec, Montréal, Kitcisakik, Sherbrook, Trois-Rivières. Et d’autres sont en projet d’ouverture dont l’une à Jonquière (Saguenay), qui prévoit démarrer ses activités en janvier. L’approche de Jeunes Musiciens du Monde   se distingue dans la mesure où elle s’articule autour de trois axes, soit l’apprentissage musical, le développement personnel des élèves (par le suivi et l’encadrement professionnel d’un psycho-éducateur), et enfin le développement social dans la communauté qui consiste à associer les écoles de Jeunes Musiciens du Monde  à d’autres organismes du milieu pour optimiser les actions face à des enjeux communautaires. Jeunes Musiciens du Monde  a évidemment besoin de fonds réguliers afin d’assurer le maintien de ses services auprès des jeunes. Ces fonds proviennent de plusieurs sources  : activités d’autofinancement, contributions de fondations, d’entreprises privées, d’organismes et de communautés religieuses, subventions gouvernementales, apports reçus sous forme de fournitures et services et dons de particuliers. Les Soirées Jeunes Musiciens du Monde  constituent le plus important moyen de financement de l’association : elles en sont en quelque sorte la colonne vertébrale financière. De plus elles permettent de mobiliser le public pour la cause et de la faire connaître par le biais des médias. Apportons maintenant l’éclairage de deux philosophes. Le premier, c’est celui d’Emmanuel Kant, (17241804) philosophe allemand, fondateur de l’« idéalisme transcendantal ».  Pour lui un geste est moral si il est universalisable. C’est donc dire qu’une cause comme Jeunes Musiciens du Monde    , l’interpellerait sans aucun doute, puisqu’il est moral et  même souhaitable, que pour le plus grand bien de toute l’humanité, des jeunes, qui de prime à bord se voient affublés d’un futur douteux, aient le bonheur d’avoir des ressources et des moyens solides pour faire de leur vie une réussite personnelle et sociale. De plus, Jeunes Musiciens du Monde   travaille à ce que chacune de ses écoles devienne un acteur de développement important au sein de la communauté au sein de laquelle elle est implantée. Afin de bien répondre aux besoins de chacun des milieux, un défi particulier auquel les jeunes de la communauté font face est identifié, comme, par exemple, la persévérance scolaire, l’intégration culturelle, la promotion de l’identité culturelle ou encore l’éradication de la pauvreté. La concertation et le partenariat avec les différentes instances jouant un rôle auprès des enfants sont favorisés. Que ce soit en travaillant avec les parents, les écoles, les centres de santé ou les organismes communautaires. Le deuxième éclairage nous viendrait du philosophe John Rawls, (1921– 2002) philosophe américain rendu célèbre par son œuvre majeure, A Theory of Justice. Rawls  prône la justice et l’égalité.  Dans le contexte économique, politique et social mondial actuel, il est de toute  évidence qu’un organisme comme Jeunes Musiciens du Monde, serait supporté par Rawls, puisqu’ici le facteur de justice et d’égalité est au premier plan.  L’organisme  est sans parti-pris religieux, politique ou culturel.  Son seul but est d’apporter des avantages positifs, par le support musical. En plus d’apprendre à jouer d’un instrument de musique les jeunes développent leurs capacités personnelles et sociales. La présence d’un intervenant social (ou psycho-éducateur) dans chacune des écoles de Jeunes Musiciens du Monde vise à offrir de l’assistance aux enfants mais aussi à leurs parents. Cette personne-ressource permet d’identifier la présence de problématiques psychosociales et d’intervenir ou d’offrir des références, selon les besoins. Sa tâche consiste par ailleurs à outiller les professeurs et à favoriser la concertation avec les autres organismes de la communauté. Qui peut s’opposer à de si beaux projets? Les écoles de musique déjà en place dans les milieux qui auraient peur de perdent des élèves, donc des sous, et ceux qui pensent que de l’argent investi dans de tels organismes ne sert pas réellement à aider les jeunes. Pour les écoles de musique, la réponse est simple : la clientèle visée par Jeunes Musiciens du Monde ne peut tout simplement pas fréquenter des écoles de musique "normales" puisque les frais exigés sont beaucoup trop élevés. Et à ceux qui croient que c’est de l’argent mal investi, je suggérerais d’aller faire un tour dans une des écoles de Jeunes Musiciens du Monde, pour constater à quel point l’organisme fait toute  une différence.  Et comme une petite source d’eau, qui vient rejoindre la rivière, qui rejoint à son tour le fleuve pour rejoindre l’océan, la musique traditionnelle devient donc par l’entremise de Jeunes Musiciens du Monde,  un catalyseur de changement social qui, tranquillement mais sûrement, aura un impact sur l’humanité tout entière.