L'une des dernières interventions de Jean-Marie Le Pen a suscité de fortes réactions dans les commentaires sous les articles de journaux. Non pas celle sur la dernière guerre et sur les chambres à gaz, cela s'est éteint assez vite, mais sur bien autre chose : Jean-Marie Le Pen, qui n'est pas critique de cinéma, aurait déclaré n'avoir pas goûté le film "Bienvenue chez les ch'ti" et plus encore, il y verrait un des symptômes de la décadence de l'esprit français. Quant à la banderole du PSG, ce ne serait pour lui qu'une "bulle de savon". Des déclarations presque sacrilèges pour une partie du public, qui a fait des "ch'ti" ses protégés.
Jean-Marie Le Pen était interrogé sur la banderole insultante pour les ch'ti, des supporteur du PSG. Le président du FN avait déclaré "C'est une bulle de savon. On sait qu'il y a des banderoles plus ou moins fines, intelligentes et de bon goût", avant d'ajouter "On a monté cette affaire de façon dérisoire, d'autant que – je vais peut-être choquer beaucoup de gens – j'ai trouvé le film qui en était à l'origine très médiocre".

Il eut pu s'arrêter là, mais continua : pour lui, le film est une "foucade médiocre" qui aurait pu fâcher des ch'ti, qui n'ont pas tous cette allure-là "à Calais, Dunkerque ou Valenciennes", attribuant le succès du film aux media "C'est une conséquence de la pulsion médiatique", et ajoutant pour finir, "Je crains que ce ne soit un signe de la décadence de l'esprit français".
Je ne me laisserais pas aller à critiquer ce film que je n'ai pas vu. J'ai de la sympathie pour Dany Boon, et le nord est une région que je connais bien et que j'affectionne. Il ne m'a pas semblé à priori que ce film était une offense, il a été fait dans un esprit plutôt affectueux. Mais Dany Boon est originellement un humoriste, non pas un réalisateur, inutile donc d'attendre un chef-d'oeuvre du cinéma, et ce n'est certainement pas l'esprit dans lequel le film a été tourné.
Mais il faut être juste : séparons les propos de l'homme qui les a prononcés. A bien lire certaines critiques, il semblerait qu'un délit de racisme anti-ch'ti est en train de naître. Vous n'aimez pas les ch'ti? Gare! Ce n'est d'ailleurs pas ce que disait cet homme. Parler des ch'ti dans les journaux est actuellement une bonne affaire : la France entière s'est amourachée de cette histoire de gens simples.
C'est peut-être la raison pour laquelle la fameuse banderole du PSG a tant fait couler d'encre. Elle n'avait pourtant rien d'exceptionnel, ce genre de banderole idiote ayant cours dans les stades, quelques exemples s'en retrouvent sur la toile . Parler de racisme, bêtement comme cela a été fait à ce sujet est donc un peu ridicule, tout comme de relever les divagations des cercles de supporteurs de football. Celui qui tient à en faire le décompte n'a pas finit! Mais il s'agit là de la fameuse confusion entre la "discrimination", mot qui finira par perdre tout sens et le "racisme" qui en serait à l'origine. Auparavant des discours franchement racistes s'étaient déjà faits entendre dans les stades visàvis de certains joueurs.
Comment se fait cette confusion? A vouloir tout mélanger, la protection des femmes, des immigrés, des homosexuels, des "seniors" ou encore de l'islam, tout se retraduit dans notre société par les discriminations dont seraient victimes les uns et les autres. Que ressort-il du résumé du film de Dany Boon? Il serait une ode à la tolérance, aux bons sentiments. Il rappellerait que les ch'ti sont de braves gens sous des dehors un peu frustes peut-être. Le film ne s'en approprie pas moins un terme, celui de "ch'ti", sensé représenter une région, ce faisant on ne saurait nier qu'il la caricature certainement un peu.
Chacun rit de bon coeur pendant la projection dit-on, même si quelques critiques pointent ça et là. Tout le monde ne retournera pas voir ce film, même s'il a pu plaire par ailleurs. Mais est-ce un grand film? Rappelons que les Français ont inventé le cinéma, rappelons que le cinéma français a eut de grandes heures et de très grands réalisateurs, qu'il a été reconnu, comme le furent aussi les autres cinémas européens, comme le cinéma allemand ou le cinéma italien, par exemple. Mais le cinéma d'antan n'avait rien à voir avec le cinéma d'aujourd'hui.
L'amateur de vrai cinéma ne saurait en effet qu'être trop souvent déçu de nos films actuels, leur défaut? Les bons sentiments, cela dégouline de partout, au parfum de guimauve, lorsque le film ne se complaît pas uniquement en cascades en tout genre, privilégiant la forme sur le fond. Le cinéma qui savait être complexe est aujourd'hui d'une simplicité déconcertante : il tourne en rond. Trop souvent il se contente à l'image de ses élites de faire la morale à tout un chacun et de donner des points. La vie n'est-elle pas plus complexe?
Mais ce ne serait rien encore si le public n'allait pas applaudir ces films en masse. Le dernier film encensé jusqu'aux oscars, "La môme"  , m'a souverainement déplu. Quoi, cela, la môme, un chef d'oeuvre? Ce n'est pas un mauvais film, il y a pire, bien entendu. Mais il ne s'agit pas d'un de ces films qui vous accompagne après l'avoir visionné. Où sont-ils les "La Grande traversée"  avec son humour emprunt de cynisme, "La main du diable" , ce film de science fiction avec ses trucages réussis, à une époque qui ne possédait pas les mêmes atouts techniques qu'aujourd'hui, ou "Le jour se lève"  , avec Jean Gabin, formidable dans son rôle, plus récemment encore "Les tontons flingueurs"  avec l'apport d'Audiard. Rappelons aussi que plus tôt encore Sacha Guitry avait su inventer un nouveau cinéma et que les réalisateurs de par le monde se sont inspirés de sa façon de filmer, citons encore le réalisme d'un Truffaut…
Décadence de l'esprit français? Jean-Marie Le Pen sait être excessif, c'est entendu. Sur les chambres à gaz il eut bien mieux fait de se taire et ces propos ne peuvent que le desservir. Mais  toujours est-il que l'on voit mal en quoi ne pas apprécier un film, aussi populaire soit-il, relève du délit d'opinion, ses autres propos sur la banderole et le film dans une autre bouche n'auraient certainement pas soulevé les mêmes objections dans la presse et seraient passés inaperçus. Mais rassurons nous, pour les hommes politiques cela n'arrivera pas : ils sont aujourd'hui constamment d'accord avec la foule… Gardons donc nos critiques pour des faits plus grave.
Enfin, je me répète, je n'ai pas vu le film "Bienvenu chez les ch'ti" mais j'irais le voir et je l'apprécierai peut-être, sans me sentir obligé par la suite d'appeler tout un chacun "biloute". Je n'ai pas voulu être trop dur avec le cinéma français d'aujourd'hui et je veux bien bien me tromper. Que le lecteur compatissant me donne des noms de grands films actuels à voir, mais non pas de ces reprises ratées trop souvent mises en avant, comme "Hanted", "Les diaboliques"  (dans lequel parmi de grands acteurs figurait… le petit Johnny Hallyday pour un tout petit rôle) ou encore "La fenêtre"  , comme si le cinéma n'avait plus rien à dire…