En 1948, un tout jeune homme âgé de 24 ans, arrivé à Fez, pour des raisons familiales et s’y installe définitivement. Sa famille, implantée à Fez depuis 1924 l’accueille. Une histoire d’amour est née entre un homme, Jean-Louis THAU et un pays et son Patrimoine, le Royaume du Maroc.
Il est tout de suite séduit par ce pays encore très pur. Jean-Louis THAU s’intéresse en tout premier lieu à cette superbe Médina, aujourd’hui classée au patrimoine mondiale de l’UNESCO, qui cache si bien ses trésors. Il reste un des seuls européens, à en connaître les moindres recoins, veillant en permanence à sa conservation. Il commence à faire connaissance avec les Bazaristes dont certains deviendront des amis chers : Monsieur Sebti place nejjarine, monsieur Bousfiha, au grand taâla et surtout monsieur Laraîchi dont la palais se trouvait près de la Karaouine. Passionné par l’art, très vite le courant s’établie, la confiance et le respect se constituent ; ils lui font découvrir leur trésors. Les bijoux d’argent, très beaux, très lourds, l’attirent particulièrement, tant la richesse et variété du travail illustrent la richesse de ce pays qu’il commence à parcourir par ailleurs. Il en achète alors quelques uns. Parmi ses amis se trouvent un médecin d’origine libanaise, fort savant, docteur en théologie, passionné et amoureux de l’histoire de l’artisanat marocain. Ce dernier l’initie aux coutumes, aux provenances et aux traditions de l’islam; Jean-Louis THAU en gardera jusqu’à la fin de sa vie un très grand respect pour la tolérance et les valeurs de cette religion, bien loin des caricatures…
Très vite les choses s’accélèrent pour notre collectionneur en herbe; De Chaouen à Souk el, Arba en passant par Larache, il sillone le nord du Maroc à la recherche des bijoux du Rif. Il découvre le Haut Atlas, le Tafilalt; Puis c’est le sud, la vallée du Sous, du Darâa jusqu’au grand Sud, Tan Tan; sans parler de Taroudant et de Tiznit… Il organise alors tous ses weekends et voyages en fonction des jours de souks !
Les marchants connaissent sa voiture, il s’enferme dans le fond d’échoppes sans se soucier de ses amis qui parfois l’attendent des heures. Il apprend le marchandage, inévitable, marque de respect, sans lequel un achat ne serait pas pensable, les longs bavarages autour de la tradition du thé. Les marchands respectent son érudition et sa connaissance, souvent lui demandent son avis sur certaines des pièces qu’ils viennent d’acquérir…Sans oublier la satisfaction si propre au collectionneur d’avoir trouvé un trésor.
Ceci va durer presque 40 ans. Il assistera parfois à la destruction d’inestimables fibules, brisées, fondues pour faire du "neuf". Longtemps Jean-Louis TAU visitera ses chers souks; quand il arrive, "l’homme à la Volvo rouge" est attendu, partout reçu, sous la tente, dans les maisons. Répondant toujours présent pour faire les richesses du Maroc, Jean-Louis THAU participera à la réaction e nombreux ouvrages et entretiendra jusqu’au crépuscule de sa vie une correspondance importante avec de nombreux instituts et musées du monde.
C’est le coeur brisé qu’il quittera son Maroc tant aimé, tant défendu, après l’an 2000 pour décéder quelques années plus tard.
Témoignage de Marie-Rose RABATE co-auteur de "Bojoux du Maroc" :
Collectionneur érudit et insatiable des bijoux du Maroc, Jean-Louis THAU m’a accueillie dès le début de mes recherches dans ce domaine avec une généreuse simplicité et une grande disponibilité, et m’a fait libéralement profiter de sa somptueuse collection. Sur une durée de plus de trente années j’ai eu accès de nombreuses fois par ailleurs, qu’il avait patiemment réunies avec un discernement aigu de leurs qualités esthétiques et de leur valeur ethnographique. Chacun était pour lui un sujet d’observations pertinentes dont il me faisait largement profiter. De cette collaboration féconde, je retiens par-dessus tout le souvenir d’un homme animé d’une grande passion pour les objets authentiques du patrimoine artistique marocain, et de sa chaleureuse capacité à faire partager