Il aurait eu 100 ans le 19 décembre. Jean Cocteau disait de lui qu’il était le plus grand écrivain du siècle.

Que nous reste-t-il de cet enfant de l’assistance, taulard à de multiples reprises, qui revendiquait haut et fort son homosexualité à une époque où c’était un délit ?

Toute sa vie n’est que révolte et refus de la société : « Je me reconnaissais le lâche, le traître, le voleur, le pédé qu’on voyait en moi. » (Journal du voleur, 1948)

Ecrivain dérangeant, car il magnifie le Mal, notamment dans son premier roman « Notre-Dame-des-Fleurs », il éblouit par son style flamboyant qui met à ses pieds des célébrités comme Sartre.

Mais Jean Genet brilla surtout dans le théâtre où son génie fut enfin reconnu. En 1947, il écrit la pièce « les bonnes » mise en scène par Louis Jouvet lui-même.

On se doute qu’un tel écrivain ne pouvait que provoquer le scandale. Sa pièce « Les Paravents », créée à l’Odéon par Jean-Louis Barrault a provoqué un tollé car elle caricature l’armée et la colonisation.

Quand il s’engage, il le fait à fond et défend des causes comme l’émancipation des Noirs aux Etats-Unis ou les Palestiniens. Ça ne lui vaut pas que des amis.

Jean Genet est un grand poète pour lequel l’écriture était une question de survie. Les vers d’Aragon du poème « les poètes » lui correspondent complètement.

 « La souffrance enfante les songes
Comme une ruche ses abeilles
L’homme crie où son fer le ronge
Et sa plaie engendre un soleil
Plus beau que les anciens mensonges »

Il s’en est allé alors qu’il corrigeait des épreuves de son dernier chef d’œuvre « Un captif amoureux » dans la nuit du 14 au 15 avril 1986.