Comme s’il ne suffisait pas qu’il assure le service avant-vente de l’UMP en préparant par des rencontres ciblées le débat sur la laïcité qu’elle entend organiser, Monsieur le ministre de l’Intérieur, des cultes et de certains Français a tenu à faire savoir que celui-ci se prolongerait par l’établissement et l’adoption d’un Code de la laïcité.

 

A ceux qui s’étonnaient qu’une convention d’un petit après-midi, pauses comprises (deux heures de tables rondes) puissent suffire à l’accomplissement d’une telle tâche, le Secrétaire Général, Monsieur Jean-François Copé a rétorqué sur les écrans de Ce soir ou jamais que naturellement les travaux avaient été préparés de longue date et qu’il ne s’agissait plus que d’y présenter les propositions élaborées et retenues.

Nous vivons décidément une bien étrange République dont le Président, demeuré celui d’un parti, n’est ipso facto plus celui de tous les Français et dont le ministre de l’Intérieur et des cultes se place officiellement au service de ce parti. Lequel en retour, lui communiquera ses propositions afin qu’il les mette en forme avant de les faire adopter par le Parlement.

Il en est de plus patients qui trouveraient que la coupe est pleine, voire qu’elle commence de déborder !

Monsieur le Secrétaire Général est-il donc trop aveuglé par la stratégie qu’il a enfourchée pour réaliser qu’elle profite en réalité à ceux dont elle est sensée siphonner les voix ? Le résultat avéré de tout cela est que Monsieur l’encore Président de la République s’enfonce chaque jour un peu plus dans les sondages et le risque est réel qu’à force de s’entendre dire qu’il n’est pas grave de voter pour la droite extrême au second tour, les électeurs extrapolent la consigne et l’appliquent dès le premier.

Et pourtant, Monsieur Copé présente tous les signes d’une grande intelligence et donne le sentiment qu’il se comporte en stratège consommé, lui qui ne fait aucun mystère de sa volonté de remporter les élections présidentielles de 2017… Alors ?

Et si ? Et s’il l’était en fait plus encore qu’on le pense ?

S’il avait décidé que ses chances de parvenir à ses fins seraient bien meilleures en succédant à un éphémère Président de gauche dont on aurait cinq ans durant et depuis le premier jour contesté la légitimité plutôt que d’affronter avec un succès incertain un candidat de son propre camp ou bien pire encore centriste, il ne s’y prendrait pas autrement pour favoriser l’éviction du Président sortant…

Hypothèse, simple hypothèse, pure hypothèse ; mais reconnaissons, dans le climat délétère et machiavélique que nous subissons, qu’elle n’est pas plus invraisemblable qu’une autre.