Schizophrénie. Toujours.

Nous sommes tous, au quotidien, prompt à nous plaindre du stress ambiant, de la pression qui nous est imposée, à mesurer avec inquiétude les implications sur notre santé. Ce qui ne nous empêche pas le moins du monde d’appliquer cette même pression aux autres. « Si tous les gars du monde, se donnaient la main »… ça n’est prêt d’arriver, par contre, ce dont on peut être sûr, c’est que tous les gars du monde se mettent la pression. Mais que peut-on y faire, me direz-vous ? Pas grand-chose, nous sommes pris dans une course qui nous dépasse. Au temps jadis, nous étions les esclaves des puissants, aujourd’hui, nous sommes devenus les esclaves du voisin et de nos outils. Ce qui sous-entend, mine de rien, que la solidarité n’est plus, chacun devenant la marche sur laquelle s’appuie l’autre. De plus, les délais de réalisation s’amenuisent au point d’exiger une immédiateté qui est proprement surhumaine, donc, impossible à assurer, sans y laisser rapidement sa santé. Ils sont nombreux aujourd’hui à prononcer le mot magique informatique pour justifier cette accélération. On pourrait penser, dans ce contexte, que le technicien est l’homme qui détient l’information et le savoir, donc le pouvoir. Mais non, il est le paillasson sur lequel s’essuie toute la chaîne de travail. En plus, pour son malheur, les gens ont intégrés la toute-puissance de l’outil au point de ne pas concevoir ses limites ni qu’il puisse tomber en panne et gripper la chaîne. Qui tire réellement ses billes du monde du travail aujourd’hui ? Pour ceux qui ont encore la chance d’avoir un emploi, il ne s’agit plus d’exercer un métier dans la passion, mais en espérant aller le plus loin possible sans y laisser sa santé mentale ou physique. Ils sont confrontés au quotidien à des situations ubuesques, à une demande d’investissement qui se trouve être inversement proportionnelle à leur motivation. Au final, il y a donc ceux qui cherchent à entrer dans le monde du travail, et ceux qui, y étant, cherche à échapper à leur environnement professionnel oppressant. Et les autres, au-dessus, actionnaires et dirigeants, qui ont les avantages en échappant bien souvent aux inconvénients.