Tiens, j’ai résilié mon abonnement à Marianne et je n’achète plus le Canard Enchainé. A une époque, j’étais friand des combines dévoilées de notre belle République, des turpitudes de nos dirigeants et des analyses à n’en plus finir du cas psychologique «Sarkozy», (qu’est-ce-que ça a pu remplir comme page, ça !) mais là : indigestion. Fatigué de voir à longueur de pages des révélations qui ne débouchent jamais sur rien, des journalistes se transformant à longueur d’articles en « idiots utiles » de la démocratie, traitant par la boutade des comportements on ne peut plus graves, comme si c’était « bien français » donc sujet à la mansuétude populaire. Certains d’ailleurs, tel Jean-François Kahn (pas DSK, non merci, ça suffit) s’y sont usés et ont finis par sombrer dans les chausse-trappes de l’analyse à double-sens et de l’aller-retour journalistique.

Même « C dans l’air » de ce brave Calvi, plein d’allant,  que j’aimais regarder pour ses analyses pertinentes, ne résiste pas à cette lassitude. Je crois bien n’avoir pas regardé une émission en entier depuis sa reprise. Le cercle d’experts autocratiques, assénant des vérités absolues avec une distance absolument déroutante, comme s’ils n’appartenaient pas à cette humanité qu’ils étudient pourtant au microscope, commence à singulièrement me peser.

Si on fait le bilan : les dirigeants socialistes sont nuls, les réformes nécessaires,  la cure d’austérité évidente, et les fonctionnaires trop nombreux. C’est p’têt’ vrai, c’est p’têt’ faux (et ça reste à prouver) mais ça commence à devenir franchement agaçant cette petite musique qui ne cesse de tourner en boucle.

Oui, les dirigeants sont nuls, pris à leur propre piège, incapables qu’ils sont de s’extraire de leur égotisme pour prendre un peu de hauteur. Nuls, Mais de tout bord ! Ayant troqué leurs accents républicains et  leurs habits de tribun contre la veste à paillettes des vedettes du showbiz et les « éléments de langages ». Les réformes pour les autres, la cure d’austérité, un diktat qu’ils ont intégrés depuis l’ENA et Sciences-Po et qu’ils vont pouvoir, ô joie, ô bonheur, mettre enfin en pratique ! Quant aux fonctionnaires, s’ils ne sont pas haut-fonctionnaire : ils n’ont pas d’existence. As-t’on besoin d’autant de profs, d’infirmières  et de policiers, c’est vrai quoi, tout va si bien au pays de Voltaire…

La démocratie est en rade, c’est une évidence. Epuisée, desséchée, vidée de sa substance par tous les fins experts qui trouvent matière à tout justifier. Où sont les citoyens ? Ben, il n’y en a plus, il n’y a que des épargnants, des consommateurs, des actionnaires, des retraités, etc… chacun beuglant pour sa chapelle sans un regard pour l’autre. Combien sont-ils ceux qui, honnissant aujourd’hui Sarkozy (un bon mot clé !),  ont voté en cœur pour l’homme à poigne qu’il (semblait) être, agonisant de mépris la Royale parce qu’elle était une femme (peuh !)

Et qui pleurent aujourd’hui parce qu’on va toucher à leur cagnotte. Mais à quoi s’attendaient-ils, bon sang ? Et oui, cerise sur le gâteau : les français sont devenus les veaux, si  cher à De Gaulle…