Après, le "yabon banania", publicité centenaire finalement interdite après l’action en justice d’un collectif d’antillais, Tintin au Congo « blacklistée » dans certaines bibliothèques américaines alors qu’il suffit d’un petit mea-culpa de la famille Hergé en tête de BD pour que l’ouvrage se refasse une santé humanitaire, voici l’africain du Leclerc de Champfleury. Explications.


 

Je ne sais pas d’où vient ce stock soudain d’ananas dans les rayons du Leclerc de Champfleury (marne), mais ce qui est sûr, c’est que depuis septembre, des ananas, coupés, nettoyés, packagés, prêts à manger sont en vente en grande quantité. Ce qui me révulse, c’est que plutôt que de préparer les produits discrètement, sur place ou dans des endroits prévus à cet effet, on a droit à un savoureux spectacle. Lequel ? Celui de l’africain (ou de l’antillais, je n’ai pas demandé son origine) en train de débiter l’ananas, avec une sorte de machette, sur fonds de musique antillaise crachée par les haut-parleurs d’une mini-chaîne improvisée, accompagnée par la voix ensoleillée du coupeur de fruits, les épaules dénudées pour exhiber des muscles brillants et saillants. Il ne manque plus qu’un blanc, coiffé d’un chapeau colonialiste en train de siroter un cocktail et contemplant le spectacle de sa main d’œuvre low cost transpirant sur ses terres, pour que la scène soit parfaite.

Caricature, assimilation, préjugés, cette mise en scène a lieu au milieu d’un ballet de caddies dans l’indifférence générale. Moi, ça me choque.  OK, l’africain (ou l’antillais) en question a un job. Mais que la direction du Leclerc de Champfleury ait concocté, imaginé, cette opération marketing, c’est vraiment rabaisser la condition humaine à des périodes troubles et lointaines… enfin pas si lointain que ça dans l’esprit du directeur du Leclerc de Champfleury.