Il ne s’agit pas, ici, d’approuver ou de dénoncer, mais de relever un tout petit cas d’école de journalisme : un enfant palestinien avait forcé d’ouvrir un sac supposé piégé par deux sergents israéliens, ils ont été condamnés par un tribunal israélien. Selon les titres de presse, mais aussi les dépêches des agences internationales, cet enfant est « sans âge », ou âgé de neuf ou onze ans.

Soyons « honnête ». Je ne cherche pas à ici à déterminer si Charles Enderlin, journaliste franco-israélien, avait eu ou non raison d’écrire en conscience ce qu’il a écrit sur la mort d’un enfant palestinien (cherchez : selon ses détracteurs, l’enfant ne serait jamais mort). C’était il y a dix ans. Bien sûr, on ne rapprochera pas ce fait du jugement rendu hier par un tribunal israélien à l’encontre de deux sergents de Tsahal. En tout cas, pas ici, parce que les faits ne sont pas du tout de même nature. Mais autant dire que je crois que Charles Enderlin a été injustement l’objet d’une polémique…
 
Ce qui m’a frappé, c’est que le climat de suspicion envers la presse, dans des périodes de conflits armés, met immédiatement en alerte. J’ai d’abord vu une information à forte charge émotionnelle dans L’Humanité. L’enfant dont il est question, non nommé (une dépêche d’une autre agence indique un prénom), est supposé avoir été âgé de 9 ans au moment des faits. Je passe au titre suivant, Haaretz (presse israélienne), qui indique (j’allais écrire « lui donne ») onze ans. Je n’ai pu m’empêcher de m’interroger : une certaine presse supposée de « gauche » et pro-palestinienne est censée avoir une autre approche des faits qu’une presse certaine estimée de « droite », pour les mêmes faits.
 
C’est sans doute beaucoup plus complexe. La BBC n’a pas indiqué l’âge de l’enfant, le Jerusalem Post, censé avoir « couvert » le procès (donc ne pas s’en remettre à une dépêche) non plus. On peut supputer que Haaretz (son journaliste, son titreur ou secrétaire de rédaction) ait pu commettre une inexactitude involontaire ou que des localiers des agences se soient trompés sur l’âge de cet enfant. Je n’en tire qu’une conclusion : méfions-nous de nos réactions à chaud. En revanche, certains militaires israéliens ont estimé que leurs compagnons d’armes étaient « victimes » d’une campagne de dénigrement faisant suite à un rapport des Nations-Unies. Apparemment, le tribunal en a estimé autrement.