Coldwater, le film de Vincent Grashaw nous fait découvrir l’enfer que représente la vie dans des camps de redressement pour mineurs aux Etats-Unis. Toute ressemblance avec des évènements ou des personnes ayant existé ne serait que fortuite et pure coïncidence… On y retrouve une horde de délinquants confiés par des parents souvent démissionnaires, parfois dépassés. Mauvaise conduite, échec scolaire, toxicomanie, alcoolisme, troubles de comportements font partie de cette panoplie de raisons qui incitent certains parents à se décharger sur ce type d’institution.
Les formateurs eux, ont pour noble mission d’inculquer à ces jeunes en perte de repères l’abécédaire de la citoyenneté ; recharger à plein régime leurs batteries défaillantes pour une réinsertion sociale exemplaire. Les méthodes utilisées pour la mise en application de cet ambitieux programme sont toutefois d’une brutalité extrême : bastonnades, châtiments physiques, psychologiques n’y sont que détails ! D’ailleurs certaines scènes ne sont quasiment pas regardables, en témoignent les hurlements inhumains de certains adolescents.
A travers la justesse de la mise en scène, l’excellence des prestations en particulier celle de P.J. Boudousqué, on assiste tout au long du film à l’échec inéluctable du processus de la soi-disant mission de recadrage : farcir des êtres de violences n’est pas anodin à moins de vouloir en faire des bombes à retardement. Et pas n’importe lesquelles de bombes étant donné que tout ce qui a été ingurgité sera revomi en puissance !
Film très dur mais qui mérite d’être vu et revu pour faire réfléchir les partisans de la brutalité dans quelque domaine que ce soit. Je suis tentée de penser à l’issue de ce long métrage à ces trois étudiants talmudiques des implantations de Cisjordanie retrouvés sans vie quelques jours après leur kidnapping. A l’annonce de leur enlèvement, les responsables étaient aussitôt désignés par les autorités israéliennes. Des accusations lancées sans preuves, les soupçons ayant valeur de démonstration.
En conséquence, l’armée israélienne a patrouillé en Cisjordanie et ailleurs. Dans la brutalité. Il y a eu cinq morts, des blessés, des arrestations, des perquisitions. Les recherches ont mis du temps avant d’aboutir. On connait la macabre suite. Netanyahu a menacé de ses foudres "ces animaux à la forme humaine". Les représailles continuent. Le cadavre d’un adolescent palestinien de 16 ans a été retrouvé hier quelques heures après son enlèvement à Jérusalem-Est. La famille ébranlée de Naftali Frankel, un des étudiants talmudiques pris cruellement pour cible, a trouvé la force de s’insurger devant l’instrumentalisation de sa tragédie…
Encore faut-il que le Hamas soit responsable de cette sauvagerie alors qu’il nie toute responsabilité. Lui qui jusque là nous a habitués à revendiquer les actes qu’il commettait. La violence n’a jamais rien résolu ; elle ne fait qu’engendrer de la violence. Les innocents de part et d’autre payent le prix fort de ces politiques perdues d’avance. (Film vu en avant-première qui sortira dans les salles le 9 juillet et à ne pas rater).
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