La politique a ses raisons que la raison du commun des mortels peine souvent à décrypter. Il faut dire qu’entre les zigs dans les discours de ces meneurs du monde et leurs zags sur le terrain, il y a de quoi perdre la boule : des alliances des plus improbables se font puis se défont à la vitesse de la lumière ; on donne d’une main pour aussitôt reprendre de l’autre ; les partenaires d’aujourd’hui sont les ennemis d’hier et vice versa.
Depuis que l’on a accueilli en grande pompe, l’ayatollah Khomeiny à Nauphle-le Château avant la signature clandestine de l’arrêt de mort du chah, que d’eau a coulé sous les ponts en Iran ! Alors que veillent sur le grain les gardiens de la révolution, l’ancienne Perse depuis pas mal de temps, se fait malmener dans la plus grande indifférence générale ; étranglée sous le coup d’impitoyables sanctions internationales, le pouvoir peinait toutefois à juguler l’hémorragie.
Et ce grand pays, quatrième producteur mondial de pétrole, n’en finissait pas de pâtir de l’inflation galopante, du chômage, de l’austérité, conséquences notamment de cette désastreuse dichotomie ayant trait à son programme nucléaire. La dégringolade économique devenue endémique sous Ahmadinejad a eu raison de la patience de la population éreintée ; son ras le bol s‘est soldé par l‘élection du modéré Hassan Rohani dès le premier tour !
Enfin un réformateur au pouvoir, animé de cette irréductible ambition de tendre la main à ceux qui jusque là rechignaient à considérer Mahmoud Ahmadinejad, le nargueur, comme un interlocuteur fréquentable ; à ceux qui jusque là se sont figés dans la posture punitive, « comme un vilain professeur, sourcilleux, méchant qui dicte ce qu’il faut faire ».
Aujourd’hui l’Iran renoue enfin avec l’espoir ; seuls des réformateurs, des conservateurs modérés, des apolitiques, devraient intégrer le prochain gouvernement. D’après Thierry Coville spécialiste de la région, Hassan Rohani ne devrait pas prendre le contre-pied de la politique internationale déjà engagée ; en ligne de mire de sa politique se situent les intérêts nationaux et la place de l’Iran dans la région ». Le pragmatisme étant le point fort de ce président, à long terme « cette méthode pourrait avoir un impact positif ». Déjà par le passé, du temps où sous le mandat de Mohammad Khatami, il était chargé des négociations nucléaires, il avait opté pour la suspension de l‘enrichissement de l‘uranium.
Les diplomaties ont applaudi plus ou moins timidement pendant qu’Israël affiche sa froideur : expert dans l’art de donner le la dans diverses situations à travers le monde, tout en entraînant les autres dans son sillage à coups de chantages, ce dernier qui en est pour ses frais a fait savoir la nécessité du « maintien par le monde occidental des pressions sur le programme nucléaire controversé ».
Alors qu’une nouvelle ère s’ouvre pour ce pays mis sur le banc des Nations, reste à savoir si des politiques, volontaristes, fécondes viendront se substituer aux méthodes punitives une fois Ahmadinejad, le bouc émissaire enfin disparu ; à moins de nous en dénicher d‘autres d’alibis : les dossiers du nucléaire et des relations internationales sont toujours entres les mains du guide suprême Ali Khamenei, lequel n’a eu de cesse de répéter que la bombe atomique jugée haram ne faisait pas du tout partie des ambitions iraniennes ; une situation qui continuera de donner du grain à moudre aux sceptiques endurcis et qui pourrait servir de prétexte contre le déverrouillage du pays.
Jamais une interférence du religieux sur le politique n’a été motif de déstabilisation autant que celle venant de ces contrées. Loin d’être l’apanage des musulmans, cette sacro-sainte interférence enrobée de formes plus discrètes prospère pourtant sous des cieux bien cléments : personne ne trouve à redire quand les Etats-Unis en plus de mettre Dieu au cœur de leur vie politique, partent tambour battant en croisade aussitôt qu’ils flairent le mal quelque part ; personne ne trouve à redire sur l’Etat hébreu qui même pour la délimitation de ses frontières s’en tient à des prescriptions religieuses. La fille aînée de l’église n’a pas lésiné sur les méthodes pour montrer son attachement aux principes religieux en s’opposant à la loi Taubira. L’injonction solennelle du pape François pour inciter à l’abrogations de lois controversées et rappeler qu’on ne badine pas avec certaines valeurs, faisant allusion au mariage pour tous, etc. Cette tolérance à géométrie variable face au retour en force des enturbannés et des ensoutanés est évidente. Et malheureusement quand passe l’intolérance, la paix trépasse…
Quel bonheur de vous visiter « Gentil Coquelicot », il y avait bien longtemps que je n’étais passée sur vos articles, et celui-ci qui suit de très près l’actualité a le mérite d’être écrit de façon à ce que tout soit dit avec grâce et humilité sans jamais agresser qui que ce soit.
Merci pour cet article.
SOPHY
C’est moi qui vous remercie Sophy ! C’est vraiment gentil de votre part !
Les plus intolérants? Ce sont de très très loin les ….religieux
Ce n’est pas moi qui vous dirais le contraire sachant que certains font plus de mal que de bien à la religion qu’ils défendent.
Hassan Rohani déplore l’ingérence des usa dans les affaires iraniennes, et dénonce les sanctions illégales contre l’Iran; on se rappelle de l’embargo qui a conduit à la mort de plus d’un million d’enfants en Irak avant l’invasion des mêmes rapaces de la maison blanche. C’est en effet très choquant, Coquelicot, de voir la France et l’Angleterre embarqués dans les mêmes mensonges au point d’en perdre leur identité, et de clamer la laïcité alors qu’ils sont aux ordres des talmudistes d’Israël.
Cette volonté, de la part des dirigeants occidentaux, de brûler le Moyen Orient, est vraiment incompréhensible pour les populations. D’autant plus que ces dirigeants voyous ne cessent d’en appeler à la démocratie, à la liberté, à la laïcité… C’est grotesque! N’ont-ils pas conscience qu’il y aura un jour ou l’autre un retour de bâton?
Pourvu que Hassan Rohani parvienne à dégeler la situation ! François Hollande qui était opposé à la participation de l’Iran à la conférence de paix, Genève 2, semble s’être calmé : « si le président élu peut être utile, il est le bienvenu . »