Depuis qu’en 2003 Georges W Bush était parti en croisade en Irak de la manière la plus éhontée, le chaos s’y est définitivement installé. Son successeur non moins arrogant fier des retombées de cette expédition punitive, s’était échiné en 2011 à fignoler le retrait de ses  troupes. Malgré l’instauration par nos bons Samaritains "de la stabilité, de la souveraineté, de la victoire de la démocratie", le pays, autrefois prospère, a poursuivi presque sans discontinuer son infernale descente aux enfers dans l’indifférence générale. 

La tournure que prennent désormais les évènements semble surprendre les plus fins des stratèges alors qu’elle ne fait là que s’inscrire dans la continuité. Hilary Clinton qui pourtant n’a eu de cesse d’appeler à l’armement des rebelles en Syrie, vient en vierge effarouchée de découvrir "qu’elle avait fait une erreur en votant oui pour la guerre en Irak". Il lui aura sans doute fallu, pour prendre conscience de la relation de cause à effet, l’avancée fulgurante vers le nord de l’Irak des jihadistes de l’EIIL (Etat islamique en Irak et au Levant), laquelle s’est soldée par la chute de plusieurs villes phares au profit de ces derniers. Et encore ! 

Selon les analyses de certains experts, sans le soutien apporté à l’opposition syrienne par les monarchies du Golfe, les pays Amis de la Syrie si chers au coeur de BHL, les jihadistes en question n’en seraient pas là aujourd’hui. Sans oublier le parachutage de Nour Al Maliki doté de la feuille de route adéquate pour mener à bien le démantèlement de ce qui restait de la cohésion sociale irakienne : surjouer la carte du clivage confessionnel, méthode infaillible qui a fait ses preuves. 

En témoigne la débandade semi-délibérée des forces gouvernementales logées à des enseignes hiérarchisées, face aux jihadistes. Ces forces supposées hautement formées ! Un peu comme la dramatique déroute de l’armée irakienne," troisième du monde",face aux forces de coalition lors de la funeste invasion. 

Alors qu’on ne fait que récolter ce qu’on a assidûment semé, les instigateurs de cette tragédie, en particulier le virulent Tony Blair, veulent désormais faire endosser au seul Nour el Maliki le prix du démantèlement de l’Irak. Les populations locales qui subissent de plein fouet les affres de cette politique aux tenants et aboutissants machiavéliques ne sont pas près de la délivrance: la Blanche Maison qui ne badine guère avec le terrorisme a promis des mesures de rétorsion appropriées. On réfléchit pour le moment dans les hautes sphères. 

Avoir une marge d’erreur aussi importante alors que, via la NSA, on dispose d’oreilles,  d’yeux d’une acuité incomparable, dépasse l’entendement. Déjà rien qu’en électron libre, un certain jihadiste, Mehdi Nemmouche, est capable d’attenter aisément à la vie d’innocents ciblés dans un musée de Bruxelles, que dire du pouvoir de nuisance de toute une organisation…

Quand on peine vraiment à comprendre tous ces phénomènes qui, du jour au lendemain, ont fait basculer des pays impréparés dans des "printemps" avec à la clé un déplorable bilan, on est quelque peu tenté par ces thèses politiquement incorrectes : tout découlerait, au nom d’impératifs inavouables, d’une collusion entre jihadistes,  monarchies du Golfe, Etats-Unis, Israël selon la thèse de ces experts infréquentables, qu’accréditent des populations de ces régions prises en étau. Qu’ils appartiennent à l’axe du "Bien" ou du "Mal", ils rivalisent de sauvagerie…