Au début du printemps j’ai vu dans le petit cinéma d’art et d’essai de mon village un très beau film dont j’ai eu envie de partager le plaisir avec vous, fidèles lecteurs de c4n ….Et puis le temps a passé, je me suis laissée déborder par les occupations et en ai oublié mes velléités d’écriture.

Maintenant que l’été nous est enfin arrivé et que les vacances me laissent quelques loisirs, l’envie m’est revenue et c’est vrai cette fois , je me lance !

Plus connu du grand public pour ses rôles de cow-boy peu orthodoxe ( le bon, la brute et le truand – Pour quelques dollars de plus…) ou du sulfureux Inspecteur Harry, Clint Eastwood  est aussi un réalisateur prolixe et talentueux , à la carrière exemplaire.

Il est une figure emblématique du cinéma américain, acteur, réalisateur et producteur aux innombrables succès critiques et populaires, et il a construit une œuvre exigeante, variée, promouvant des projets qui lui tenaient à cœur ( Bird, biographie de Charly Parker) ou une vision de la vie très personnelle ( million dollar baby – Gran Torino).

Aujourd’hui, c’est de son film « Invictus » que je souhaite vous parler…

lquipe.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tiré d’une histoire vraie du journaliste John Carlin  ancien chef du bureau sud-africain de l’Independent, de Londres, le film de Clint Eastwood  nous raconte comment , en 1995, Nelson Mandela, récemment élu président de l’Afrique du Sud après, ne l’oublions pas, de longues années d’emprisonnement, réussit à transfigurer un évènement sportif ( l’accueil de la coupe du monde de rugby) en un mouvement unificateur permettant à son pays de transcender la victoire improbable des Springboks pour lui faire oublier les haines issues de 50 ans d’apartheid.

 Le livre offrait un portrait singulier et émouvant du plus grand homme d’État de notre époque à un moment unique de l’histoire de son pays.

soweto.jpgAvec le film, Eastwood nous donne à comprendre au plus près, l’engagement profond  de ce grand visionnaire qui avait le premier compris que la fierté nationale pouvait être le ciment très fort , voire déterminant , d’un pays dont l’unité restait à construire.« Invictus » signifie « invincible »… c’est le titre d’un poème de W.E.Henley, très populaire  que Nelson Mandela aime beaucoup et qu’il se récitait souvent dans sa prison …Il est un cri lancé par un homme qui résiste à la douleur, aux humiliations, aux difficultés de la vie et convient parfaitement en effet au caractère si bien trempé du leader africain Mandela .

Qui mieux que le charismatique Morgan Freeman pouvait incarner le Président Mandela ? C’est à la demande même de celui-ci qu’il fut choisi et conscient de l’honneur qui lui échoyait en obtenant ce rôle prestigieux , l’acteur s’est même rendu en Afrique du Sud pour rencontrer le président et mieux comprendre ce moment historique avant de se mettre au travail.

damon.jpgMatt Damond qui interprète le jeune capitaine de l’équipe des Springbocks, s’est pour sa part prêté à un entraînement intensif sous la férule de Chester Williams , premier joueur de couleur de l’équipe nationale de rugby et l’un des artisans de la victoire finale !La rencontre des deux acteurs principaux distille tout au long du film une émotion intense  et le réalisateur a su par son art de la mise en scène nous donner à comprendre la force de conviction du président qui insuffle à son jeune capitaine et à toute l’équipe sa foi en la victoire. 

Les joueurs sont peu à peu transfigurés par la confiance de leur président et le sentiment qu’ils ont d’être les porte-drapeaux de leur toute jeune démocratie … Un moment historique pour ce pays qui restera  sans doute dans tous les cœurs même si par la suite , les espoirs soulevés par l’histoire ont pris un peu de plomb dans l’aile …

.Comme vous le devinez sans doute, j’ai beaucoup aimé ce film ! même si je suis sans doute « trop bonne spectatrice »,  je me suis laissée emporter par l’émotion qui va crescendo …Alors que je déteste le sport et ne connais même pas les règles du rugby, j’ai vibré avec les joueurs au cœur des mêlées, applaudi la « happy-end » ( ils gagnent la Coupe du monde des nations , bien sûr !) et parfaitement  ressenti  la fierté d’un peuple, brièvement uni dans l’émotion de la victoire. Car Clint Eastwood est un réalisateur très efficace, qui sait raconter une histoire et mettre le spectateur « en situation » de la vivre de l’intérieur. Que ce soit dans les scènes intimistes ou au cœur même de l’action , il nous permet de comprendre que le sport n’était qu’un prétexte dans cette aventure humaine formidable dont l’essentiel fut de célébrer l’humanité dans ce qu’elle peut avoir, parfois, de meilleur …Vous ne pourrez sans doute plus le visionner en salle mais n’hésitez pas si l’occasion se présente, vous ne le regretterez pas, j’en suis certaine.