Nom :

Ryan MAURO

Etats de service

Analyste de renseignement au Tactical Defense Concepts, une société privée avec accréditation auprès du Département de la Sûreté du Territoire (Homeland Security), du Département de la Défense américains et de l'ONU.

Analyste auprès du Northern Intelligence Network, une société privée d'analyse des risques liés au terrorisme.

Auteur de "Death to America, the Unreported War in Iraq"

Créateur du site WorldThreats.com

Les articles et interviews de Ryan Mauro apparaissent régulièrement sur Frontpage Magazine.


DRZZ : Pourriez-vous résumer votre parcours pour les lecteurs du log ?
MAURO : J’ai été recruté à l’âge de 16 ans comme analyste de géopolitique par le Tactical Defense Concepts. Depuis, j’ai travaillé comme analyste volontaire pour la Northern Intelligence Network et auprès des groupes d’oppositions syriens (Reform Party of Syria). J’ai publié mon premier livre en 2005, « Mort à l’Amérique, la guerre secrète menée en Irak ». Je suis souvent invité sur des radios aussi bien de gauche que de droite. J’ai créé le website WorldThreats.com, lequel sera complètement relooké dans les mois qui viennent. Plus récemment, j’ai présenté les sujets dont nous allons parler dans cette interview à un colloque du prestigieux Intelligence Summit [dirigé par John Loftus].
DRZZ : Pourriez-vous expliquer ce que vous avez découvert au sujet des Armes de Destruction Massive irakiennes ?
MAURO : En m’appuyant sur des sources déclassifiées, je pense depuis très longtemps que les ADM irakiennes ont été transférées en Syrie et peut-être au Liban, avec l’assistance des Russes. Cependant, bien sûr, cela n’a pas été prouvé à 100%, alors il est utile de rappeler qu’il a été admis officiellement qu’en 2003, l’Irak disposait du matériel et avait la volonté de produire et utiliser des ADM.
Le gouvernement américain entretient près de six kilomètres de documents dont les 90% n’ont pas encore été traduits. En 2006, ces documents ont été déclassifiés et placés sur internet, de manière à ce que des citoyens arabophones puissent les traduire. Quelques milliers de pages ont été ainsi publiées sur le web, mais le site web [de la base de Leavenworth] a été fermé lorsqu’on a découvert que des fichiers irakiens expliquaient la marche à suivre pour fabriquer une bombe nucléaire. Je n’ai pas personnellement traduit ces documents, mais mes collègues Ray Robinson [un officier de l’armée américaine, spécialisé en armes non conventionnelles et membre de l’Iraq Survey Group, la commission formée par le Congrès pour retrouver les ADM irakiennes] et Joseph Shadha [un Américano-libanais recruté par le gouvernement américain pour traduire lesdits documents, visibles ici] ont été les plus perspicaces dans leurs recherches. Mon rôle consistait simplement à organiser leurs travaux, les recouper avec d’autres sources et les présenter à l’Intelligence Summit et d’autres conférences de professionnels du renseignement.
Ces documents prouvent qu’en décembre 2002, les Irakiens cachaient aux inspecteurs de l’ONU la présence sur leur sol de scientifiques russes et turcs, travaillant sur le site nucléaire de Badr. Ils font également de nombreuses références à des programmes interdits, notamment de l’acquisition d’agents chimiques destinés à être utilisés à des fins militaires. Une cassette audio, déclassifiée par l’Intelligence Summit en 2005, détaillait une discussion de Saddam Hussein au sujet d’un programme secret d’enrichissement d’uranium durant l’année 2000.
D’après les documents mis en ligne par le gouvernement, nous disposons de renseignements au sujet d’un transfert d’ADM vers la Syrie. Une note du Département de la Défense explique qu’un indic irakien, avec des connexions à l’ambassade irakienne de Damas, a confirmé à l’armée américaine que deux envois d’ADM étaient arrivés en mars 2003 à Deir al-Zour, en Syrie. Le second transfert avait eu lieu par un convoi de 50 camions [confirmé par le général irakien Sada et des photos satellites de la NGA]. Un autre rapport montre que le renseignement chinois a repéré ces mouvements et a demandé des explications à son homologue allemand, qui a démenti puis a averti les Irakiens.
Bien d’autres sources convergent sur un transfert d’ADM vers la Syrie. Les Israéliens l’ont toujours affirmé, depuis l’automne 2002 [par le biais du premier ministre Ariel Sharon]. L’ancien chef des services secrets roumains, Ion Pacepa, a écrit que lorsqu’il servait les communistes, il existait un programme appelé « Opération Sarindar », qui consistait à livrer des armes interdites à des pays mais effacer toute trace d’un tel marché si une puissance occidentale intervenait militairement contre un client. Ce plan, a expliqué Pacepa, avait été originellement mis en place pour la Libye mais s’est étendu par la suite pour inclure l’Irak. En 2002, Primakov [ancien chef du KGB et premier ministre sous Eltsine], que Pacepa identifie comme l’un des cerveaux de l’ « Opération Sarindar », se trouvait en Irak avec deux anciens généraux de haut rang de l’armée soviétique. Ils se trouvaient sur place comme « conseillers » du régime irakien.
De plus, un agent fédéral, David Gaubatz, a rapporté que des transferts d’ADM irakiennes avaient eu lieu entre l’Irak et la Syrie, et a noté sur le terrain la présence massive des services secrets russes [présence confirmée par Yossef Bodansky, membre de la commission sur le terrorisme auprès du Congrès, dans son livre The Secret History of the Iraq War].
L’adjoint du sous-secrétaire à la Défense [soit le n-3 du Pentagone], John Shaw, travaillait dans un service ayant accès à toutes les informations concernant la guerre en Irak. Il a affirmé que le renseignement ukrainien l’avait informé de la présence en Irak des unités spéciales Spetsnaz russes, appliquant l’ « Opération Sarindar » en déplaçant les ADM vers la Syrie. Il a même donné les noms des unités et des officiers. Nous possédons un grand nombre de preuves à ce sujet.

DRZZ : Dans un message, le Dr Laurie Mylroie, une ancienne conseillère du Président Clinton sur l’Irak, m'a écrit : « vous pouvez être certain que l’Irak était derrière le 11 septembre – et les lettres d’anthrax qui ont suivi. Le FBI refuse toujours de dire, six ans après, qui est à l’origine des lettres d’anthrax !» ? Quelle est votre opinion à ce sujet ?
MAURO : Je n’ai pas de certitudes sur l’implication de l’Irak dans les attentats du 11 septembre. Il existe des preuves qui lient le régime et les attaques, mais le vrai débat est : « ces preuves sont-elles crédibles ? », « pourquoi la communauté du renseignement les rejettent-elles ? » et « est-il possible que l’Irak soit impliquée dans le 11 septembre ? ». Nous possédons des documents qui montrent que l’Irak et l’Iran supportaient le terrorisme, et le 11 septembre peut être le résultat de ce soutien, bien que la communauté du renseignement refuse cette conclusion. Il est possible qu’Al-Qaeda ait été financée par plusieurs Etats qui ignoraient l’implication de l’autre ( et les missions orchestrées par la nébuleuse islamiste).

Cela dit, puisque nous en parlons, il n’est pas inutile de rappeler les indices dont nous disposons.

Nous savons qu’à l’été 2001 [le 21 juillet], un journal tenu par le fils aîné Houdaï Hussein a prédit que Ben Laden attaquerait prochainement le Pentagone, la Maison Blanche et la ville de New York. L’éditorial du journal ajoutait : « les ailes d’une colombe valent une balle dans le cœur d’un croyant ». Les documents discutés précédemment montrent que le gouvernement irakien avait publié un appel à attaquer les Etats-Unis en 2001 et entraînait des pilotes pour des missions-suicides.
Ajoutons qu’il a été noté [par le Washington Times] que les services de renseignement israéliens ont averti leurs homologues américains à la mi-août 2001 d’une attaque imminente sur le sol des Etats-Unis. Les Israéliens ont affirmé avoir des renseignements « très crédibles » pointant sur une implication irakienne [dans son rapport de novembre 2001, le AMAN, le renseignement militaire israélien, attribuait les attentats à l’Irak].
Début août 2001, l’Irak accueillait la « Neuvième Conférence islamique », qui réunissait à Bagdad les chefs terroristes du monde entier [dont des représentants du Hamas, du Djihad islamique et d’Ansar al-Islam]. Puis, deux semaines avant le 11 septembre, l’armée irakienne a passé en alerte rouge, la plus haute depuis la Guerre du Golfe et Saddam a passé trois semaines dans un bunker. Notez aussi que les méthodes des pirates du 11 septembre ressemblaient à l’entraînement des pilotes-suicides irakiens pendant la Guerre du Golfe telles qu’elles ont été décrites par un informateur en 1996, à savoir l’attaque d’un Boeing par un petit commando armé de couteaux.
Plusieurs rapports ont dépeint des contacts entre le Mukhabarat [le renseignement irakien] et les kamikazes du 11 septembre. Ils n’ont pas été repris par la commission du 11 septembre qui ne les a pas jugés crédibles. On débat beaucoup au sujet du Mohammed Atta à Prague – et ce dossier, je peux vous le garantir, est loin d’être clos. L’origine des attentats du 11 septembre remonte à Ramzi Youssef et son oncle Khalid Cheikh Mohammed, les hommes responsables de l’attentat de 1993 contre le World Trade Center. Le Dr Laurie Mylroie a présenté un argumentaire convaincant [dixit le directeur du FBI de New York] que Youssef avait été recruté par les services secrets irakiens et travaillait pour eux.
Neuf des pirates de l’air du 11 septembre ont passé par l’aéroport Logan de Boston, où travaillait un agent des Fedayeens de Saddam, Ahmed Hikmat Shakir [un ami notoire de Timothy Mc Veigh, le poseur de bombes d’Oklahoma City]. En janvier 2000, Shakir travaillait alors à l’aéroport de Kuala Lumpur et il a escorté deux des pirates de l’air à la fameuse réunion finale où ont été décidés les attaques du 11 septembre. Certaines critiques disent que l’homme du Logan Airport et celui de Malaysie ne sont pas les mêmes, mais je pense qu’ils ont tort : après le 11 septembre, Shakir a été arrêté en Jordanie et les Irakiens ont exercé de fortes pressions diplomatiques pour qu’on le relâche.
Les médias irakiens ont salué les attentats du 11 septembre et le gouvernement de Saddam Hussein reste le seul du monde à n’avoir jamais condamné cette tragédie. Nous disposons d’autres preuves plus ténues, mais je conclurais par cette anecdote. Le 3 décembre 2001, un chef tribal a récité un poème devant le dictateur irakien. L’une des strophes disait : « six mille infidèles sont morts. Ben Laden n’y est pour rien. C’est la chance de notre Président qui commis cet exploit. » Le président, bien sûr, c’était Saddam Hussein.

DRZZ : Un rapport publié par la communauté du renseignement américain a conclu que le regime iranien avait stoppé son programme d’ADM en 2003. Qu’en pensez-vous ?
MAURO : Il y a plusieurs manières de critiquer ce document. Premièrement, il semble que le seul gouvernement qui le considère sérieusement soit le gouvernement américain. Mais c’est même en train de changer, puisque les médias le rejettent, de même que des anciens hauts fonctionnaires de la CIA comme John Mc Laughlin [ex n-2 de l’Agence]. Les services secrets britanniques chuchotent aux médias que le rapport est une blague, les Israéliens l’ont complètement rejeté et les Français l’ont décrit comme une « hallucination ». La semaine passée, un groupe d’opposants iraniens l’ont discrédité en affirmant qu’ils avaient contacté leurs informateurs et appris que le programme nucléaire iranien marchait toujours à plein régime, mais sur d’autres sites. La NIE a peut-être raison lorsqu’elle affirme que les activités interdites ont stoppé en 2003, mais cela ne veut pas dire qu’elles n’ont pas été reprises depuis. Le « programme d’énergie » de l’Iran, qui a toujours été considéré comme le premier pas vers la bombe atomique, est toujours en place. Ce qu’a fait la NIE c’est redéfinir le problème et demander des preuves de tribunal sur la volonté réelle du régime des mollahs.

J’ajoute que les personnes qui ont signé ce document sont sujettes à caution. Ils viennent du Département d’Etat, un organisme qui a toujours pensé qu’il existait un moyen de s’entendre avec l’Iran, que les mollahs étaient des gens rationnels et qu’ils étaient seulement provoqués par l’attitude agressive des Etats-Unis. Enfin, la NIE franchit la ligne rouge lorsqu’elle livre des recommandations politiques, ce qui n’est pas son rôle. Par exemple, lorsqu’elle note que les Iraniens ont stoppé leur programme en 2003 mais refuse d’attribuer ce relâchement à l’invasion militaire de l’Irak par les Etats-Unis.
Des fuites montrent que la NIE ne fait pas l’unanimité que certains veulent nous faire croire. Les services secrets étrangers la rejettent et ouvrent publiquement la question de savoir si les Américains ont cédé à une opération d’intoxication montée par l’Iran. D’autres fuites montrent de profondes divergences à l’intérieur même du renseignement américain, des personnes haut placées dans la DIA, la CIA et le Département de l’Energie estimant que les conclusions de la NIE sont sans valeur.
DRZZ : Est-ce que le renseignement américain a une bonne image de l’Iran ou est-elle aussi floue que celle qui prévalait sur l’Irak ?

MAURO : Nos sources principales sont les déserteurs et les groupes d’opposition, qui ont prouvé leurs compétences par le passé. Cependant, nous manquons cruellement de sources humaines.


DRZZ : Pourriez-vous nous donner un exemple de la guerre secrète que se livrent actuellement les Etats-Unis et l’Iran ?
MAURO : L’Iran est un Etat qui soutient le terrorisme. Il n’y a qu’à regarder ses activités en Irak pour se convaincre que l’Iran travaille activement à affaiblir les Etats-Unis, tuant des soldats américains et des civils irakiens par centaines. L’Iran est derrière les guérillas d’Irak et d’Afghanistan et sa poupée gigogne, la Syrie, contribue aux objectifs des terroristes dans la région. Nous avons des preuves conséquentes liant l’Iran à Al-Qaeda. Plusieurs membres de la nébuleuse islamiste se trouvent aujourd’hui en Iran.