Alors que de son côté, Hillary Clinton, dans un discours au Newsmuseum à Washington, s’insurge contre la tentative de certains états de contrôler ou filtrer le Web, notre Président prêche exactement l’inverse.  Lors de ses vœux à la culture le 7 janvier, il déclarait : « Il faut donc expérimenter sans délai les dispositifs de filtrage. »

Bien sûr, dans son attaque contre les états censeurs, la secrétaire d’état américaine ne s’adresse pas à la France, mais il est amusant de voir que le point de vue sur Internet de chaque côté de l’Atlantique est très différent.

Sarkozy aime à dire qu’Internet est un « Far-West », une « zone de non-droit » qu’il faut « réguler » et « civiliser ». En février 2009, il disait vouloir que « les fournisseurs d’accès bloquent les sites pédo-pornographiques et illégaux ». Si on s’arrête là OK, mais on peut en douter. C’est le dernier média qui lui échappe.

Heureusement, on sait que mettre en pratique un filtrage est plus difficile qu’il ne l’imagine.

« Toutes les techniques de blocage, sans exception aucune, sont contournables. » indique Yves Le Mouël, directeur général de la Fédération française des télécoms. Le surblocage , c’est à dire couper l’accès à des contenus légitimes, est inévitable. Bloquer une IP, c’est automatiquement bloquer tout ce qui est présent sur ce serveur.

Si filtrer un site dans un réseau fermé est facile (par exemple, quand une entreprise interdit Facebook), sa mise en œuvre à l’échelle nationale est très compliquée car Internet est un réseau décentralisé. Son infrastructure n’a pas été conçue pour obliger de gros volumes de trafic à passer par des points précis pour les contrôler. Le faire implique de forts risques d’engorgement et  de ralentissement général. Des tests effectués en Australie ont montré une dégradation jusqu’à 87% du débit d’Internet.

Serait-on précisément en train de prendre la Chine, « ennemie n°1 d’Internet » pour Reporters sans frontières, comme modèle ?