Une initiative du gouvernement iranien, actuellement testée, vise à parfaire encore un peu plus les possibilités de censure d’Internet existantes. Loin du seul cas particulier force est de constater que ce morcellement du net ne saurait s’arrêter et rester sans implications politiques, idéologiques et sécuritaires.

 Après l’armée de censeurs informatiques mise en place par Pékin pour contrôler ce qui se dit, se pense et s’espère sur Internet chinois, il semble que l’éventail des possibilités de censure du net se soit agrandi d’une toute nouvelle possibilité : l’Internet « intranétisé ». Elaborée par le gouvernement iranien il s’agit de la tentative de la part des autorités iraniennes d’essayer de mettre en place un réseau internet explicitement « fermé ». L’information ; rapportée par le webzine anglo-iranien Mianeh (voir http://mianeh.net),  consisterait, selon le site, en « une sorte d’Intranet géant, entièrement indépendant du réseau internet mondial ».  Amorcé en 2005, le projet est pour l’instant testé dans la seule province de Kerman (sud est du pays).

Partant prenante d’une politique de censure visant la population iranienne, le projet n’est pas, pour autant, dénué d’arrières pensées plus géopolitiques, culturelles et idéologiques pouvant présager de l’avenir du net.

 En fonctionnant en presque vase clos cet énorme intranet aurait ; de l’aveu même de Abdolmajid Riyazi, ministre adjoint aux télécommunications, le mérite d’empêcher les Etats Unis d’avoir « accès à nos informations (et de) les contrôler ». Le précédent, s’il marche, ne manquant pas de faire des émules.

Mais loin du simple cas iranien, qui tente une percée dans une direction déjà empruntée, l’intérêt est bien de voir Internet de plus en plus s’imposer comme une entité multiple et divisée, très loin des fantasmes faisant de la toile une sorte de grand réseau totalement unifié en tous ses points.

Ainsi il semble clair qu’à terme cette fracture interne au net entre différents circuits internes et différentes agoras sera l’un des grands enjeux pour ceux cherchant à continuer de faire vivre la très grande utopie universaliste qu’il a pu être à ses débuts.

Le constat, loin d’être nouveau, devrait, pourtant, se faire, à l’avenir, de plus en en plus grave quant à ses possibles implications. Car à coté de la possible censure qu’un tel fait peut impliquer s’ouvre tout le versant criminel ou terroriste de la question.