Faut-il croire Jacques Séguéla quand il affirme qu’au lieu d’inventer une société de communication, nous vivons de plus en plus dans une société de solitude ?

Principal fautif, Internet bien sûr. Selon lui, « la plus grande saloperie jamais inventée par les hommes ». Le film « The Social Network » qui raconte l’histoire de Mark Zuckerberg, l’inventeur de Facebook, pourrait lui donner en partie raison. Ainsi, les relations établies via votre ordinateur seraient plus virtuelles, moins sincères. Un danger pour notre jeunesse !

Ca ne semble pourtant pas être l’avis de certains chercheurs qui se sont penchés sur la question. Dans son livre « les liaisons numériques », Antonio A.Casilli qui enseigne la socio-anthropologie des usages numériques au centre Edgar Morin de l’École des hautes études en sciences sociales (autant dire qu’il sait de quoi il parle, lui), cela dépend surtout des pays, en fonction des cultures nationales. Les Japonais n’appréhendent pas les technologies numériques de la même façon que leurs voisins coréens.

« De la peur de la solitude provoquée par Internet, on en est venu à regarder cette technologie comme un outil pour réduire la solitude » conclut Antonio Caselli.

Les communications numériques ne remplacent pas les relations directes, elles s’y ajoutent. Le sociologue Dominique Cardon, dans son livre « La démocratie Internet » explique comment les technologies numériques permettent à un nouveau type de relations de s’établir.

De 16 millions d’usagers en 1995, la toile compte aujourd’hui 1,8 milliards d’usagers.

Le développement des réseaux sociaux, des blogs et autres outils coopératifs ont profondément changé l’utilisation du Net et permettent à beaucoup plus de monde de s’exprimer. On constate que les gens qui utilisent le plus Internet sont aussi ceux qui vont le plus au cinéma, au théâtre et qui lisent le plus.

Je prends l’exemple de ma fille, blogueuse depuis quelques années et qui s’est fait des amies par le biais de son blog. L’amitié numérique s’est transformée en amitié tout court puisqu’elles se sont rencontrées à plusieurs reprises.

N’en déplaise à Monsieur Séguéla, Internet est un espace de liberté qui sera peut-être le seul contre-pouvoir qui restera aux citoyens pour s’exprimer.

Source Télérama.