La tour Eiffel fut initialement dénommée la « tour de 300 mètres ». Haute de 312 mètres (324 avec son antenne), elle aura peut-être pour rivale un « trou des Halles » de 300 m de profondeur dans la capitale du Mexique. À moins que le projet ne finisse en « pyramide de Ponzi », l’EarthScraper s’enfoncera au cœur de Mexico, offrant 775 000 m² de surface aménageable et un « plancher de verre » de 57 600 m² (240×240 m) couvrant l’emplacement du Zocalo, la Plaza de la Constitucion, le « socle » de la ville.

La tour Eiffel et la pyramide du Louvre risquent d’être éclipsées par l’EarthScraper de la Zocalo Plaza (la place du socle, ou place de la Constitution) de Mexico.
Aux pieds de la cathédrale et du palais national ainsi que de l’immeuble du district fédéral et du musée du Templo Mayor, c’est un trou bien plus gigantesque que celui des anciennes halles de Paris qu’envisage pour Mexico le cabinet d’architecture BNKR.
Cette place d’armes, qui fut dotée d’un piédestal en vue d’y ériger une statue, est généralement dominée par un immense drapeau mexicain. Le drapeau pourrait subsister, retrouvant sa place après de pharaoniques travaux : les conquistadors avaient rasé le palais de Moctezuma Xocoyotzin et le grand temple pour créer cet esplanade, leurs descendants y envisagent un complexe souterrain de 65 étages.

En forme de pyramide inversée, ce complexe s’organise autour d’un puits central permettant la ventilation et la diffusion de la lumière. Les étages supérieurs seraient dévolus à un musée, ces niveaux surmontant ceux réservés au commerces (35 étages), et à moins cent mètres, des espaces d’habitation précéderaient des bureaux (de -140 à -260 m) et des locaux techniques. Tout comme celle des anciennes halles de Paris, une station de métro desservirait cet ensemble central. Des promenades arborées, tous les dix niveaux, rythmeraient la succession des étages.

BNKR avait déjà, beaucoup plus modestement, conçu, à Acapulco, une chapelle en forme de pyramide inversée, mais évoquant un roc érodé à sa base.

Le site de BNKR permet de visualiser les réalisations les plus marquantes de ce cabinet, mais des vues plus détaillées des plans de préfiguration de l’EarthScraper sont disponibles sur, par exemple, Evolo, ou Micellaneous Pics.

La pyramide inversée, cette fois érigée et non souterraine, est une forme insolite en architecture.

Elle est toutefois employée à d’assez rares occasions (ainsi à La Réunion, pour l’hôtel de la région, à Moufia, pour l’hôtel de ville de Tempe, Arizona et dans une moindre mesure celui de Boston, ou encore le musée de Hanoï dû à GMP Architects). Les structures artificielles en sous-sol évoquant une pyramide, ou un cône, sont aussi relativement rares. On peut citer les fameuses crayères rémoises (anciens silos à grains romains). La pyramide inversée la plus connue est celle du Carrousel du Louvre (Pei, Cobb, Freed & Partners). Mais celle du pavillon chinois (évoquant une pagode) de l’exposition universelle de Shanghaï reste aussi un exemple spectaculaire mémorable.

 

La pyramide inversée évoque la formule rosicrucienne v.i.t.r.i.o.l (Visita Interiorem Terrae Rectificandoque / Invenies Occultum Lapidem : visitez l’intérieur de la Terre, vous y trouverez la pierre occulte). On la retrouve parfois dans des créations de haute-couture (exagérant l’ampleur de la carrure aux épaules).
Elle évoque aussi les techniques de rédaction ou celles d’organisation des ressources humaines. Peut-être une idée à creuser pour l’aménagement du Grand Paris ? Ou un pari trop grand et hasardeux pour être réalisé ?

Car le « gratte-terre » pose quelques problèmes de réalisation (géologiques, car la nature du sous-sol varie, et autres, ainsi de l’évacuation des eaux usées, ou d’ordre financier).

S’agirait-il, comme le chante Alain Souchon, d’un jeu de dupes (« voir sous les jupes des filles ») ?

À moins trois cents mètres, pour voir sous celles de jumelles, cela suppose une longue vue de l’esprit…