INSECTES : j’en ai mangé !

 

Critique de cette nouvelle vogue alimentaire qui se présente comme une révolution.

http://darymon.eklablog.com/insectes-j-en-ai-mange-a99188343

 

 

Comparée ni plus ni moins, sur le site de la société MICRONUTRIS, qu’à l’arrivée de la Pomme de la Terre en Europe.

Introduite en grandes pompes dans les médias:

 

{youtube}GrBolnsXfbE{/youtube}

   

Censée, par-dessus le marché, être une solution d’envergure aux défis alimentaire et environnemental :

 

Les insectes comestibles disposent de nombreux atouts :

  • Ils représentent des aliments riches en proteines
  • La production d’insectes a un faible impact environnemental
  • Ils offrent une solution pour nourrir 9 milliards d’individus d’ici 2050
  • Ils sont une alternative aux productions animales traditionnelles
  • Ils constitueraient une source plus sûre de nourriture

 

Cette histoire d’entomophagie s’annonçait sous les meilleurs auspices.

Enthousiasmé par tous ces arguments, a priori très recevables, je me suis laissé tenter par l’achat d’un sachet de grillons.

Dans le mouvement, je n’ai pas pris le temps de lire en détail la fiche du produit.

Grand mal m’en a pris…

 

 

 

 

 

Ce sachet contient environ 40 grillons “Micronutris” nature et déshydratés.

 

Des insectes de qualité

Les grillons sont des grillons comestibles nés et élevés en France par Micronutris, et nourris à partir d’aliments sains et naturels.

 

A déguster selon vos envies

A croquer nature à l’apéritif, vous pouvez (et devez !) également laisser libre cours à votre imagination en les cuisinant : surprenez vos amis ou redécouvrez tout simplement les plats de votre quotidien.

 
Poids de produits mis en oeuvre : 40g – Poids net : 5g

 

 

 

1/ L’EMBALLAGE

Cartonné, peut se fermer hermétiquement. A l’ouverture, l’odeur qui s’en exhale évoque vaguement celle d’une boîte de nourriture pour poissons.

Date limite de consommation : 9 juillet 2013 (sachet reçu fin avril)

En petits caractères : « Vous êtes précurseur d’une nouvelle forme d’alimentation en Europe. Nous vous en remercions. » Chouette.

En tout petits caractères : « SI VOUS ETES ALLERGIQUES AUX FRUITS DE MER ET CRUSTACES VOUS POUVEZ ETRE ALLERGIQUE A CE PRODUIT ». Je suis allergique aux fruits de mer mais n’avais pas vu la mention de prime abord. Heureusement, je n’ai fait aucune réaction.

Mais , le problème, ce n’est pas le packaging…

 

 

2/ LE PRIX

12,5 € le sachet de…40g.

Soit : environ 300 € le kg !!! Entre 10 et 15 fois le prix de la viande ! D’autant que le produit est présenté comme à picorer en apéritif. Je n’ose deviner le prix du plat principal…

Ouvrons donc le précieux sachet : il contient, en tout et pour tout, 40 grillons (ce qui fait 30 centimes le grillon de 1 g). Je suis sûr que, dans n’importe quelle campagne du Sud de la France, je peux en capturer plus en un quart d’heure.

La justification avancée de l’excessivité actuelle du prix est la suivante: «les entreprises comme MICRONUTRIS sont constamment dans la recherche et l’innovation ». Mais « on peut espérer que d’ici à quelques années, le prix s’aligne sur ceux de la viande ou du poisson ». La viande et le poisson étant déjà hors de prix…

Qu’ils vendent leurs produits chers parce que ce sont les débuts, qu’ils ont besoin d’argent pour la R&D, etc….Admettons. Mais, outre que 300 € le kg me paraît malgré cela être un tantinet abusif, il y a pour moi un vrai problème de fond. En effet, comment peut-on concilier la prétention à être une solution d’envergure pour nourrir, demain, l’Occident avec de tels tarifs ?

Sachant que, dans le projet tel qu’il est présenté, il est censé y avoir de nombreux avantages et facilités à l’élevage d’insectes par rapport à aux élevages bovins, porcins, ou caprins.

Sachant, de plus, que l’argument environnemental reste la principale arme de persuasion pour convaincre les gens de se mettre aux insectes. Ce dernier est automatiquement invalidé si un développement industriel n’est pas rendu possible. En l’état, ça me semble mal parti.

Espérer bouleverser les traditions alimentaires multi-séculaires du pays de l’excellence gastronomique avec des arguments aussi bancals, ça laisse un peu sceptique. Déjà que les gens n’ont pas spécialement envie de manger des insectes, si ceux-ci sont en plus hors de portée de leur porte-monnaie, il n’y a pas grand-chose à attendre du secteur. A moins que les insectes ne soient particulièrement bons à consommer, bien sûr ?

 

 

3/ LE GOÛT

Point de vue gustatif, ce n’est ni vraiment bon, ni vraiment mauvais. Insipide est le mot ; à la limite vaguement salé, si l’on cherche à dégager une « saveur ». Les grillons sont de toute façon trop petits et restent trop peu longtemps en bouche pour que l’on puisse s’en aviser plus que ça.

J’ai beaucoup regretté que les grillons n’aient fait l’objet d’aucun enrobage, d’aucune préparation pour les rendre intéressants à manger. Les ailes et les pattes n’avaient même pas été retirées, ce qui est pourtant habituellement fait par les chefs cuisiniers qui proposent des insectes dans leur établissement.

A 300 € le kg, on serait en droit de réclamer un produit un peu plus travaillé…

Le sachet que j’ai reçu (très rapidement, c’est un bon point) aurait à mon avis plus sa place dans une boîte de « Petit Biologiste » pour enfant que sur une table.

 

 

La société MICRONUTRIS, la première en son genre, s’apprête d’ici fin 2013 à commercialiser des produits incluant des nutriments provenant d’insectes, mais en éludant l’insecte en lui-même. Par exemple, des barres protéiques à base de farine de larves.

Pour l’instant, en ce qui me concerne, j’attends encore de voir ce que ça peut donner. Je tiens à laisser une chance à cette idée qui me semblait sympathique, mais qui m’a…laissée sur ma faim.

En l’état, en tous cas, je ne croquerai plus un insecte avant de nombreuses années.

En attendant que la révolution se mette au niveau, je ne sais pas si je résisterai longtemps à me consoler avec quelque chose qui ne coûtera pas beaucoup plus cher qu’un sachet de grillons :

 

 

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6 réflexions sur « INSECTES : j’en ai mangé ! »

  1. Les pauvres mangeront des insectes
    pour que les riches puissent continuer
    à manger de la viande.

  2. Comme dirait Montebourg : mangeons français.
    J’aime votre article, et je vais le faire savoir sur ma page Facebook…
    Super Scritch !!
    La façon de rédiger, et votre spontanéité, me ravissent.

  3. @ SOPHY

    Merci beaucoup !
    🙂 🙂 🙂

    ______

    Petite expérience amusante: ma soeur a essayé de donner des grillons à manger à un chat. Celui-ci, pourtant plutôt glouton, les a reniflés et s’en est aussitôt détourné. Plutôt très mauvais signe.

  4. Alors là, si le chat refuse, c’est un signe !!! (lol).
    Il a du croire au départ que c’était des crevettes surement, mais à l’odeur…. Beurk…

  5. [b]Et si ces insectes s’échappaient du lieu de leurs élevages pour aller se multiplier dans les champs de paysans environnants et ailleurs ? J’espère que pour rentabiliser l’exploitation de ces charmantes bestioles « on » est déjà passé à l’étape suivante grâce au génie génétique pour faire muter sauterelles et scorpions, cafards et blattes avec des tailles dix fois supérieures et une fécondité encore plus prolifique* !
    Dernière remarque, le chikungunya? ça se mange ?
    *pléonasme volontaire.[/b]

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