Lors d'une interview accordée à la station de radio colombienne Caracol, l'ex-otage Luis Eladio Pérez, libéré hier par les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), a livré d'intéressantes informations concernant ce groupe terroriste.

Actuellement, les FARC se déplacent près des frontières de la Colombie avec le Brésil, l'Équateur, le Pérou et le Venezuela. Ce qui leur permet de s'approvisionner dans ces différents pays. Pérez explique qu'il a dormi en Équateur, qu'on lui a donné des bottes fabriquées en Équateur, que les explosifs et les munitions utilisées par les FARC provenaient également de l'Équateur, que les déodorants et les médicaments étaient brésiliens, et que le dentifrice ainsi que le savon étaient vénézuéliens.

L'offensive militaire lancée par le président Uribe a forcé les FARC à se replier vers ces frontières qu'elles franchissent sans problème pour se mettre à l'abri et se réorganiser. Le commerce de la drogue s'est lui aussi déplacé vers ces zones, et le Venezuela serait devenu la porte de sortie de la cocaïne colombienne.

Toujours selon Pérez, information confirmée par des guérilleros déserteurs, la guérilla des FARC a dérivé pour se convertir en une organisation de narcotrafiquants ayant perdu tous ses idéaux. La démotivation est totale chez les FARC, et le groupe terroriste a de plus en plus de difficultés pour renouveler ses effectifs.

De plus, L'attrait du programme de réinsertion civile proposé par le gouvernement colombien est responsable d'un grand nombre de désertion. Les FARC, qui comptaient sur une force armée de 17 000 hommes au début du mandat de l'actuel président colombien, ne disposeraient plus actuellement que d'environ 8 000 combattants, soit moins de la moitié.

Pérez affirme que durant les presque sept années que dura sa captivité il a perçu la crainte que les FARC ressentaient pour le président colombien, et il a souligné que les guérilléros était persuadé que Uribe était capable de tous les éliminer.

Ceci expliquerait l'intransigeance, tant des FARC que du gouvernement colombien, intransigeance qui met hélas en danger la vie des 750 otages détenus par le groupe terroriste. Comment, en effet, amener à négocier des personnes qui n'ont rien à y gagner ?

C'est pour cela que, selon l'ex-otage Luis Eladio Pérez, Ingrid Betancourt, à bout de force et voyant sa fin proche, persiste dans sa demande de 2003 invitant le président Uribe à organiser une opération militaire pour la libérer… puisque, quoi qu'il arrive, comme elle le dit dans la dernière lettre adressée à son mari, la mort serait une douce solution à cet enfer.

Mais Luis Eladio Pérez insiste : « Une opération militaire se solderait par un massacre, celui de tous les otages ! »