Vraiment gonflés, les chefs d’escadrille ! Ce fut maintes, maintes fois tenté, enfin, au moins partiellement, sous la forme d’agences de presse regroupant, en statut associatif, ou Scop (société ouvrière), ou autre, des pigistes. Je ne me souviens plus du moindre survivant, de la moindre rescapée.
Là, c’est encore plus ambitieux, avec un site regroupant 26 éditions régionales.
À priori, pas de rubrique internationale étendue extra-européenne per se (sauf répercussion d’une actu reste du monde en régions, une grosse affaire pouvant être traitée avec une réelle valeur ajoutée, voire en exclusivité), mais cela pourra évoluer. C’est le site Infodujour (.fr), auquel j’adresse mes plus chaleureux encouragements…
Tiens, un nouveau « concurrent » pour Come4News, mais ultra-professionnel, sans doute sans publicité (ou très rarement, très ciblée, peu envahissante). En fait de concurrence, c’est sans doute Rue89, Mediapart (hélas, Bakchich vivote sans vraiment remonter la pente financière), qui vont voir une partie de leur lectorat, non point sans doute « filer » vers Infodujour (.fr), mais se partager au moins leur temps de cerveau disponible (et cumuler les abonnements, ou devoir choisir).
Des trois fondateurs, il n’y a que Thierry Gadault, l’économiste du trio, que ne connais que très vaguement en raison de ses livres d’enquêtes, – dont EADS, la guerre des gangs – ou ses articles. Il a collaboré à La Tribune, au Nouvel Économiste, à L’Expansion.
Inutile de présenter Denis Robert aux fidèles de Come4News (sinon, faire une recherche sur ce nom). Il était venu à Libération que j’avais abandonné (faute de temps, ou d’avoir entretenu les copinages), puis l’a quitté, et l’affaire Clearstream l’avait définitivement voué – du moins le croyait-on – à d’autres activités que le journalisme (peintre, réalisateur, romancier…). Le voilà de retour dans la « presse dure » (agences de presse, quotidiens, hebdos d’infos générales).
Marcel Gay, vous en trouverez aussi trace sur Come4News, mais résumons : c’est un vieux briscard, antan concurrent, quand les grands reporters de L‘Alsace-Le Pays de Franche-Comté, se tiraient la bourre (c’était confraternel, mais au couteau) et ceux de l’Est républicain se disputaient le Territoire de Belfort, la Haute-Saône, puis carrément tout le Doubs (depuis, ce n’est plus seulement l’armistice, mais un même patron, le Crédit mutuel). C’est aussi un auteur régionaliste lorrain (un bouquin sur Jeanne d’Arc) mais essentiellement un spécialiste des affaires judiciaires. Pas seulement du genre chroniqueur (de cours d’appel, d’assises…), mais un grand fait-diversier. De ceux qui rongent l’os jusqu’à la mœlle, comme Denis. Qui ne lâchent rien. Qui sacrifient les congés pour tenir leur sujet, le prolonger et souvent rebondir sur d’autres (quand on dispose d’une gorge profonde, ou qu’on tire un fil, on ne sait trop où cela entraînera et quand cela finira).
Les trois ont fédéré des journalistes (ils ont vraiment eu le choix, entre jeunes en voulant et seniors en redemandant) à travers 26 régions ou territoires. Sans un rond ou presque, rien en fait, que sur leurs noms. Cela ne les empêchera pas de traiter des sujets nationaux (par exemple, celui de la Banque publique d’investissement), interrégionaux, &c.
Pour comprendre la démarche, lisez « IDJ : une photo floue pour un projet clair » (en accès libre). Au passage, Denis, ne parle pas de sténos pour Libé, mais de clavistes, de typotes (fin de l’aparté, mode « note de »). Il y aura 45 journalistes en région, plus neuf à Paris (peut-être dix avec moi, en renfort ponctuel, ou en « fixeur » bénévole). Je ne sais si vous vous rendez compte de la portée de cette ambition… c’est limite faramineux.
Un exemple ? L’excellent DijonScope (.com), pourtant a priori plus viable, n’a pas tenu. Du temps du papier, le quasi doyen de la presse libre d’expression régionale, l’alsacien Uss’m Follik (« issu du peuple ») qui évoquait le phénix renaissant (à éclipses) de ses cendres, a fini par plier. La Cigogne plumée (un truc de pros, un Caneton régional) a bien eu des équivalents, et il en vivote encore à présent sur la Toile (comme Bastamag.net, auquel collabore Martin Brésis, qui rejoint Infodujour), mais même le bénévolat n’a pu assurer sa pérennité. Tout le monde finit chômiste, « mercenaire » (encarté rétribué par un groupe de presse), micro-éditeur, ou reclassé (au mieux, dans la com’ institutionnelle). Ou parfois, comme Laïd Samari, ex-traîne-savate belfortain (salut Laïd, en souvenir de La Trouée, du comité Coluche, d’autres souvenirs amicaux), fait vraiment carrière (grand reporter à L’Est Rep, conseiller presse pour le Crédit mutuel, spin doctor de grands patrons). L’exception quasi-unique confirmant la règle.
Là, des fonds ont pu être levés. Insuffisamment. Donc, le site sera un temps en accès libre, mais il propose des « abonnements » (en fait des dons : pourquoi ? cela revient à une souscription, donc, si Infodujour capote avant un an, les souscripteurs ne sont pas des créanciers qu’il faudrait théoriquement rembourser). Mais cela donne un avant-goût de la formule : Mediapart, c’est neuf euros du mois, Infodujour, ce sera cinq… Peut-être six dans x années… En sus, ces « dons » n’en sont pas tout à fait : « ces sommes – comme les virements – vous seront restituées en cas d’arrêt du projet ». C’est un engagement moral. Perso, dans ce cas, je renonce à ma minuscule créance…
Vous pouvez faire l’essai : ne donnez que cinq euros, pour un mois (avec Paypal, une carte bancaire, dont Discover, Aurore, 4 Étoiles, AmEx ; commentaire libre de publicité). Je viens de le faire avec Paypal, c’est simple. Mais surtout, allez voir, faites un signet : l’accès restera libre jusque autour de septembre, les contenus sont vraiment de qualité.
Le plan d’affaires, c’est « devenir rentable » dès la troisième année (comme pour L’Opinion, que je vois flancher avant, même avec le présumé soutien de Dassault). Je veux ardemment y croire. Pour moi, pour vous, pour eux… Pour que ce pari qui, d’emblée, me semblait fou, soit durable, permette à de jeunes confrères ne chipotant pas leur temps et leur enthousiasme, puissent en vivre assez pour payer loyer, gaz, électricité, &c., et se faire rembourser de maigres notes de frais. Il n’y a pas de raison objective pour que cela ne soit pas viable.
Il y a, il y aura, aussi des vidéos sur le site. Là, c’est une perle : une vidéo musicale (de jazz), un court de Gjon Mili (Siné l’évoque dans sa « mini-zone » à propos de Moustaki). Juste un truc : si vous localisez d’autres types de vidéos (genre entretien), publiez le verbatim. Ce n’est pas que pour Google, mais pour celles et ceux qui lisent plus vite qu’ils n’entendent (et ne pratiquent pas la sténotypie). Pas très envie de me taper « la météo santé du jour » (une rubrique vidéo quotidienne, semble-t-il, infographique surtout ce jour, qui aurait tout aussi bien pu donner lieu à la mise en ligne d’images fixes).
J’espère aussi que les articles pourront être commentés. Je sais, la modération est chronophage et même dispendieuse. En sus, l’intérêt de troller dessous la tribune libre de Fabien Garnier, le cousin de Clément Méric, l’antifa disparu tragiquement, pour dire que, non, foutre la paix à Batskin (« inoffensif et meilleur indic de France »), ou « aux prétendus groupuscules d’extrême-gauche » (ou ultra-gauche, la dernière trouvaille de MAM), cela se conçoit dans le contexte, mais c’est un peu court… En revanche, parfois, dans les commentaires, on trouve des compléments d’info non négligeables.
Un exemple ? Pour le dossier en trois volets (super bien mené) de Jean-Jacques Mandel (rubrique « Europe »), sur « le djihad capitaliste de la confrérie mouride » (les vendeurs à la sauvette peuls-sénégalais), il y a matière à développement. Je ne sais plus si j’ai pris en photo, sur le port de Gênes (Genoa) la lente remontée d’un véhicule de patrouille de carabiniers, avec les mourides remontant leurs étals quasiment derrière son parechoc. Il en est même aux portes (les babs) de la médina de Tanger (tentant de vendre les mêmes contrefaçons que tout le monde, en attente d’un passage vers Ceuta, ou d’une traversée…), sauf que, là, la police s’en balance, ne fait même pas semblant. Cela, c’est anecdotique… Mais un lien vers l’article de Vincent Montel (revue Persée, archives de sociologie des religions, en ligne, publié en 1962), n’aurait pas été superflu.
Bon, j’ai déjà fait trop long. Allez, je vais me plonger dans la BD Dunk (Tome 1, Naissance d’un héros), de Denis Robert et Biancarelli (chez Dargaud).
En tout cas, félicitations au trois papas d’Infodujour.
C’est rigolo que leur bébé naisse alors que Rupert Murdoch (le magnat de la presse anglophone) divorce de Weindi Deng…
Le plus fou : rien que les frais d’avocats de cette rupture assureraient sans doute trois ans de financement d’Infodujour.
Mais, partant de très peu (financièrement), on ne sait jamais, Infodujour sera peut-être l’A350 de la presse en ligne française beaucoup plus vite qu’espéré…
Plus tard, vous vous direz : « j’en étais ».
Le lancement d’Infodujour a été repéré par nul autre que Die Welt (« die Neugründung einer 2006 eingestellten Internetseite »). Eh, c’est un début de reconnaissance européenne… J’en suis sûr, il y en aura d’autres…
Dans le même domaine ou secteur : [i]Arrêt sur Images[/i] et [i]CanardPC[/i] se sont associés pour proposer un abonnement conjoint (d’accès aux deux sites plus réception de [i]CanardPC[/i] par La Poste) pour 89 euros par an (séparément, c’est 118).
[i]CanardPC[/i], comme son titre l’indique, est une sorte de fanzine, non pas portant sur l’IMB-PC compatible, mais les ordinateurs personnels, leurs périphériques, les logiciels, le Ouaibe, &c. Mais surtout orienté jeux vidéos. Drôle de couple, mais pourquoi pas ?
Quelle nouvelles avez vous, Jef ,
au sujet de l’affaire du credit lyonnais ?
pourquoi donc SARKOY a t-il tout de suite
indemnisé Tapy ?
FINANCEMENT OCCULTE DE LA CAMPAGNE ?
[b]L’étrange cadeau à 350 M € de Martine Aubry à GDF Suez[/b]