Infirmières bulgares : Sarko avait bien menti

La visite controversée du colonel Kadhafi en France est l'occasion de revenir sur l'affaire de la libération des infirmières bulgares et sur les mensonges répétés du chef de l'Etat dans ce dossier. Nous les dénoncions le 3 août dernier (lire Sarkozy, Supermenteur 2) et l'ex-émissaire européen en Libye, Marc Pierini, a apporté jeudi dernier de l'eau à notre moulin par ses déclarations sans ambiguité aucune devant la commission d'enquête parlementaire : "L'élément décisif a été la disponibilité de la France à se prêter à une discussion, fondamentale pour le colonel (Mouammar) Kadhafi, sur les armements et le nucléaire", a en effet déclaré celui qui a participé à tout le processus ayant permis la libération le 24 juillet des 5 infirmières bulgares et du médecin palestinien, incarcérés depuis 1999 et condamnés à mort sous l'accusation prétexte absurde d'avoir inoculé le virus du sida à des enfants libyens. […/…]

Rappelons que le Président et son gouvernement ont affirmé à plusieurs reprises qu'il n'y avait eu "aucune" contrepartie à ladite libération, imités la semaine dernière par le conseiller diplomatique de l'Elysée, Jean-David Levitte, qui a également nié devant la même commission que les accords signés lors de la visite de Sarkozy à Tripoli le 25 juillet aient été liés à la libération des ex-otages.

"Paris et Tripoli avaient conclu un mémorandum d'entente sur le nucléaire civil et plusieurs accords de coopération, notamment dans le domaine militaire. Peu après, un contrat de ventes d'armes entre le groupe européen EADS et la Libye était annoncé", résume la dépêche de l'AFP. Mais rien à voir officiellement donc avec la libération des otages. Or que dit encore Pierini ? "Tout au long de cette affaire", Tripoli a demandé l'élargissement du Libyen Abdel Basset Ali al-Megrahi, détenu en Ecosse pour l'attentat de Lockerbie (270 morts en 1988), requête qui "a toujours fait l'objet d'un refus" anglais. "Ne pouvant aboutir, la Libye a regardé ailleurs. Le colonel Kadhafi connaît très bien" le chef du gouvernement italien Romano Prodi, mais "M. Prodi n'a pas de centrale nucléaire à vendre…" Pierini a aussi confirmé avoir signé un accord d'indemnisation de 460 millions de dollars, sarko_kadhafiprécisant que cette somme a été "avancée" par la Libye.

Résumons donc : contre l'évidence, Sarkozy a constamment persisté dans son refus autiste de reconnaître les contreparties offertes à Kadhafi en échange des otages. L'homme clef de l'Union européenne dans le processus des négociations, en officialisant le montant des indemnités à verser à Tripoli et en précisant que l'accord militaro-nucléaire avait été "l'élément décisif", vient de lui asséner un démenti cinglant, devant l'Assemblée nationale qui plus est ! Il nous semble que les médias ont été des plus discrets à ce sujet.

6 réflexions sur « Infirmières bulgares : Sarko avait bien menti »

  1. Je ne veux pas prendre la défense du Président Sarkozy… Cependant, n’a-t-il pas réussi à sauver les infirmières bulgares et le médecin palestinien (devenu bulgare) ?

    Même si cela nous dégoûte quelque part, la real politick nous oblige à faire certaines concessions : cela ne permet-il pas de surveiller plus étroitement un dictateur ou un mégalomane ?

  2. A quel prix ?
    Jusqu’où doit-on aller dans ce genre d’affaire ? 460 millions de dollars un accord de coopération militaire un accord de coopération nucléaire un contrat de ventes d’armes… N’est-ce pas une prime à la prise d’otage ?
    Et revenons s’il-vous-plaît sur le sujet : quoi qu’on pense du coût de la libération, Sarkozy a nié toute contrepartie, il a donc menti !

  3. @ beef
    beef, que la France ait payé une rançon, ce n’est pas le problème : en effet, elle a réussi à faire libérer ces infirmières et ce médecin bulgares… Point barre !

    De toutes les manières, il est logique que le Gouvernement n’avoue pas, s’il l’a réellement fait, avoir payé une rançon : ne pas avouer ce genre de chose contribue en fait à ne pas dévoiler certaines faiblesses devant des états ou groupes terroristes !

  4. nous avons actuellement le meme cas de figure avec ingrid bétancourt ,jusqu’ou doit aller pour sauver des innocents de la fureur de leur tortionnaires. doit on se contenter de rond de jambes ou doit on se donner les moyens d’agir avec les moyens que nous procure la démocratie pour moi le choix est vite fait
    je ferais une heure sup de plus .

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