La phrase du jour : « Nicolas Sarkozy, à l’inverse, est plutôt bien noté pour le moment. Mais à terme, les citoyens se révolteront contre cette dictature de fait. ». De qui ?  Du matois Jean-Pierre Jouyet, président de l’Autorité des marchés financiers, ex-secrétaire d’État aux Affaires européennes, pour le Journal du dimanche (JDD). Si Moody’s, Standard & Poor’s ou une autre agence dégrade la note de la France, vous savez ce qu’il vous reste à faire : voter Sarkozy pour leur dire « merde ». Et là, alors que Moody’s vient de faire passer la note de la Banca Popolare di Malino de A3 à Baa3 pour la dette à long terme, il faudra que les Italiens votent pour le successeur de Berlusconi ?

Bon, restons sérieux et ne faisons pas dire à un ancien ministre de Fillon, ami de François Hollande depuis l’Éna, ce qu’il n’a pas dit. Président de l’Institut Aspen France, cercle de réflexion très atlantiste, qui organise des débats autour d’une bonne table avec Nicolas Sarkozy ou Michel Pébereau (de BNP Paribas), Jouyet préside aussi l’Autorité des marchés financiers qui a remplacé le Conseil des marchés financiers (CMF), la Cob (Commission des opérations de bourse), le Conseil de discipline de la gestion financière (CDGF). On ne sait si l’Alsace sera demain moins dispendieuse que les structures intercommunales, plus coûteuses que ce qu’elles remplaçaient, et si l’AMF nous revient moins cher que les structures qu’elle remplace, mais, bon, cette Autorité est censée veiller à la protection des épargnants (ceux de Natixis, d’Eurotunnel, par exemple).

 

Jouyet a en tout cas obtenu en 2010 que les ressources de l’AMF soient augmentées. Ce qui permet par exemple de financer des études, comme sur la culture financière des Français, qui révèle que, par exemple, nous nourririons « une certaine aversion à l’endettement ou au crédit. ». Au passage, on relève que « seuls 8 % des Français déclarent des retards de paiement de leur loyer ou de leur mensualité d’emprunt, contre 23 % des Grecs. ». Et l’exemple vient de haut : pas un seul retard de paiement en plus de quatre ans pour Nicolas Sarkozy qui règle rubis sur l’ongle et en avance son loyer pour l’Élysée, la résidence de La Lanterne, le fort de Brégançon, &c.

 

Or donc, le JDD a donné la parole à Jean-Pierre Jouyet, dont les propos convenus ont au moins l’avantage d’énoncer clairement qu’il y a « une bataille d’influence entre le dollar et l’euro. ».
Le Figaro a fait monter, lui, Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France, en ligne. Résumé, pas de panique, « lorsque les ménages verront que leurs craintes sont infondées, ils recommenceront à consommer. ». D’ailleurs, l’offre de prêts « restera dynamique ». Dormez, braves gens.

 

On vit quand même des moments rigolos dans ce qui n’est plus une « drôle de guerre », mais une suite d’offensive des banques, y compris européennes, contre la BCE et l’euro, de fait. Car à ce train, elles vont pousser à faire tourner la planche à billets. Ainsi, voilà Cameron et Blair qui invitent l’Europe à réagir pour défendre l’euro. Ben, puisque la livre refait figure de valeur refuge, qu’ils apportent donc la livre dans l’euro. Sauf que l’économie britannique, mis à part les profits financiers de la City, ne va pas très fort.

On peut faire dire un peu n’importe quoi à n’importe qui, y compris à Jouyet qui, si Hollande passait, retrouverait certainement un poste s’il n’était pas conservé à celui qu’il détient. En fait, la récession est mondiale, ou presque (certains émergents se défendent encore), et touche Canada et États-Unis, et peut-être même la Chine.

Là, Moody’s, au lieu de baisser carrément la note de l’Italie, a préféré abaisser les notes des dettes à court et long terme de la BPM (Banca Popolare di Milano). En fait, cela revient à faire baisser la note italienne si la BPM doit se tourner vers la BCE pour faire face.

Certains prévisionnistes estiment qu’en cas de zone euro « à deux vitesses », la valeur de l’euro chutera carrément contre le dollar. En cas de mutualisation des émissions des dettes souveraines, ce à quoi l’Allemagne est réticente, la chute pourrait être plus limitée. Mais allez savoir. Dans les deux cas, comment réagiront vraiment les marchés mondiaux ?

Le hic, c’est que ces solutions conventionnelles sont toutes deux aventureuses. Les banques se méfient les unes des autres, ce qui en dit long sur la transparence des règles comptables. Les jeux d’écritures comptables abondent.

Du côté des États, c’est un peu la même chose. La Belgique est dotée de nouveau d’un gouvernement, mais les partis représentés vont repousser l’adoption du budget, histoire de calmer les marchés et de révéler un déficit qui ferait sourciller la Commission européenne. Comme par hasard, pour calmer les marchés, la solution préconisée est comme d’habitude de mettre à contribution d’abord les plus faibles et la classe moyenne.
Mais, bon, comme nous le dit Noyer, lorsque le consommateur verra que ses craintes sont infondées, il consommera de nouveau. Il suffit d’attendre, quoi…