Il y a quelques années, mon épouse a reçu un appel téléphonique d'une personne désirant lui acheter un petit terrain de famille dont elle était copropriétaire.

L'appelant était un agriculteur à qui le père de mon épouse avait longtemps auparavant prêté gratuitement ce terrain qu'il exploitait depuis sans payer le moindre fermage ni offrir le moindre cadeau.

Cet homme se proposait gentillement d'acheter pour la somme de 4000 frs ce petit lopin de terre d'une dizaine d'ares mais de simplement 10 mètres de largeur. Il souhaitait acheter le terrain car son fils souhaitait  bâtir une maison. En fait il souhaitait quasiment rendre service aux propriétaires en les débarrassant du terrain.

Lui même possédait le terrain voisin s'agissant selon lui d'un terrain de petite largeur. En réunissant les deux, cela pourrait faire un beau terrain constructible.

Mon épouse lui a indiqué qu'elle allait y réfléchir et nous n'y avons plus pensé.

Sur conseil d'un ami, nous avons toutefois envoyé à cet homme ainsi qu'à son notaire un courrier en recommandé (avec accusé de réception) lui indiquant que peu de temps avant son décès mon beau père s'était rendu sur ce terrain pour y faire de l'entretien. Ce n'était qu'un moyen d'éviter qu'il se prévale d'une loi qui prévoit que lorsque quelqu'un entretient un terrain pendant plus de trente ans, il peut demander la propriété sans avoir à l'acheter.

Par la suite, nous avons reçu un appel de l'épouse du notaire de l'acheteur. Cette personne employée de l'étude nous a traité avec un certain mépris.

Elle nous a demandé pourquoi nous ne l'avions pas encore contactée pour vendre ce petit bout de terrain perdu et sans valeur sur lequel il n'y avait que des friches.  Elle a déclaré que le terrain ne valait rien car il n'y avait rien dans ce village perdu. Que le jour où il y aurait de nouvelles constructions n'était pas encore arrivé. 

Mon épouse lui  a fait remarquer que le village perdu se trouvait à une quinzaine de kilomètres de Metz et qu'une superbe route passait à proximité. Elle lui a d'autre part rappelé que selon ses souvenirs le terrain se trouvait juste à la sortie du village contre l'ancienne maison de ses grands parents.

Très surprise, l'épouse du notaire a indiqué à ma moitié qu'elle se rappelait bien du terrain alors qu'elle n'y était pas allée depuis une vingtaine d'années.

Quelques jours plus tard, ma femme a reçu un nouvel appel de l'agriculteur qui souhaitait acquérir le terrain. Il a proposé une somme égale au double de sa première offre à mon épouse soit 8000 frs indiquant qu'elle n'avait pas compris lors du premier appel qu'il proposait 4000 frs en liquide et 4000 frs devant notaire.

Mon épouse lui a déclaré qu'elle lui donnerait réponse après s'être renseignée.

Nous sommes voir le terrain et nous nous sommes rendus compte que le terrain était inclus dans un parc. Ce n'était pas un friche perdu mais un beau terrain bien propre qui se trouvait juste après le panneau de fin d'agglomération.

Nous avons contacté le propriétaire de la maison voisine qui nous a appris que la construction d'un lotissement était prévue sur le terrain et que l'acheteur possédait plus d'un hectare d'un seul tenant et non un are comme il l'avait indiqué.

Nous avons donc vendu le terrain au lotisseur qui nous a donné la somme de 100 000 euros. Même en n'étant que copropriétaires, nous avons reçu une somme convenable.

Nous avons également appris que l'ensemble du terrain sur lequel ce lotissement a été bâti n'aurait jamais du être compris dans le plan d'occupation des sols de la commune mais comme l'agriculteur était adjoint au maire, il avait réussi à inclure son terrain et ensuite à le vendre 1 million de francs.