Qui se souvient de cette chanson de Léo Ferré, ulcéré après les évènements de mai 68 de voir que les élections qui ont suivi ont accouché du parlement le plus à droite de la 5ème république ? Eh oui, c’est le jeu de la démocratie et cette chanson peut s’appliquer au scrutin qui vient d’avoir lieu en Tunisie.

Depuis dimanche, on entend des acteurs du printemps arabe qui se disent floués par cette élection. C’est d’ailleurs frappant de voir que les médias français donnent surtout la parole à ces déçus qui vont jusqu’à dire qu’on leur a volé leur révolution. Beaucoup de femmes se sont exprimées pour manifester leurs inquiétudes. Est-ce notre rôle d’émettre un jugement sur une élection qui semble s’être passé normalement ? Faut-il s’étonner que ce soit un parti islamiste qui l’emporte, c’était le seul qui était structuré face à une myriade de partis sortis de nulle part.

 Il faut se rendre à l’évidence, le parti Ennahda va l’emporter nettement mais il n’aura pas la majorité absolue. Il devra donc composer avec d’autres partis. Ennahda veut parait-il s’inspirer de l’AKP au pouvoir en Turquie, ce qui serait un moindre mal. Cette assemblée est élue dans le but d’écrire une constitution, pour l’instant, il y aura donc un gouvernement provisoire. Il est possible que ce gouvernement provisoire soit composé de technocrates pour assurer les affaires courantes. La priorité aujourd’hui, c’est de remettre l’économie en marche. La Tunisie doit de nouveau donner confiance aux touristes indispensables car le pays ne dispose pas comme ses voisins de pétrole. C’est le moment pour les jeunes diplômés de créer des entreprises et l’on sait que parmi tous ces diplômés il y a beaucoup de femmes. La Tunisie fait face à son destin et les mois qui viennent sont importants car les yeux du monde entier sont braqués sur eux. Notre révolution ne s’est pas faite en un jour !