Derrière les étoiles reposent les âmes de ceux qui s’abreuvèrent du sang de la Terre

Ce sont ceux qui se crurent plus grands que la chair et les os des bêtes qu’ils incarnaient

Ils furent ceux qui firent de grands rêves

Ils furent ceux qui érigèrent d’imposants monuments et des tours élevées avec du sable et des roches, qui éraflaient les nuages

Ils crurent qu’ils pourraient voler au-delà du ciel, mais leurs corps s’embrasèrent

Et leurs cendres furent rendues à la Terre

Elle prie pour les morts, elle pleure pour les vivants

Elle est la prisonnière des statues

De ceux qui furent changés en pierre

Maintenant, les hautes tours se sont toutes effondrées, leurs monuments sont devenus leurs tombes

Ils sont enfermés et recouverts par un voile de dunes

Vois, c’est un monde où tous les grands rêves sont morts

 

La voix de la sagesse, les cheveux blancs parlent: 

"Où étiez-vous, quand le néant dans un râle 

Expirait, pour faire naitre l’immensité

Dans votre vanité, vous flattez votre unicité

Vous querellez, blessez, disputez,

Argumentez, refusez, condamnez.

Le temps contemple la vie qui fuit

Un œil sur son horloge, il est ponctuel

L’homme court après ces démons de minuit

Ils essaient de conjurer leur destinée mortelle 

En érigeant des monuments

Ou par l’offrande du sang…"

Les rides ajoutèrent:" fils,

Vois, mon front couvert de sillons

Qui s’étirent sous la mémoire et leurs tensions 

C’est une mer de pulsions, l’émotion déchainée

De ma jeunesse d’illusions, d’action effrénée

J’ai bu goulûment à la source de la vie

J’ai bu goulûment à la source de l’envie

Maintenant, je n’ai plus que mes souvenirs

Un manteau d’orages me ballotant vers l’avenir" 

 

Savourez chaque bouffée d’air respiré

Chérissez le moment où vous transpirez

Créez, discutez, reproduisez, transformez

Le bon en meilleur, et le mal en bien

Et laissez aux aigris qui à l’humilité

Ont préféré le luxe de l’affabilité

Le soin de toujours polémiquer.