Deuxième opus relatif à la crise grecque, qui secoue l’espace européen. En partant d’un simple constat, mis à part toutes les condamnations, que l’on peut faire vis – à – vis du manque de rigueur (c’est un doux euphémisme) , la Grèce a péché par orgueil.
Ainsi, lorsqu’on lit (avec un peu de retard, je vous l’accorde) que ces dernières années, les économistes grecs tablaient sur des croissances mirobolantes, voire à deux chiffres, on a du mal à croire, que les recettes touristiques puissent expliquer à elles seules cet optimisme forcené.
Un autre pays, que je ne citerai qu’à la fin de l’article, connait aussi ce genre de mésaventure, et sans remonter dans le passé, prenons donc l’exercice budgétaire 2011. Ce pays (mystère), contrairement à nous, démarre son année budgétaire (similaire à l’année comptable de son entreprise) au mois d’avril. Et, la semaine passée, c pays a rendu officiel et public le résultat de ces deux premiers mois d’exercice (Avril et Mai, donc), révélant une différence abyssale avec ce qui était prévu.
Comment la Grèce et ce pays ont pu baser leur économie sur de telles erreurs ? Tout le monde comprend, que si on prévoit de dépenser 100 euros, on a prévu d’en recueillir 100 également. Si les recettes ne sont pas au rendez – vous, c’est le déficit, qui se creuse. Certes, les revenus d’un Etat ne correspondent en rien aux revenus d’un ménage ou d’un foyer, mais tout de même.
Dans les deux cas, il s’agit d’une méconnaissance flagrante du contexte économique mondial. Dans une économie mondialisée, une erreur d’estimation peut se révéler très couteux pour le pays. Mais, il y a encore plus grave. Prenez le cas de la Grèce, par exemple (on reviendra au pays mystère ultérieurement), lorsque les deux premiers mois de l’année, les recettes ne sont pas au rendez- vous, la Grèce est alors obligée d’emprunter, et les intérêts commencent à se calculer aussitôt. Ce qui veut dire, que mathématiquement les dépenses budgétées seront augmentées des seuls intérêts de cet emprunt. Sur le papier, le budget n’est déjà plus équilibré, d’autant plus que certains retards de paiement occasionnent aussi des pénalités assez lourdes.
On comprend mieux dans cette situation, que l’état des finances est difficilement récupérable, puisque au fil des mois, cette différence ne cessera de s’accroitre.
Nous connaissons tous l’état de la Grèce, mais de quel pays mystère s’agit-il aujourd’hui ? ….
C’est le KOWEIT. Membre de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) , le KOWEIT a donc rendu officiel les résultats des deux premiers mois de l’année. Ainsi, les économistes du pays estimaient que le pays réussirait à vendre 2.2 millions de baril de pétrole par jour, en évaluant le prix moyen à 60 dollars. Quand on sait que les recettes pétrolières représentent 93 % des recettes du pays, on comprend que ces prévisions doivent être établies avec soin.
Or, au cours de ces deux mois, le prix moyen du baril a été de 110 dollars (+ 83 % par rapport aux estimations) pour 2.8 millions de barils par jour (+ 27 % par rapport aux prévisions). Résultat, le pays a engrangé en recettes budgétaires 17.3 milliards de dollars (soit 12.6 milliards d’euros), soit 35 % du total des recettes estimées de l’année complète.
Il reste à savoir, ce que le Koweit décidera pour réguler le problème d’excédent, qu’il connait. Va- t –il , comme le Qatar se lancer dans la construction de stades de football climatisé ? A moins, qu’il ne décide d’appliquer un slogan, jamais mis en œuvre : travailler moins pour gagner plus ? Ou alors, il décidera d’acheter les sites archéologiques grecs ? Toujours est – il, que la situation sera intenable, car à ce rythme, le Koweït va nous montrer que des progressions annuelles à 3 chiffres sont encore réalisables.
Très bon article, qui met bien en perspective les enjeux géostratégiques de la crise! Merci!
Cdt