malgré les manifestations, grèves et l’opinion des Français.

Les syndicats en tête des manifestations apparaissent être dans une impasse, François Fillon déclarant nous sommes au bout de ce qui est possible, même si, comme c’est annoncé, la manifestation du mardi 12 octobre tient toutes les espérances avec l’appui des lycéens. Il y aurait à mi journée 400 lycées bloqués ou mobilisés sur 4.300 selon l’Union Nationale Lycéenne. 3.500.000 personnes auraient défilées selon les syndicats, 1.230.000 selon le ministère de l’intérieur, heureusement que le ridicule en tue pas. C’est le début de quelque chose de plus grave qui s’annonce, sachant que tout mouvement étudiant est dangereux. Presque un Mai 68 à l’envers ?  Les Français, ceux qui manifestent ainsi que ceux qui ne le peuvent pas mais néanmoins solidaires sont à 69% d’après les sondages pour une révision du dossier des retraites, en seront-ils pour leurs frais ? Sarkozy ne lâchera pas, il ne le peut pas. La raison est simple, ce sont les agences de notation qui sont plus influentes que ces millions de Français, nous empruntons tous les jours. La phrase de François Fillon en dit bien plus que ce qu’elle veut signifier, le gouvernement est aussi dans une impasse, le mécontentement est grandissant, pris dans un étau entre les agences de notation et le peuple. Lâcher, alors que le dossier va être bouclé au Sénat, et qui vient de voter le report de l’âge de 65 à 67 ans après celui du report de 60 à 62 ans, serait pour Sarkozy, outre la risée internationale, mais aussi la fin de sa crédibilité avec la reconnaissance que sa politique dogmatique depuis 2007, cause de l’état austère de la France, était une erreur. Il ne s’exposera pas à une mauvaise notation des agences qui ferait que nous rejoindrions l’Espagne, l’Italie l’Irlande et les autres. Impossible pour cet homme de reconnaître l’erreur de sa politique, c’est un jusqu’au boutiste à l’extrême sachant parfaitement que les Français sont fatigués, n’a-t-il pas tout fait pour cela ? Favoriser la misère par ses réformes injustes n’est-il pas le meilleur moyen de maîtriser les Français en cassant leur énergie, beaucoup sont résignés, et ne se soignent même plus.

Les syndicats ont beau avancer que l’intersyndicale ne vote pas la grève et que ce sont les assemblées qui décident, certes, mais, ils portent néanmoins une large responsabilité ! Peuvent-ils faire autrement que de défendre la condition sociale des salariés ? Non, c’est leur vocation, et cela est d’autant plus vrai que la syndicalisation des Français est ridicule eu égard, par exemple, à celle de l’Allemagne. De plus, n’ont-ils pas raison lorsqu’ils déclarent que l’argument de la démographie est un faux argument dans la situation actuelle de notre pays quand on sait que cette réforme devra être revue en 2018 ? Nous vivons plus âgés c’est incontestable mais cette réforme répond-t-elle à ce problème ? Non, elle vise à réduire la charge sur la Nation de la part des pensions, il n’y a qu’à se reporter à mon article «Assurance maladie, retraite et niches sociales» qui montre d’après le rapport de la Cour des comptes que le déficit du régime vieillesse en 2009 est de 7,2 milliards d’euros. Elle vise aussi à ce que les salariés se rapportent sur les assurances privées. Le tableau ci dessous donne l’évolution du coût des retraites en fonction du PIB.

On voit aisément que jusqu’en 2020 il n’y a pas de désastre et que le coût sera maximal en 2035 pour ensuite décroître. Ce graphique de source Eurostat que l’on ne peut accuser de partialité, tient bien entendu compte de l’évolution démographique donc de l’augmentation de la durée de vie. Les arguments du gouvernement masquent la réalité de la situation de la France.

La position de la CFDT est très pragmatique, elle veut discuter de l’ensemble du dossier comme la CGT. Or, le gouvernement veut aller vite, profitant de sa majorité aux deux Assemblées pour passer malgré la protestation sociale. La question est, pourquoi ne veut-il pas reprendre le dossier s’il à raison dans la pertinence de la forme, de cette réforme, qu’il le démontre. Il ne doit avoir aucune inquiétude de persuader les syndicats qui comprendront. En fait, il sent bien qu’il est fragile quand il entend que les pensions seront plus faibles, ce qui est une évidence, que le problème des séniors n’est pas réglé, quand l’augmentation à 62 ans est lourd pour les carrières longues, quand la pénibilité est transformée en perte d’autonomie, quand pourquoi faire travailler plus longtemps quand il n’y a pas de travail et que nos jeunes sont sans emploi, quand, pour les femmes le report à 67 ans constitue une injustice eu égard à leur vie sociale, malgré que le Sénat prévoie un amendement pour celles qui ont élevé trois enfants et les autres rien, c’est honteux. Cela couterait trop cher, c’est donc bien une question de financement, c’est à dire la remise en cause de la politique de classe d’allègements des impôts qui prive l’État des ressources nécessaires au pays. Toutes les difficultés en sont la conséquence, et quand François Fillon déclare «que nous sommes au bout de ce qui est possible», c’est vrai dans le cadre de la politique menée, mais pas dans une autre politique, nuance !  

Certes, tout n’est pas terminé au Sénat, il reste encore des amendements mais aucune illusion n’est à se faire la majorité restera soudée, et elle votera d’un bloc comme elle vient de le faire pour le passage à 67 ans par 174 voix contre 169. Sarkozy a la majorité constitutionnelle, il est soutenu par son parti majoritaire avec les centristes aux deux Assemblées, il serait inconcevable qu’il lâche dans ces conditions. En outre, il espère que les grèves naissantes ne seront que des actions passagères et si cela ne serait pas le cas, lâchera-t-il sur ce dossier, je ne le pense pas. Il préfèrera l’affrontement sachant que, dans ce cas, cette action sera rejetée par une majorité de Français, ce qui le mettra en position de force pour être réélu en 2012. L’expérience nous à montré que les grandes grèves n’ont jamais profité aux syndicats et à la gauche outre des avancées sociales. Par exemple, Mai 68 à vu l’écroulement de la gauche aux élections qui ont suivi les accords de Grenelle ou François Mitterrand a sauvé son siège de député de justesse. La réaction devant le désordre a fait que la France profonde celle dominée par l’église et les privilèges réagit toujours à droite comme si la droite était le salut ! Devant le succès de la manifestation du 12/10/10 on sent venir, s’il n’y a pas d’ouverture, un mouvement plus radical et Sarkozy prenant le risque de l’usure engage le pays dans une révolte dont on ne sait ce qu’elle peut devenir.

Les sénateurs présents à la manifestation, c’est rare.

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