Depuis leur naissance, les enfants ont besoin de paroles pour grandir harmonieusement. Ces mots, extrêmement importants, leur permettent de comprendre le monde et de lui donner du sens. Si on ne parle pas à un petit comme à un adulte, il est primordial de dire la vérité aux enfants.

Beaucoup d’adultes sont tentés de dissimuler, modifier ou adoucir la réalité face à leurs enfants. Souvent, cette attitude part d’une intention bienveillante. En effet, l’enfance paraît une période vulnérable durant laquelle les parents souhaitent épargner la dureté du monde des grands à leur progéniture. Par crainte de faire souffrir, de traumatiser ou de nuire à l’innocence, ils mentent.

 

En réalité, un enfant peut tout entendre et tout comprendre pour peu qu’on utilise un langage à sa portée. Le mensonge ou la dissimulation, qui s’apparentent à des non-dits, sont beaucoup plus néfastes à son développement psychologique qu’une vérité, même cruelle. Dans son livre "les mots", Françoise Dolto, très impliquée dans la cause des enfants, explique comment s’adresser à eux.

 

En effet, un enfant même très jeune perçoit instinctivement qu’on lui cache une information. A travers le langage non-verbal, les sous-entendus, les regards même que les adultes échangent, il devine un mystère dérangeant. Comme le montre ce témoignage d’un soignant en pédo-psychiatrie, le mensonge peut s’avérer extrêmement destructeur. Cet infirmier en centre médico psychologique raconte qu’un de ses petits patients, à qui la mère avait raconté que son père, décédé accidentellement, était "parti" en voyage, avait passé des nuits entières à la fenêtre de sa chambre à attendre son retour… Il a fallu que la mort de son père lui soit enfin signifiée pour qu’il recommence à dormir la nuit.

 

Il faut bien-sûr voir derrière ces non-dits une  souffrance et une culpabilité extrêmes face au chagrin des  enfants. Cependant, dire la vérité revient à les considérer comme des personnes. C’est un acte d’amour et de respect. Les enfants ont le droit de vivre les émotions liées à un deuil, une séparation ou un emprisonnement par exemple. Que ce soit de la douleur, de la honte ou de la haine, tous ces sentiments doivent s’exprimer.

 

La vérité dite aux enfants  s’entoure de douceur, de mots simples. Les parents ne doivent pas hésiter à montrer leurs propres sentiments. Lorsque les enfants se posent des questions sur la sexualité par exemple et qu’il est difficile pour un adulte d’aborder ce thème, il peut déléguer cette tâche à une autre personne, moins proche. C’est une très bonne façon d’éviter de tomber dans le piège de la cigogne, du chou ou de la rose… Il faut se souvenir qu’un petit est un futur adulte, qui, s’il découvre plus tard qu’on lui a caché une vérité, peut en garder une profonde rancune.